Nommé, le 6 septembre dernier, à la tête du ministère de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, Amadou Bâ vient d’être officiellement installé dans ses nouvelles fonctions. Le député, qui fait ses premiers pas dans le gouvernement Sonko 2, est un juriste de formation et un débatteur hors pair. Homme de confiance du président de la République, Amadou Ba aura désormais la charge de conduire la politique culturelle et touristique du gouvernement.

« La culture est importante. Beaucoup de pays se sont développés grâce à leur industrie créative. La culture, comme disait l’ancien Président de la République, Léopold Sédar Senghor, est au début et à la fin de tout développement. Nous pensons qu’elle peut aller avec l’artisanat et le tourisme puisque ce sont des activités extrêmement complémentaires ». Le Chef du gouvernement, Ousmane Sonko a ainsi périmètré la mission du tout nouveau ministre de la Culture, de l’artisanat et du tourisme, Amadou Ba. Le député et membre actif de la commission des lois, de la décentralisation, du travail et des droits humains quitte l’hémicycle pour mettre les mains dans le cambouis dans un département loin d’être son domaine de prédilection, au sein d’un nouveau gouvernement au « travail, 7 jours sur 7 et 20 heures/24 ».

Juriste de formation, Amadou Ba a été nommé pour donner une nouvelle impulsion au secteur culturel désormais détaché de la tutelle du ministère de la jeunesse et des sports. Sa mission sera de mettre en synergie la politique touristique avec l’industrie créative basée sur les compétences et le talent individuels pour générer de la richesse et de l'emploi via la création de propriété intellectuelle. Le défi est certes immense mais surmontable pour ce cadre des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef-Les Patriotes) dont le profil allie engagement politique et expertise juridique.

Parcours professionnel

Surnommé affectueusement « le juriste de Pastef », l’homme de 48 ans à la barbe poivre et sel a d’abord bourlingué dans les amphis pleins à craquer de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar avec un DEA en droit en poche avant de poursuivre ses études à l’université de Reims en France. Là-bas, Amadou Ba donne une nouvelle trajectoire à sa carrière naissante de juriste en s’engageant dans l’accompagnement juridique des demandeurs d’asile, des sans-abris et des jeunes en situation de précarité dont la plupart sont des africains.

Une cause noble à laquelle il se vouera pendant plusieurs années jusqu’en 2011 date à laquelle il décide de revenir au Sénégal avec la ferme détermination de renverser les tendances migratoires par le développement endogène de l’Afrique en général et du Sénégal en particulier. Un engagement qui passe inéluctablement par le militantisme politique. Celui qui n’avait milité dans aucune chapelle auparavant, eut du mal à franchir le pas pour une raison toute simple : « Créer quelque chose ici était compliqué. Il y avait trop de contraintes, et aucun parti [politique] ne reflétait nos convictions ».

Mandataire DiomayePrésident, député puis ministre

Son militantisme politique finit par naître quasiment au même moment que la création de Pastef. Le jeune juriste débordant d’énergie trouve dans le discours et les actes du président des « Patriotes » (Ousmane Sonko) l’incarnation du modèle parfait du leadership politique panafricain. L’adhésion se fera donc sans réserve, au cours d’une rencontre avec Sonko. « Je lui ai dit que j’allais monter Pastef à Thiès. Il m’a mis en relation avec Birame Souleye Diop. Nous avons installé les premières cellules et sillonné tous les départements. Ce fut dur au début, mais nous partagions les mêmes convictions », raconte le natif de la capitale du rail qui finit par s’imposer dans l’élite dirigeante du parti.

Redoutable débatteur avec une maîtrise pointue des questions juridiques, Amadou Ba a quasiment bâti sa réputation politique sur les plateaux télévisés dans une période trouble où Pastef et ses membres étaient devenus des tricards dans la République. Inflexible face à l’adversité, Amadou Ba est devenu par la force de son engagement, le mandataire du candidat Bassirou Diomaye Faye à la présidentielle, avant d’être élu député en novembre 2024.

Son passage à la chambre parlementaire de l’avenue Soweto restera gravé dans les annales puisque le député a porté plusieurs initiatives parlementaires dont la fameuse la proposition de loi interprétative de l’amnistie. Celle-ci comme ses amendements dans le projet de règlements sont finalement invalidés par le Conseil constitutionnel, selon Tafsir Thioye, à cause de « l’entêtement » de Ba.

 

Fort de ces revers, Amadou Ba entame cette nouvelle mission au sein du gouvernement avec « un sentiment d’humilité face aux responsabilités et aux charges nouvelles » qui lui incombent.