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Le corps au féminin : Entre goût, forme et séduction

Auteur: Mohamadou SY « Siré »

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Il y'a la taille « miss »,  svelte, mince et élancée qui s'oppose à la taille « diongoma » et « drianké » pour les femmes d'un certain âge, gracieuses et suffisamment dotées de formes généreuses. Loin d'un procès du corps de la femme au tribunal des yeux, mais une ballade à travers les mille et une facettes du corps et des formes au féminin. 

Il arrive,  dans la circulation,  qu'une femme vous dépasse et que vous jetiez le petit coup d'œil furtif,  tellement ses formes invitent à la contemplation. On est même tenté de se demander si des djinns (djinnés) ne s'en mêlent pas, où alors simplement,  son sculpteur est un orfèvre en la matière. En tout état de cause, pour le plaisir des yeux, Dakar  est un laboratoire. Pour parler comme l'artiste comédien ivoirien Sékou Bamba «  demi- dieu », les » pagneuses », « les robeuses », « les jean-neuses », « les nokéteuses », « les mariniéreuses »», « les mini-jupeuses » et les pantalons collés et serrés, se disputent la priorité des regard devenus hagards devant cette kaléidoscope de formes et de couleurs.  

Dans cette ambiance  de défilé , l'on est tenté de dire  en « lingala » comme les kinois de la République démocratique du Congo (Rdc),« Dakar mikonso nionesso kaka féti », (que   Dakar est toujours en fête). Pour Pape Cheick habitant la cité millionnaire, « le corps de la femme qui me fait rêver est celui d'une femme de taille moyenne, aux seins pompeux »  et aux f….. bien « gondélées ». Et mieux, notre bonhomme de vingt cinq ans, ajoute qu'en face d'une telle créature, je ne peux m'empêcher de l'apprécier  et de le signifier de vive voix à l'intéressée avant de demander comme récompense un numéro de téléphone ». 

No comment. Quand on lui demande s'il préfère les formes de la femme sur un teint noir d'ébène, noir «  xéssalisé » ou tout simplement claire, Pape Cheich avoue ne pas  accorder d'importance à la couleur de la peau.  

Par contre, Babacar, son compagnon, confie : « moi, je suis jaloux et je ne voudrais pas que les formes et les rondeurs de ma femme  se prêtent au désir et à la contemplation des autres ». Pendant longtemps, la femme à la taille mince a  été l'objet  de convoitises et les dames l'avaient tellement comprises qu'elles  prenaient leur  charge pondérale en main. Du sport de maintien à la diète, en passant par les régimes, tout était mis en œuvre pour ne pas être obèse. 

Car estime Mariéme Diop, femme au foyer, demeurant à la cité Soprim, « l'avantage de la taille fine, taille gazelle, de la taille coquette en somme est de pouvoir s'habiller aussi bien en tenue moderne qu'en tenue traditionnelle ». A la question de savoir pourquoi les filles s'habillent de plus en  plus sexy, Mbayang Guéye, femme de ménage dans un quartier résidentiel explique : « M'habiller sexy me rassure quant à ma féminité et à mon pouvoir de séduction d'abord, et me fait désirer ensuite. Ce qui me permet d'avoir les cartes en main et d'être la maîtresse du jeu ».  

Boubacar Traoré, étudiant en 2éme année de Lettres Modernes à l'Ucad confie : « ce qui me fait tiquer en premier lieu chez la femme, c'est  son balcon » (entendez  lolos) ou  la poitrine bien développée. Là où Pape Sidy, maçon de profession, préfère  ce qu'il appelle les « down bien f… » pour désigner le postérieur de la femme. La plupart des femmes interrogées estiment mettre en relief leurs seins dans le jeu de la séduction. Cependant, du coté des hommes, la tendance semble être la taille des femmes dites « fortes ». Cela ne fait que conforter une certaine conception négro africaine sur la femme et qui voudrait que « jiggén  day féss » (une femme doit être bien dotée). 

Au point que « dans la société maure par exemple, la pratique du « Mbélékh »( qui consiste à gaver la femme dans le but de la doter en formes et rondeurs) est de rigueur », nous explique le psychologue conseil, Lakhbib Ndiaye du Centre de santé de Dakar Plateau. L'opposition taille fine, taille gazelle  à  celle  de « diongama », « drianké » ou « diék » relève de la nature humaine, sujette aux flux et aux reflux de ces propres vagues.

 

 Mohamadou SY « Siré »

Auteur: Mohamadou SY « Siré »
Publié le: Mardi 07 Décembre 2010

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