‘Député.… député… député….’, scande sans relâche une foule monstre massée devant les grilles de l’Assemblée nationale. Cris d’hommage aux députés ayant rejeté, bien avant la plénière, le projet de loi instituant le ticket présidentiel. Parmi eux, le libéral Wack Ly. Sobrement habillé, un gros foulard rouge noué autour du coup, le jeune député libéral a eu droit à un standing ovation à sa descente de véhicule. ‘C’est cela un député du peuple’, lui lancent fièrement des jeunes surexcités. Puis arrive Me El hadj Diouf, l’avocat député. Egal à lui-même, visiblement ému par les hommages, ce dernier fonce tout droit dans la foule. Sourire aux lèvres, le poing levé, de temps à autre, vers le ciel, El Hadji Diouf serre par moments des jeunes gens qui se jettent dans ses bras. L’avocat arpente les escaliers qui mènent à l’intérieur de l’hémicycle sous les ovations du public.Les députés Imam Mbaye Niang, Samba Diouldé Thiam ou encore Mously Diakhaté ont été, tour à tour, accueillis avec respect et dignité par les manifestants. Ces derniers, composés d’hommes et femmes de tous âges, responsables comme simples citoyens, ont pris d’assaut l’hémicycle des heures avant l’arrivée des députés pour exiger d’eux le rejet du projet de loi instituant le ticket présidentiel.Le mot d’ordre se lisait sur les pancartes et banderoles brandies par de jeunes gens. Mais aussi les tee-shirts et casquettes confectionnées pour l’occasion : ‘Touche pas à ma Constitution’, ‘Wade dégage’. Déterminés, surexcités, les plus téméraires ont tenté, à plusieurs reprises, de forcer le portail de l’Assemblée nationale. Mais c’est sans compter avec la détermination des limiers qui, sans bavures, repoussent à chaque tentative les jeunes. Mais ce semblant de ‘diplomatie’ n’aura duré que le temps d’une rose.
Les députés favorables au projet de loi conspuésLes premiers jets de pierres commencent avec l’arrivée de Farba Senghor. Accompagné de ses gardes du corps, l’ancien ministre d’Abdoulaye Wade, sous les huées de la foule, se dirige à grand pas vers le muse Théodore Maunod où était rassemblé l’autre pan de la foule. S’est-il trompé de destination ? Farba Senghor et ses compagnons reçoivent des cailloux venant de tous les sens. Hué, l’homme fort d’Abdoulaye Wade a été sauvé de justesse par les limiers qui l’ont escorté jusqu’au portail de l’Assemblée. Farba n’a pas été le seul à passer un sale quart d’heure hier. Doudou Wade, le président du groupe parlementaire libéral, en a aussi pris pour son grade. A peine descendu de son véhicule, le député libéral a été accueilli par des slogans hostiles sur fond de jet de pierres. Comme s’ils s’étaient passé le mot, à l’exception des libéraux qui ont publiquement désapprouvé ce projet de loi, tous les députés membres du groupe parlementaire libéral ont été conspués par la foule dès leur descente de véhicule. Sauf ceux qui ont emprunté d’autres voies pour accéder à l’hémicycle.L’intervention des limiers pour calmer les jeunes n’y change rien. Déchaînés, les manifestants s’en prennent vivement aux députés. La police riposte et disperse la foule à coup de grenades lacrymogènes. Les jeunes reviennent à la charge en cassant et en brûlant des pneus aux alentours. Ils seront repoussés jusque vers l’ambassade des Etats Unis pour les uns, l’hôpital Le Dantec pour d’autres. C’est de ce premier affrontement avec les forces de l’ordre que se forment de petits groupes qui envahissent le Plateau. Du ministère de l’Intérieur vers le marché Sandaga en passant par le boulevard de la République, tout est sens dessus dessous. Pneus et véhicules calcinés, des fumées noires à perte de vue, des ordures déversées en pleine chaussée… Des traces de sang visibles sur les voies, le décor n’a rien à envier aux films hollywoodiens.
Auteur: walf
Publié le: Vendredi 24 Juin 2011
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