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Le cri du cœur d'Actions éducatives sur les féminicides : “Les orphelins de la violence conjugale : quand les enfants paient un lourd tribut”

Auteur: Cheikh Camara (Correspondant à Thiès)

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Le cri du cœur d'Actions éducatives sur les féminicides : “Les orphelins de la violence conjugale : quand les enfants paient un lourd tribut”

"Malgré la dénonciation des féminicides et la prise en compte de la parole des femmes victimes de violence, le décompte des féminicides inquiète l’opinion publique de jour en jour. En 2025, 12e mois, une dizaine de femmes tuées par leurs conjoints au Sénégal".

Le constat est de l'association Actions éducatives, dirigée par Khady Sow Diop, qui lance un appel de détresse. À travers une lettre ouverte adressée à sa communauté, intitulée "Aidez-nous à nous reconstruire", Mme Diop et ses camarades s'apitoient sur le sort des "orphelins de la violence conjugale qui paient un lourd tribut”. "Qu’advient-il des enfants que ces femmes laissent derrière elles ?", interrogent-elles.

« Je m’appelle Abdou. J’ai 12 ans, je vis avec mes deux parents dans une belle et spacieuse maison. Ma vie a pris une tournure à 365 degrés au mois de décembre 2025. Ce jour-là, mon père a tué ma mère, sous mes yeux. Cette image de ma mère, gisant dans une mare de sang, ne me quittera jamais. La nième dispute qui a précédé l’acte et les mots qu’ils ont échangés ne cesseront de résonner dans ma tête. Je me sens vide, je me pose des questions, car je ne comprends pas. Je suis brisé.

Un coup d’œil dans le rétroviseur

Et pourtant, je suis né et j’ai grandi dans une maison pleine d’amour : ma mère dans la cuisine, fredonnant des chansons et mon père devant la télé ou en train de bricoler, et nous, ma sœur et moi jouions ; mes parents devant la télé, commentant l’actualité du jour ; la famille autour du bol de riz, tout heureuse ; toute la famille réunie, au cœur d’un jeu de société, le bonheur dans l’air.

Ces clichés me reviennent

Deux, trois ans plus tard, le décor change : ma mère dans la cuisine, silencieuse, la mine triste, le visage renfrogné et la peur dans son regard ; mon père au balcon, téléphone à la main, en discussion avec d’autres ; nous, enfants, errions, ne sachant de quel côté nous mettre.

Peu à peu, les disputes prennent le pas sur le silence bavard. Je voulais croire que c’était normal, que tous les parents se disputaient. Des voix stridentes, des cris, des propos déchirants. Papa s’isolait, devenait agressif et dur avec maman.

Mais il restait toujours un père aimant pour nous, ses enfants. Je me rappelle qu’au tout début, ils s’enfermaient pour se disputer, puis les scènes se passaient sous nos yeux.

Papa a commencé à être maltraitant avec maman qui était devenue dépressive et perdait petit à petit la joie de vivre. Chacun nous prenait à part, nous expliquait les raisons de leurs disputes, chargeait l’autre. Nous les aimions tous les deux. Qui des deux croire, pour qui des deux prendre parti ?

Le jour du drame

Ma présence n’a pas arrêté le geste de mon père. Le jour de la dernière dispute, maman a demandé le divorce et papa ne l’a pas accepté. Mais ce soir-là, tout a dérapé. Il lui a donné un coup de hache devant moi, ma sœur était dans sa chambre.

Pour la première fois, je voyais,en vrai, une hache ; je voyais ma mère agoniser, la tête ensanglantée ; je voyais mon père dans un état second. Moi, en pleurs, je remuais le corps de ma mère, mais son corps était froid et ses yeux ne bougeaient plus. Je la secouais au moment où papa était là, debout, les mains tremblantes. Je me souviens l’avoir entendu dire, avant de sortir : « Je ne voulais pas. » Mais c’était trop tard.

L’après-drame

Une partie de la communauté ne m’aide pas à me reconstruire. 

En ce moment-là, l’image du père modèle disparaissait. Autour de moi, les voisins et les parents disaient des insanités sur lui sans se soucier de ce que je ressentais : j’étais à la fois colérique, dévasté et très peiné.

Mon mal-être émanait de l’ambivalence d’aimer mon père malgré tout même si je ne le prenais plus pour la personne qu’il était avant et de détester le meurtrier de ma très chère maman J’éprouvais de la colère. L’image de la scène du crime reste toujours présente dès que je ferme les yeux.

Nous sommes orphelins, de père et de mère, seuls au monde, car ma mère repose désormais au cimetière, mon père est en prison, à perpétuité. Ma tante maternelle nous a recueillis. Je découvrais le phénomène du confisage, mais c’était mieux que d’être encore séparé de ma sœur.

Ma tante ne voulait pas aborder le sujet, je la comprenais. Elle était partagée entre la douleur d’avoir perdu sa sœur, victime de violences conjugales et le fait de ne vouloir nous blesser en parlant de notre père, l’auteur de violences, du crime.

Depuis le jour du drame, j’ai cessé d’être un enfant normal : je ne sais plus comment rire, comment sourire, comment jouer. Quand mes camarades parlent de leurs parents, je m’éclipse. Comment leur expliquer mon histoire ?

Papa, pourquoi ? Pourquoi avoir préféré la violence létale au dialogue, au divorce. Pourquoi choisir de détruire notre famille, de changer ma vie ?

Ma vie ? Elle est maintenant faite de questionnements et de regrets. Je me demande si j’aurais pu faire quelque chose pour aider maman ou pour calmer papa.

Chers lecteurs, chers lectrices, je veux que vous sachiez ce que c’est que de perdre sa mère de cette façon ; que la violence n’est jamais la solution ; derrière chaque féminicide, il y a un Abdou, une Fatou, des enfants qui souffrent, des familles brisées, des avenirs sacrifiés, des traumatismes aigus, des vies volées.

Hommes et femmes de ma communauté, je m’adresse à vous, le cœur meurtri et l’espoir fragile. Ma sœur et moi traversons une épreuve qui a bouleversé nos vies à jamais. Aujourd’hui, nous avons besoin de votre soutien pour nous relever et nous reconstruire.

À toi, professionnel des médias

Avant de relater notre histoire, avec photos ou vidéos à l’appui, et au détail près, mets-toi à notre place. Pense à l’impact de tes mots, de tes images. Raconte avec humanité, sans sensationnalisme, sans exposer notre histoire dans les moindres détails. Nous ne sommes pas un objet de buzz, mais des êtres humains en souffrance, des dommages collatéraux, des victimes de plus.

À toi, internaute

Quand tu partages, commentes ou réagis en ligne, pense à l’avenir. Dans 15 ou 20 ans, nous serons peut-être “googlisés” lorsque nous postulerons à un emploi ou que nous chercherons à avancer dans la vie ou à nous marier. Un clic a une force qui peut avoir de lourdes conséquences dans le temps. Ne joue pas avec nos données personnelles. Elles nous appartiennent et elles sont sensibles.

À vous, ONG, OCB, OSC, porteurs de voix, défenseurs des droits humains, des droits des femmes et des enfants…

Ne vous contentez pas de dénoncer le féminicide ou de condamner l’acte. Accompagnez-nous concrètement. Offrez-nous un soutien psychologique, une aide pour avancer, pour guérir. Nous avons besoin d’actions qui nous aident à retrouver une vie normale.

À vous, mes parents, mes voisins, mes camarades

Ne nous stigmatisez pas. Nous ne sommes pas responsables de ce qui s’est passé. Notre père a tué notre mère, mais il a aussi tué une partie de nous. Et cela, personne ne pourra jamais le réparer. De grâce, ne nous achevez pas.

Je veux que ma sœur et moi puissions avancer sans être définis par cette difficile épreuve, cette tragédie. Aidez-nous à reconstruire nos vies, à retrouver l’espoir et la paix interne.

Merci de nous lire, de nous comprendre, de nous entendre, de nous voir à travers ces lignes, de nous sentir et de nous soutenir. »

Auteur: Cheikh Camara (Correspondant à Thiès)
Publié le: Vendredi 26 Décembre 2025

Commentaires (6)

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    Trga il y a 19 heures
    Bof une légende
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    Samba il y a 19 heures
    Une histoire inventee de toute piece pour le sensationel. Meme si on est tous d accord que le feminicide a beaucoup augmente ' ces derniers temps
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    Hé! il y a 18 heures
    J'ai eu la même impression avec ce texte hyper long. Lecture pas terminée, description trop loin de nos réalités. Après oui, il faut dire stop à ces féminicides.
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    Hé! il y a 18 heures
    J'ai eu la même impression avec ce texte hyper long. Lecture pas terminée, description trop loin de nos réalités. Après oui, il faut dire stop à ces féminicides.
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    Thaam il y a 17 heures
    Un lourd tribu on dit pas tribut. Corriger vite c'est une vraie honte. Il faut écrire l'article en wolof si vous ne metrisez pas le français.
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    L'homme fort il y a 16 heures
    Bof rien que des légendes
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    Dibo il y a 16 heures
    Corrigez

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