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Ouvrage sur la Guerre 14-18 : lumière sur les ‘’tirailleurs religieux’’ et les figures oubliées

Auteur: Senewebnews

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Un ouvrage collectif sur les tirailleurs sénégalais a permis de mettre la lumière sur les figures oubliées mais aussi la contribution des chefs religieux à la grande guerre de 14-18. Il a pour titre ‘’Autour des Tirailleurs sénégalais de 14-18. Mémoire locale, Mémoire globale’’. La cérémonie de dédicace a eu lieu hier mercredi à l’Ucad, dans les locaux de Ethos en présence des généraux Mansour Seck et Babacar Faye. Le livre, dirigé par le Pr Mor Ndao, historien, est le fruit d’une collaboration entre une équipe de chercheurs sénégalais et une équipe française.
L’ouvrage s’est beaucoup intéressé à ceux que les auteurs appellent les ‘’tirailleurs religieux’’. « Qu'est-ce qui peut pousser un chef religieux à enrôler leur propre fils dans l'armée coloniale ? Quel était le but ? Quel était l'objectif de cette démarche ? On a essayé de documenter à travers, disons, des témoignages, des enquêtes de terrain, recouper aussi avec des documents écrits pour reconstruire et réécrire cette histoire souvent invisibilisée », explique Pr Mor Ndao.
El Hadji Malick Sy et Cheikh Ibra Fall sont des chefs religieux qui ont chacun donné son fils aîné. Sidy Moukhtar Kounta, fils de Cheikh Bou Kounta a aussi été envoyé à la guerre. Ce dernier est revenu sain et sauf alors que Ahmed Sy et Fallou Fall y sont restés. Le livre jette une lumière sur cette partie de la guerre.
L’ouvrage s’est aussi intéressé à d’autres figures telles que Dioumacor Faye et Babou Diop, invisibilisées par le récit officiel de la France.
A propos du contexte de production de l’ouvrage, il est parti d’un constat fait par des maires de France, en Picardie. Ils se sont rendu compte que le centenaire de la guerre a été célébré avec un black out sur les tirailleurs alors que des archives en Picardie retracent leur rôle dans la guerre, notamment les journaux de marche des opérations (JMO) et des documents familiaux.
Une soixantaine de maires de cette localité a donc décidé de réinterroger et de réécrire l’histoire de la guerre en mettant la lumière sur le rôle des tirailleurs. C’est ainsi que la collaboration a débuté entre une équipe sénégalaise et une partie française, avec l'université d'Amiens et la société historique de Soissons. Ce qui a permis de croiser les regards, sachant que les chercheurs sénégalais ont aussi pris en compte les spécificités locales, notamment les sources orales.
Il s’est alors avéré que les deux équipes n’avaient pas toujours le même regard à propos de certains acteurs et certains évènements. « Il y a certains épisodes, par exemple le retour des tirailleurs, qui sont décrits très différemment, selon les sources françaises et sénégalaises. Ils ont un regard à partir des sources documentées qui ne peut pas épouser le narratif et le regard des Sénégalais », tempère Pr Mor Ndao.
L’ancien gouverneur Van Vollenhoven est l’exemple parfait de cette différence de lecture. « Pour eux, Van Vollenhoven a été un héros qui est tombé au combat. Mais pour nous, après les documentations, les recherches en archives, on s’est focalisé sur le fait que Van Vollenhoven est le partisan du désarmement de la Casamance, le désarmement de la Vallée du Fleuve Sénégal avec un lot, disons, de répression sans précédent ».
Mais c’est ça aussi l’intérêt de l’histoire, une discipline poly-sources, tempère l’historien.
Auteur: Senewebnews

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