Perdre beaucoup de temps dans des queues interminables, c'est le prix à payer pour avoir du pain chaud et croustillant à la rupture du jeûne. D'où les affluences monstres au niveau des boulangeries.

Une des denrées les plus prisées pendant le Ramadan, le pain n'est pas facile à avoir. Et qui le veut chaud et croustillant est obligé de se rendre des heures avant la rupture dans les boulangeries pour accepter de poireauter dans des queues interminables. Une scène habituelle au niveau de toutes les boulangeries à partir de 17 heures. 

C'est le cas au niveau de la «Brioche dorée» de Sacré-Cœur nous a permis d'en faire le constat. Déjà à 18 heures, on note une interminable file indienne qui avait même fini de perturber la circulation. Un désordre total régnait devant la boulangerie. Hommes, femmes, jeunes, tous étaient venus pour avoir du bon pain chaud à l’heure du «ndogou». D'où des disputes pour entrer le premier. «Il faut venir tôt pour s’approvisionner. Car à 20 heures, il n’y a plus rien», informe Fatou Diop, vendeuse dans cette boulangerie pâtisserie. Des pains aux croissants, en passant par les madeleines, les cakes, rien n’a été laissé par ces acheteurs. 

À l’intérieur de la boulangerie, Penda Diallo est en train de faire ses achats ; elle habite à Yoff, mais travaille à Sacré-Cœur. «Depuis le début du Ramadan, je passe ici après le travail pour acheter du pain pour le ndogou», informe-t-elle. Expliquant sa préférence pour la «Brioche dorée» à la place des boutiques de son quartier, elle soutient : «Ici on peut avoir du pain croustillant, chaud, alors que dans les boutiques, les pains sont parfois de mauvaise qualité». 

Si certains préfèrent le pain, d’autres, par contre, se ruent sur les croissants et autres. Arame Fall de confier : «Je suis venu de Dieuppeul pour acheter pour ma famille qui préfère plus les pâtisseries que le pain». 

L’hygiène des produits est aussi une des raisons qui poussent les Sénégalais à préférer les boulangeries. «Les boutiquiers qui vendent le pain ne respectent pas souvent les règles d’hygiène. Leurs mains ne sont jamais propres. Et ils coupent le pain avec le même couteau qu’ils utilisent tout le temps. Ce n’est vraiment pas sûr», dénonce-t-il. 

Du côté des vendeurs, même si on se réjouit des très bonnes affaires réalisées avec la ruée des clients, c'est un grand calvaire. Parce qu'ils n'ont pas une minute de répit. Awa Diop, la vingtaine, la mine pâle et l’air fatiguée, raconte son calvaire depuis le début du Ramadan. «Depuis des heures, je suis debout, je n’ai pas une seconde pour souffler. Déjà qu’à cette heure, les clients sont nerveux et l’on est obligé de les supporter». Mieux, ajoute-t-elle, «le désordre me perturbe. Il m’arrive même de faire des erreurs et de manquer de respect à certains clients tellement que je suis fatiguée». 

Le caissier de la boulangerie, Abdourahmane, revient pour sa part sur leurs bonnes affaires durant cette période. «On arrive à doubler nos recettes d’avant. Nos produits finissent très tôt», se réjouit-il. 

Les clients Vip privés de leur privilège à la «Brioche dorée» de Bourguiba 

Du coté de la «Brioche dorée» de Bourguiba, ce sont à des bagarres qu'on assistait. Les deux vigiles qui faisaient la police n'arrivaient pas à faire régner l'ordre et la discipline. Ceux qui se prenaient plus malins que les autres en voulant acheter du pain sans se mettre dans les rangs, l'apprendront à leurs dépens. Puisqu'ils vont provoquer des bagarres et des disputes à n'en plus finir. C'est la même chose avec les clients détenteurs de la carte Vip sésame leur donnant le privilège de venir acheter directement sans perdre de temps dans les queues interminables. Les clients n'en disposant pas, refuseront d'entendre quoi que ce soit. Ils s'opposeront à toute discrimination en faveurs de ces clients. «Dieu ne connaît pas de Vip, tout le monde est égal devant lui», fulminent des clients.