Lutte contre la corruption, libertés publiques et gouvernance : Alassane Seck plaide pour une justice forte et des réformes urgentes
Le président de la Ligue sénégalaise des droits de l’homme (LSDH), Alassane Seck, s’est exprimé sur plusieurs sujets brûlants de l’actualité nationale : la traque des délinquants financiers, la situation économique, les inondations et l’état des libertés publiques au Sénégal. Invité du Jury du Dimanche sur iRadio, il a livré un diagnostic sans complaisance et des propositions concrètes.
Lutte contre la corruption : Le rôle clé du CENTIF
Alassane Seck salue l’action de la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF), qu’il considère comme un outil essentiel pour lutter contre le blanchiment et les détournements de fonds publics. « Le CENTIF est là pour traquer les délinquants financiers. Les banques signalent les opérations suspectes, et il suffit d’avoir la traçabilité pour se justifier », a-t-il rappelé. Selon lui, la vigilance doit être permanente, surtout dans un pays où « des milliards peuvent disparaître alors que des malades meurent faute de soins ou d’équipements médicaux ». « Quand on parle de milliards détournés, il faut se rendre compte que ce sont des vies qu’on met en danger. C’est criminel », a-t-il martelé, saluant les efforts du Pôle judiciaire financier (PJF) et appelant à « plus de rigueur et de transparence dans la gestion publique ».
Situation économique : Une transition difficile, mais nécessaire
Sur le plan économique, M. Seck reconnaît que la période de transition entre l’ancien et le nouveau régime est marquée par des ajustements douloureux, mais il reste optimiste. « C’est une transition, il y a forcément des turbulences. Mais les salaires et les pensions sont payés, les institutions fonctionnent. C’est un signe de stabilité », a-t-il estimé. Il note toutefois un ralentissement dans certains secteurs, notamment le BTP, en raison de la prudence financière actuelle. « Il y a eu un blocage temporaire dans le foncier et le bâtiment, mais cela ne devrait pas durer. Il faut relancer rapidement les chantiers pour que l’économie tourne. »
Inondations et dérèglement climatique : « Ce n’est pas qu’une question de gouvernement »
Interpellé sur la récurrence des inondations, notamment à Touba, Matam et Bakel, le défenseur des droits humains appelle à une lecture réaliste du phénomène. « Les inondations ne datent pas d’aujourd’hui. J’ai vu Abdoulaye Wade, en 2000, prendre une pirogue pour visiter des zones inondées. C’est un problème structurel, amplifié par le dérèglement climatique », a-t-il déclaré. Pour lui, la mauvaise planification urbaine a aggravé la situation à Touba et dans d’autres zones. « Touba est devenue une mégapole sans plan d’assainissement. Les gens s’installent où ils veulent. C’est le résultat de décennies de laisser-faire. » Il invite à éviter la politisation des catastrophes naturelles. « Les inondations ne doivent pas être instrumentalisées politiquement. Même les grandes puissances comme la France, la Chine ou les États-Unis subissent les effets du changement climatique. »
Libertés publiques : « Les réformes tardent, et c’est inquiétant »
Sur le terrain des droits humains, Alassane Seck exprime une profonde inquiétude face aux convocations répétées d’activistes et de journalistes, qu’il considère comme un signal négatif. « Nous attendions plus de liberté, plus de justice. Mais depuis le changement de régime, nous constatons un retard dans les réformes promises », a-t-il déploré. Il pointe l’absence de nouvelles lois sur la détention, la liberté d’expression et la protection des défenseurs des droits humains. « Le code pénal n’a pas été modifié depuis 2016. Nous attendons la création du juge de la liberté et de la détention, ainsi que des lois protégeant les lanceurs d’alerte et les défenseurs des droits humains. » Tout en reconnaissant que « certains abus de langage » sur les réseaux ou dans les médias doivent être encadrés, il insiste sur la nécessité d’un équilibre. « La liberté d’expression s’arrête là où commence celle des autres, mais elle doit être garantie par des lois claires et modernes. »
Sur le remaniement ministériel et la question de la mendicité : « Tolérance zéro, mais dans la dignité »
Alassane Seck salue l’engagement du nouveau ministre de l’Intérieur, Bamba, tout en appelant à des politiques sociales pour accompagner les décisions comme la lutte contre la mendicité. « Je soutiens la tolérance zéro contre la mendicité, surtout celle des enfants. Mais il faut aussi des alternatives sociales et éducatives. On ne peut pas chasser sans accompagner », a-t-il conclu.
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Est il un militant de PASTEF ?
: Ce que réclame le peuple, Alassane Seck l’a dit haut et fort
Quand Alassane Seck parle, ce n’est pas seulement en tant que président de la Ligue sénégalaise des droits de l’homme. Il parle avec les mots que des millions de Sénégalais murmurent chaque jour : justice, transparence, dignité.
Il rappelle que « des milliards peuvent disparaître alors que des malades meurent faute de soins ou d’équipements médicaux ». Ce cri, c’est celui du peuple. Celui qui voit les hôpitaux en ruine pendant que certains s’enrichissent en silence. Celui qui sait que « quand on parle de milliards détournés, ce sont des vies qu’on met en danger ». Et oui, c’est criminel, comme il le dit.
Il appelle à « plus de rigueur et de transparence dans la gestion publique ». Ce n’est pas une revendication technique, c’est une exigence populaire. Le peuple ne veut plus de promesses, il veut des comptes. Il veut que ceux qui ont pillé soient jugés, et que ceux qui gouvernent le fassent avec intégrité.
Sur les inondations, il dénonce « des décennies de laisser-faire ». Là encore, il parle pour tous ceux qui vivent les pieds dans l’eau, année après année, sans plan d’assainissement, sans secours, sans dignité. Il dit que « les inondations ne doivent pas être instrumentalisées politiquement ». Le peuple veut des solutions, pas des slogans.
Et sur les libertés publiques, il est clair : « Nous attendions plus de liberté, plus de justice ». Mais les réformes tardent, les convocations abusives se multiplient, et le silence devient inquiétant. Le peuple veut des lois modernes, un juge de la liberté, une protection pour les lanceurs d’alerte. Il veut que la démocratie soit réelle, pas théorique.
Enfin, sur la mendicité, il dit : « Tolérance zéro, mais dans la dignité ». Voilà le mot juste. Le peuple ne veut pas de répression aveugle, il veut des politiques sociales, des alternatives, de l’humanité.
En somme, Alassane Seck n’a fait que traduire ce que le Sénégal profond réclame depuis longtemps : une justice forte, des réformes urgentes, et un État qui respecte ses citoyens. Ce n’est pas un discours militant, c’est un miroir tendu à ceux qui gouvernent.
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