Abdi Sèye, fils de Me Babacar Sèye, salue déjà la volonté exprimée par des députés d’abroger la «loi Ezzan» qui étouffe le dossier qui concerne directement leur défunt père, juge constitutionnel à l’époque. Selon lui, cette affaire doit être tirée au clair.
Réplique dictée par la circonstance politique ou expression d’une volonté de matérialiser définitivement la fin de l’impunité ? Des députés de la majoritaire ont partagé, mercredi, la nécessité d’abroger la «loi Ezzan», (du nom du défunt député libéral Ibrahima Isidore Ezzan) votée le 7 janvier 2005. Elle amnistie tous les crimes et délits politiques de 1983 à 2004. Abdi Sèye, l’un des fils du défunt membre du Conseil constitutionnel approuve : «C’est une Assemblée nationale qui avait décidé de voter en toute souveraineté la Loi Ezzan pour amnistier les des crimes politiques. Si une autre Assemblée nationale décide de revenir sur cette loi, nous ne pouvons que nous en réjouir». Il estime qu’une telle initiative «permettra de connaître la vérité» sur l’assassinat, le 15 mai 1993, de celui qui était vice-président du Conseil constitutionnel. Le Peuple sénégalais, dit-il, ne sait pas encore ce qui s’est passé sur l’affaire Me Babacar Sèye. «Par conséquent, nous ne pouvons que saluer l’initiative. La «loi Ezzan» nous a giflés. Nous sommes prêts pour la réouverture du dossier. Elle a été votée pour protéger des gens», dénonce-t-il.
Abdi Sèye garde encore à l’esprit, en 2005, la détermination des Libéraux et de ses alliés à voter cette proposition de loi d’amnistie. «A l’époque, j’avais écrit au président du groupe parlementaire libéral, Doudou Wade, pour lui dire que l’Assemblée nationale vient d’adopter (en commission) une proposition de loi que nous contestons. Il avait lu la lettre à haute voix devant les députés», rappelle M. Sèye.
«Que l’Assemblée prenne ses responsabilités !»
Quant aux premiers pas à poser pour l’abrogation de ce texte, ce fils de Me Sèye les laisse aux Parlementaires. «Nous n’avons pas besoin d’adresser un courrier pour dire notre avis. Encore une fois, l’initiative doit venir de l’Assemblée nationale. Si elle vient nous demander notre avis sur la question, nous le donnerons. Nous sommes des citoyens comme tout le monde. Que l’Assemblée nationale prenne donc ses responsabilités !», invite-t-il. Chez d’autres membres de la famille, on joue la prudence. S’inscrivant dans la dynamique de Abdou Mbow et tant d’autres députés de la majorité, le président du groupe parlementaire Bennoo bokk yaakaar, Moustapha Diakhaté, a préconisé, à l’occasion de l’examen de la motion de censure de l’opposition, la réouverture du dossier et l’abrogation de la «loi Ezzan». «Pendant douze ans, les Libéraux ont utilisé l’Assemblée nationale pour blanchir des meurtriers politiques. Cela est inadmissible ! Puisque nous avons la majorité, nous avons les moyens d’abroger la «loi Ezzan» pour que le commanditaire de ce meurtre soit connu. Me Babacar Sèye le mérite», s’explique-t-il. Le député de s’émouvoir : «Les enfants avaient besoin de leur père. La «loi Ezzan» montre que le commanditaire de ce meurtre ne peut être que Abdoulaye Wade».
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