Mme Ba Adiaratou Aïta kébé,l'âme des badianu gox de Kaffrine au service femmes et des enfants
Son visage toujours éclairé d’un sourire paisible reflète la bonté et la détermination d’une femme dévouée. À plus de soixante ans, Mme Adiaratou Aïta Kébé, épouse Ba, présidente régionale des Badianu Gox de Kaffrine, reste une figure emblématique du service communautaire. Sa vie entière est un combat pour la santé de la mère et de l’enfant, et plus récemment, pour la sensibilisation contre le cancer.
Née à Thiès, mariée dans sa ville natale avant de s’installer à Dakar, Mme Ba rejoint Kaffrine avec sa famille en 1987. C’est dans le village de Ndoucoumane qu’elle découvre un nouveau monde, rural et modeste, mais riche d’humanité. Animée d’un fort sens du service, elle intègre le district sanitaire de Kaffrine comme matrone, alors que c’était le seul district de la région. Sous la direction de Mme Amy Mbow Thiam, sage-femme expérimentée, elle est formée et encadrée avec rigueur. En 1999, elle obtient son attestation de formation, marquant ainsi le début d’une longue carrière consacrée à la santé communautaire.
Depuis sa jeunesse, Aïta a toujours eu le cœur tourné vers les autres. À l’école primaire, elle s’illustrait déjà par son esprit de solidarité, partageant ses repas et aidant ses camarades malades. Cette générosité naturelle s’est transformée en vocation. De matrone à relais communautaire en 2007, puis Badianu Gox en 2009 dans la première promotion formée au Sénégal, son parcours est celui d’une femme de terrain, engagée et passionnée.
Une militante de la santé maternelle et infantile
Dans la région de Kaffrine, Mme Ba est unanimement reconnue pour ses efforts inlassables dans la lutte contre les accouchements à domicile.
« Aujourd’hui, grâce à la sensibilisation des Badianu Gox, les femmes comprennent mieux l’importance d’accoucher dans les structures de santé et de suivre les consultations prénatales », confie-t-elle.
Son action a contribué à réduire les risques de mortalité maternelle et néonatale, un défi majeur dans les zones rurales.
Toujours aux côtés des femmes, elle s’est également attaquée à la malnutrition infantile. À travers les causeries éducatives, les visites à domicile et les séances de sensibilisation, elle aide les mères à adopter de meilleures pratiques nutritionnelles. Pour Mme Ba, « la santé de l’enfant commence dans le ventre de la mère ».
Un engagement sans faille dans la lutte contre le cancer
Chaque année, lors du mois d’Octobre Rose, Mme Ba redouble d’efforts pour mobiliser les femmes autour du dépistage précoce du cancer du sein et du col de l’utérus. Elle sillonne marchés, écoles et quartiers, rappelant que « le cancer détecté tôt se soigne ».
Elle plaide aussi pour la vaccination des jeunes filles âgées de 9 à 14 ans contre le papillomavirus, convaincue que la prévention reste l’arme la plus efficace.
« Le silence tue, dit-elle souvent. Osons parler du cancer, osons nous faire dépister. »
Une femme de terrain, entre défis et espoirs
Le parcours de Mme Ba n’a pas été sans difficultés. Elle se souvient encore d’une mission où, venue sensibiliser une famille, un père furieux avait brandi une machette pour les chasser. Mais ces moments durs n’ont jamais entamé sa détermination.
Ses plus belles récompenses, ce sont les femmes qui viennent fièrement accoucher au poste de santé, les enfants bien nourris, et les familles qui comprennent enfin l’importance des soins préventifs.
Au-delà de la santé, Mme Ba s’investit également dans l’éducation. Elle appelle les parents à surveiller la scolarité de leurs enfants, à désinfecter les classes avant chaque rentrée et surtout à faire inscrire les nouveau-nés à l’état civil. Avec le soutien des maires, délégués de quartiers et autorités judiciaires, elle participe activement aux audiences foraines pour donner une identité légale à chaque enfant.
Mais un autre sujet lui tient particulièrement à cœur : la situation des enfants dans la rue.
Face à ce phénomène grandissant, Mme Ba ne cache pas son indignation :
« Quand je vois des enfants dormir sur les trottoirs, mon cœur est meurtri. Ces enfants sont les nôtres. J’invite les parents et les autorités à prendre pleinement leurs responsabilités. »
Pour elle, la santé de l’enfant ne se limite pas au corps, mais englobe aussi la dignité, la sécurité et l’amour dont il a besoin pour grandir.
La foi, la famille et la reconnaissance
Soutenue depuis toujours par son époux, M. Ba, elle a su concilier vie de famille et engagement communautaire.
« Mon épouse donne tout sans compter : son temps, son énergie, son argent… Elle vit pour les autres », témoigne-t-il avec fierté.
Son pèlerinage à la Mecque, qu’elle considère comme une bénédiction, reste l’un des plus beaux moments de sa vie, symbole d’une reconnaissance divine pour des années de service.
Aujourd’hui encore, malgré son âge, elle continue de servir avec la même ardeur. Elle regrette toutefois la suppression de la petite motivation financière autrefois accordée aux Badianu Gox :
« Nous travaillons par amour, mais un minimum de considération renforcerait notre engagement. »
De Thiès à Kaffrine, son parcours illustre la force et la noblesse du bénévolat féminin au Sénégal.
Mme Adiaratou Aïta Kébé Ba est plus qu’une présidente régionale : elle est une mère pour les mères, une voix pour les enfants, et une sentinelle contre le cancer.
Même si elle n’est pas Kaffrinoise de naissance, elle l’est devenue de cœur, de conviction et d’action.
Une femme inspirante, qui prouve chaque jour que le véritable leadership féminin commence par le service aux autres
Commentaires (2)
Macha alláh yalna fayla sa khol
Machallah nous sommes fières d'elle
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