À l'audience d'hier du procès de l'Imam Ndao et ses co-prévenus inculpés pour des faits liés au terrorisme, Mohamed Ndiaye alias Abu Yusuf a fait de fracassantes révélations. "J'ai une fois vu Shekau (qui est à la tête de Boko Haram). Il nous a remerciés", a-t-il dit à la barre de la Chambre criminelle.

Pas surpris du tout, Dr Bakary Sambe, le directeur de Timbuktu Institute, constate sur la Rfm, que "le Sénégal fait face au terrorisme d'origine nationale".

"Le Sénégal fait partie de la typologie des pays qui offraient encore le cadre d'une analyse prospective, soutient l'enseignant-chercheur. C'est dans ce sens que quelques années auparavant, quitte à être taxé d'alarmiste, j'avais appelé à la mise en place d'une stratégie nationale de prévention".

Il déplore que les autorités se soient "beaucoup focalisées sur les opérations de lutte contre le terrorisme avec une dimension sécuritaire à proprement parler", en "(négligeant) des stratégies de prévention".

Aujourd'hui, dit-il, "notre pays fait face à ce nouveau phénomène qu'on appelle le terrorisme d'origine nationale". De ce fait, "tout le mythe construit sur le Sénégalais non-violent, tous les arguments qu'on nous a opposés s'effondrent aujourd'hui devant cette situation qui montre que notre pays ne peut pas être en dehors des interactions sahélo-sahariennes et qu'il fallait prendre nos gardes et investir dans la prévention et prendre la question à bras le corps au lieu de se situer dans une démarche du déni qui finalement ne donne pas de résultats", relève Dr Bakary Sambe.

Désormais, préconise-t-il, "il faudra aller vers des changements de paradigmes, ne pas seulement se focaliser sur la protection du territoire mais s'inscrire dans une réelle dynamique de prévention en mettant en place une urgente stratégie nationale comme prévention de l'extrémisme violent".