Calendar icon
Saturday 13 September, 2025
Weather icon
á Dakar
Close icon
Se connecter

[Dossier 6/6] Malnutrition infantile à Bambey: L’espoir au bout de l’assiette et du carnet de suivi

Auteur: Awa Faye

image

[Dossier 6/6] Malnutrition infantile à Bambey: L’espoir au bout de l’assiette et du carnet de suivi

La médecin-chef adjointe au centre de santé du district sanitaire de Bambey, docteure Marème Maty Dioum, se veut formelle, transparente : « Ce serait difficile de vous donner la prévalence exacte de la malnutrition au niveau de Bambey actuellement, parce qu'on a des données qui ne sont pas complètes, à cause des grèves de certaines centrales syndicales. » Mais elle alerte sur le fait que le taux de malnutrition dans toute la région de Diourbel est supérieur à la moyenne nationale (17% sur 10%).

S’exprimant sur les causes de cette pathologie, elle cite le niveau socioéconomique jugé très modeste à Bambey et les habitudes alimentaires qui peuvent être nuisibles aux enfants. Elle mise ainsi sur les activités de communication, les séances de démonstration culinaire à l'endroit des mamans et des gardiennes d'enfants.

Les témoignages de Mame Diarra Diouf et de Seynabou Ndiaye confortent les dires de l’experte. « Ma fille B. Sène était souvent malade et ne pesait que 5 kg. Après la consultation chez les sœurs, on lui a donné un repas spécial à base de céréales. Par la suite, je suis venue au centre de santé et grâce au traitement et à l'alimentation fournie ici, elle pèse aujourd’hui 9,500 kg et a bientôt 3 ans. J’ai dû changer entièrement son régime alimentaire », a narré Mame Diarra, âgée de 36 ans et mère de six enfants, domiciliée à Sara, dans la commune de Gawane, à la sortie de Bambey.

 Elle reconnaît que la maladie de son enfant était due à une alimentation insuffisante. En tant que femme au foyer avec son mari chauffeur de car, leurs revenus sont limités.

 Seynabou Ndiaye, elle, a pris en charge sa petite-fille depuis l’âge d’un an et sept mois. Cette dernière perdait du poids et ne pesait que 1,5 kg. Inquiète, elle décide de l’emmener chez les sœurs. Cependant, par manque de suivi, la petite fait une rechute. « Depuis, je respecte strictement les rendez-vous médicaux et son traitement. Âgée aujourd’hui de 2 ans et 6 mois, elle prend trois sachets alimentaires par jour et pèse désormais 9,1 kg », se réjouit Seynabou Ndiaye.

 Les triplés de la survie et l’appel à l’action 

Autre histoire, celle d’Astou Faye, 19 ans et maman de triplés. Sa première grossesse. Originaire de Thiès, elle a été trouvée au poste de santé de Bambey. Ses enfants sont malades. « Ils pleuraient sans cesse et vomissaient en même temps. Au début, je les allaitais avec le sein, mais par la suite je n’avais plus de lait, car ayant subi une césarienne et j’ai commencé à leur donner le biberon. Parfois, c’est difficile d’acheter du lait qui coûte cher à la pharmacie, parce que mon mari et moi n’avons pas les moyens. D’ailleurs, à leurs 5 mois, j’ai commencé à leur donner de la bouillie de mil », fait-elle souligner.  

 Âgés de 8 mois, Serigne Bara, Mouhamed et Saliou sont hospitalisés pour cause de malnutrition aiguë sévère avec complications. « Deux des trois jumeaux pèsent 3,8 kg et l’autre 3,9 kg. Ils ont un retard de croissance très sévère. Ils risquent de mourir. Leurs poids, leurs âges et leurs tailles ne figurent même pas dans la courbe d’évolution. Nous sommes obligés de leur donner du lait artificiel. Ce sont les religieuses qui prenaient en charge ce genre de situation. Il faut que l’État prenne ses responsabilités, parce qu'il y a beaucoup de problèmes nutritionnels et d'état civil. Qu'il sache que ces enfants-là sont l’avenir du pays», lance la sage-femme, par ailleurs responsable du centre de récupération et d’éducation nutritionnelle (CREN) pour la malnutrition aiguë sévère (MAS) Marie Cécile Diam, dans un cri du cœur.  

 Pour autant, elle rassure qu’on peut les récupérer petit à petit, à condition qu'ils soient encadrés, que les intrants soient là « pour qu'on leur donne du lait normalement ».

Les triplés sont traités au centre, mais Marie Cécile Diam se dit préoccupée par le suivi. « C’est ce qui pose problème, car la maman est très jeune et elle ne s’y connait pas ».

Comme beaucoup d’enfants touchés par la malnutrition, Serigne Bara, Mouhamed et Saliou doivent survivre et réaliser leur potentiel.

Auteur: Awa Faye
Publié le: Vendredi 12 Septembre 2025

Commentaires (1)

  • image
    James le juif il y a 1 jour

    Dieureudieuf docteur Mareme Maty ! Je supporte votre combat !

Participer à la Discussion