Calendar icon
Tuesday 02 September, 2025
Weather icon
á Dakar
Close icon
Se connecter

À la croisée des mémoires : Une exposition inédite sur la bataille de Samba Sadio réunit jeunes Sénégalais et Français

Auteur: Babacar SENE

image

Une collection d’objets culturels, prélevés sur le champ de bataille de Samba Sadio, en 1875, et conservés depuis au musée de Dunkerque, en France, va bientôt entamer un nouveau voyage. À l’initiative de l’association Alter Natives, ces artefacts feront l’objet d’une exposition participative entre Thiès, Saint-Louis et Dunkerque. Un projet ambitieux qui associe des jeunes des deux rives de la Méditerranée pour retisser les liens d’une mémoire fragmentée entre histoire coloniale et récits locaux.
Le projet, intitulé « Samba Sadio 1875 », est porté par Emmanuelle Cadet, président de l’association Alter Natives, active depuis quinze ans sur l’identification du patrimoine africain conservé dans les musées français. Depuis 2019, l’association développe des échanges entre jeunes d’Île-de-France et du Sénégal autour de collections liées au patrimoine sénégalais. L’objectif : croiser les regards, interroger les récits et rendre aux objets leur histoire.
Une découverte dans les réserves du musée de Dunkerque
Tout commence par une trouvaille : huit objets saisis sur le champ de bataille de Samba Sadio, aujourd’hui oubliés à Dunkerque. Grâce à des recherches dans les archives françaises et sénégalaises, leur origine est retracée : ils ont été offerts au musée par Émile Faidherbe, neveu du général Louis Faidherbe, après sa participation à la bataille, en février 1875.
Ces objets, jusqu’alors méconnus, révèlent un épisode crucial : l’affrontement entre une coalition menée par Lat Dior, damel du Cayor, allié des Français, contre le marabout Amadou Cheikhou Ba. Cette bataille marque un tournant, sur fond d’alliances politiques et de stratégies militaires, à la veille de la colonisation active du Sénégal.
Une mémoire à reconstruire
En janvier 2024, une mission conjointe menée par Emmanuelle Cadet et Pierre-André Coly, directeur du musée régional de Thiès, permet de localiser les vestiges du champ de bataille à Koursala, près de Sanbastya Diop. Sur place, des balles sont encore visibles, des ossements signalés et une mosquée construite en hommage à Cheikh Amadou Ba témoignent de la mémoire toujours vivante chez les habitants.
Pour nourrir la réflexion autour de la restitution, des experts sénégalais ont été invités, en mai 2024, à découvrir les objets à Dunkerque, visiter les collections Faidherbe à Lille et Schœlcher à Paris. Le constat est clair : ces pièces doivent être étudiées et présentées au Sénégal pour documenter rigoureusement leur histoire avant toute décision de restitution.
Un comité scientifique sénégalais, composé de chercheurs renommés comme Ibrahima Thioub, Ibrahima Seck ou encore Daouda Diop, accompagne le projet. L’appui de la Commission sénégalaise d’histoire militaire, du Musée des forces armées et des directions de musées régionaux ancre l’initiative dans une dynamique nationale.
Les jeunes au cœur du projet
Au-delà de la recherche, ce sont les jeunes qui sont les véritables acteurs du projet. Regroupés entre Thiès, Saint-Louis, Thiénaba, Yang-Yang, Romadiou, Dunkerque et l’Île-de-France, ils ont sillonné les lieux de mémoire pendant quinze jours. Leur mission : écouter, questionner, comprendre cette histoire encore absente des manuels scolaires.
Leur travail débouchera sur une exposition itinérante à partir du 15 octobre 2025 au musée régional de Thiès, puis au CRDS de Saint-Louis dès janvier 2026, avant un retour à Dunkerque enrichi du regard sénégalais. L’ambition : rétablir la trajectoire de ces objets, les replacer dans leur contexte, et engager une réflexion sur leur devenir.
Un appel à la mobilisation
Mais pour concrétiser ce projet, des moyens sont nécessaires. Une campagne de financement participatif a été lancée en France et au Sénégal. Les fonds collectés permettront de restaurer les objets, adapter les musées aux normes de conservation, organiser leur circulation et former les jeunes impliqués.
En lien étroit avec la Direction du patrimoine, le ministère sénégalais de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, et l’Agence du patrimoine et du tourisme, le projet attend encore la validation d’une convention et le soutien effectif de l’État. Mais les porteurs du projet en appellent également aux mécènes, fondations et entreprises soucieuses de valoriser une mémoire partagée.
Une restitution pensée, documentée, partagée
Dans un contexte où la restitution du patrimoine africain est devenue un enjeu politique et éthique, le projet « Samba Sadio 1875 » propose une démarche exemplaire : penser la restitution non comme un simple transfert, mais comme un processus collectif de redécouverte et de reconnaissance historique.
Comme le souligne Emmanuelle Cadet, « pour bien restituer, il faut d’abord comprendre ». C’est toute l’ambition de cette exposition participative, qui entend faire dialoguer les mémoires, relier les territoires, et ouvrir un nouveau chapitre entre la France et le Sénégal.
Auteur: Babacar SENE

Commentaires (7)

  • image
    LEGRATUIT il y a 1 mois

    Achetez et vendez en ligne neuf & occasion au Sénégal. Publiez une annonce gratuitement ou trouvez la bonne sur LEGRATUIT.SN

    - Immobilier
    - Automobile
    - Électroménagers
    - Téléphones
    - Ordinateurs
    - Mobiliers
    - Offres et demandes d’emploi

    ATTEIGNEZ VOS OBJECTIFS DE VENTE SUR : www.legratuit.sn

  • image
    il y a 1 mois

    Doul rek

  • image
    il y a 1 mois

    La vertie est que ces gens sont des agresseurs qui voulaient islamiser par violence et se sont hurtes aux refus de ces derniers..., que font ils dans le Cayor?...Ce sont les forces coloniales qui ne vouolaient pas cette agression qui sont venus s'impliquer dans le combat de Lat Dioi...faut dire la verite!

  • image
    il y a 1 mois

    Voilà un ignorant qui ne connais rien pour traiter lat Dior de traître.
    Il a trahis qui ?

  • image
    Traître il y a 1 mois

    Lat Dior allié des français pour combattre le marabout Amadou Cheikhou Ba! Quel traître ,ce Lat Dior.

  • image
    Daba il y a 1 mois

    En 1875 Faidherbe n’était plus au Sénégal depuis 10 ans. Bayyilen fenn!

  • image
    reply_author il y a 1 mois

  • image
    reply_author il y a 1 mois

    On a dit le neveu de Faidhebe toi aussi

  • image
    il y a 1 mois

    Les deux rives de la Méditerranée lol

Participer à la Discussion