Le dévoiement de cette tradition a suscité de vives critiques, notamment chez une partie de la diaspora sénégalaise. « Toutes ces vidéos me choquent. En tant que Sénégalaise, j’avais honte en les regardant. Je me souviens que lorsque j’étais petite, nos mamans ne dansaient jamais de cette façon ! Maintenant, les Sénégalaises copient sans arrêt sur l’Occident, d’où les dérives », témoigne Abby une sénégalaise de 27 ans, étudiante à Paris. D’autres, comme Issa, 23 ans, ingénieure en formation, ne sont pas du même avis. « Je pense qu’il ne faut pas en faire tout une histoire ! Ces filles sont libres de danser comme bon leur semble. Elles le font juste pour s’amuser », estime-t-elle.Le « Leumbeul » se répand aujourd’hui dans les boites de nuit. Des concours y sont souvent organisés.
Les danseuses, payées parfois par les touristes, dansent presque nues, dévoilant tous leurs charmes. Lamine, un jeune cadre en commerce, se souvient de ses soirées en boîte de nuit où, selon lui, les Sénégalaises perdent toute dignité : « Les boîtes de nuit au Sénégal, c’est le bordel ! Lors de mon voyage en avril dernier, j’y ai vu des filles danser presque nues, provoquant les hommes. Toutes ces pratiques portent atteinte à l’éthique de la femme sénégalaise. Elles renvoient une image négative du pays ».
Un phénomène qui se propage chez les plus jeunes
En voyant les adultes danser parfois de façon obscène dans les concours de « sabar » dans la rue, des enfants n’hésitent pas à les imiter. « J’ai assisté l’été dernier à un sabar organisé pour les enfants dans un quartier de la banlieue de Dakar. J’ai été choquée par des petites filles qui dansaient le "Leumbeul" au raz du sol, portant le "Bethio" (un petit pagne transparent), se déhanchant dans tous les sens. Le plus grave dans tout ça, c’est qu’elles imitent leurs mamans qu’elles voient danser sur la place publique. A mon époque on ne dansait pas de cette manière. C’était même impensable ! La danse sénégalaise n’est plus ce qu’elle était », regrette Salimata, une sénégalaise de 48 ans. Même son de cloche chez Ouzin, un sénégalais de 24 ans. « Les enfants ne doivent pas être exposés à ces pratiques, estime-t-il. Si j’avais une fille je ne tolérerais pas qu’elle danse de cette façon ! Que les femmes dansent entres elles pour s’amuser, c’est une chose, mais les enfants ne doivent pas assister à ces scènes ».
Pour mettre fin à ces dérives, Seynabou Diop, ancienne danseuse de Touré Kunda, a décidé de créer sa propre école, dans l’objectif de redonner de la noblesse à la danse sénégalaise. Selon elle, « ce que l’on voit aujourd’hui c’est tout simplement du striptease. Il faut arrêter de confondre le sexe et la danse ».Ce n’est pas la première fois que le Sénégal est confronté au scandale des danses obscènes. La vidéo Sabar bou graw fait écho à « l’affaire Ndeye Gueye » en 2007.
On y voyait dans une vidéo du même acabit une danseuse sénégalaise danser le « Leumbeul » presque nue lors d’une soirée. L’affaire s’était terminée au tribunal. Trois femmes et cinq hommes avaient été inculpés pour outrage public à la pudeur et outrage aux bonnes mœurs.
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