​Le Sénégal a officiellement inauguré ce lundi un Forum national sur la facilitation du commerce, un événement clé qui positionne le pays comme un acteur central dans l'ambition d'une Afrique intégrée. Organisée en amont de deux rencontres internationales majeures, cette initiative a rassemblé l’élite des décideurs publics, experts et acteurs économiques sénégalais, tous unis autour d’une vision : transformer le Sénégal en un hub logistique incontournable dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf).

​L'urgence de la transition numérique

​Dès l’ouverture, l'accent a été mis sur la nécessité d'amorcer pleinement le virage numérique. Face à l’émergence de la Zlecaf, la dématérialisation des procédures commerciales apparaît comme le levier essentiel pour gagner en compétitivité.

​Le responsable de Gaïndé 2000, la structure organisatrice, Ibrahima Nour Eddine Ndiaye, a souligné que l'Afrique a l'avantage de pouvoir « démarrer directement avec des moyens digitaux, sans passer par une étape papier ». Il a également insisté sur l'enjeu principal : l’interconnexion des guichets uniques africains. Selon lui, cette interopérabilité est cruciale pour crédibiliser la circulation des documents et fluidifier les échanges à l’intérieur du continent. Cette approche vise à mettre l’innovation technologique au service de la souveraineté économique et de l’efficacité logistique nationale et régionale.

​L'agilité, mot d'ordre des douanes 

​Les administrations nationales, pionnières dans la digitalisation, ont réaffirmé leur engagement. Babacar Mbaye, directeur général des Douanes sénégalaises, a rappelé le rôle historique de son institution depuis la mise en place du système ORBUS en 2004. Il a cependant insisté sur la nécessité d’une adaptation constante.

​« La Zlecaf et le commerce électronique requièrent beaucoup d’agilité. Nous devons rester modernes et adapter nos procédures », a-t-il déclaré. 

Pour le DG des Douanes, le forum est une plateforme d’échange essentielle pour « voir ce qui se fait de mieux ailleurs » et ainsi améliorer les processus existants.

​Port autonome de Dakar : plus qu'une question technique

​Le débat s'est ensuite élargi au rôle des infrastructures. Waly Diouf Bodian, directeur général du Port autonome de Dakar (PAD), a rappelé que la facilitation du commerce va au-delà des simples aspects techniques.

​«Ce n’est pas seulement une question opérationnelle, c’est un levier fondamental de l’autonomie économique», a-t-il affirmé. Le PAD s'est positionné comme un «facilitateur stratégique» de la chaîne logistique nationale et régionale, axant ses efforts sur la digitalisation et l’innovation pour consolider son rôle.

​Vers des assises régionales et mondiales 

​Ce forum national n'est que le coup d'envoi d'une semaine de discussions de haut niveau. Il s’inscrit dans une dynamique panafricaine et internationale, en servant de prélude à deux événements majeurs qui se tiendront à Saly jusqu’au 27 novembre : la 11e Conférence internationale sur les guichets uniques de l’Alliance africaine pour le commerce électronique (AACE) et le 44e Forum du Centre des Nations Unies pour la facilitation du commerce et le commerce électronique (UN/CEFACT).

​Le Sénégal confirme ainsi sa volonté de ne pas être seulement un participant, mais bien un animateur clé des échanges sur l'avenir du commerce facilité en Afrique.