Une avancée thérapeutique majeure vient d’être enregistrée dans la lutte contre le cancer du sein au Sénégal. L’Unité de sénologie de l’Hôpital militaire de Ouakam (HMO) a lancé la technique de la biopsie du ganglion sentinelle par immunofluorescence. Cette méthode de pointe permet d’éviter des interventions chirurgicales lourdes et améliore considérablement la qualité de vie des patientes.

C’est un tournant décisif pour la chirurgie mammaire dans le pays. En introduisant l’immunofluorescence, le HMO réduit les gestes invasifs lors du traitement des cancers du sein diagnostiqués aux stades T1 et T2. Selon le Médecin-colonel Serigne Modou Kane Guèye, gynécologue-sénologue au HMO, cette technique permet d’éviter le curage ganglionnaire systématique, souvent responsable d’effets secondaires invalidants.

La méthode consiste à identifier le premier ganglion lymphatique (le « sentinelle ») qui draine la tumeur pour vérifier s'il est atteint par des cellules cancéreuses. « C’est ce premier relais qui nous renseigne. S’il n’est pas envahi, il n’est plus utile de retirer l’ensemble des ganglions, ce qui évite d'exposer la patiente à des complications hémorragiques, nerveuses ou au lymphœdème, communément appelé syndrome du "gros bras" », précise le spécialiste.

Le protocole repose sur l’injection de deux millilitres de vert d’indocyanine autour de l’aréole du sein. En quelques minutes, ce produit fluorescent migre vers le creux de l'aisselle. Grâce à une caméra spécifique, le chirurgien visualise le ganglion en temps réel, rendant le prélèvement extrêmement précis et rapide.

Les bénéfices cliniques sont indéniables. « Cette technique permet d’éviter près de 70 % de curages inutiles », souligne le Médecin-colonel Guèye. Les patientes bénéficient ainsi de suites opératoires simplifiées : moins de douleurs, une cicatrisation plus esthétique et un rétablissement accéléré.

Le diagnostic est également quasi immédiat grâce à l’anatomopathologie extemporanée. Cet examen microscopique d’urgence permet d'obtenir un résultat en 10 à 30 minutes, offrant au chirurgien la possibilité d’adapter le protocole thérapeutique pendant que la patiente est encore au bloc opératoire.

Malgré ce succès, un défi de taille subsiste : l’approvisionnement en vert d’indocyanine. Ce produit indispensable n’est pas encore commercialisé à grande échelle au Sénégal. « La poursuite de cette technique dépendra de l’approvisionnement régulier de ce produit », alerte le médecin-colonel.

L’introduction de cette technologie au HMO marque néanmoins une étape fondamentale vers une médecine de précision au Sénégal, plaçant la sécurité et le confort de la patiente au cœur du processus de guérison.