L’Etat viole-t-il ses propres lois ? En ne prenant pas les dispositions pour faire respecter la législation en vigueur sur la mendicité des enfants, l’Etat du Sénégal se retrouve au banc des accusés après le drame qui a secoué tout un pays avec la mort dans des conditions atroces de 9 talibés dont le daara a pris feu dimanche soir.
Combien d’établissements de ce type existent à Dakar et dans les régions du Sénégal ? Qui connaît leur nombre exact ? Autant d’interrogations sur lesquelles les autorités de l’Etat devront apporter des réponses, pour éviter de s’attirer les foudres des organismes de protection de l’enfance et des droits de l’enfant.
A la Médina, le bilan aurait pu être plus lourd, étant donné le nombre de personnes qui occupaient les lieux lorsque le feu s’est déclenché.
En effet, l’Etat du Sénégal n’a pas seulement violé ses propres lois, il a aussi porté une entorse à la Convention internationale des droits de l’Enfant, notamment l'Article 19, alinéa 1 de ladite convention selon laquelle l’Etat doit protéger tout enfant mineur « contre toutes les formes de violence et de brutalités physiques ou mentales (…), contre l'abandon, la négligence, les mauvais traitements, l'exploitation et la violence sexuelle », que l’enfant soit sous la garde de ses parents ou toute autre personne. Car laisser des enfants (âgés entre 6 et 13 ans) dormir dans des baraquements de ce type, les expédier dans la rue, relève de la négligence, de la maltraitance, de la violence à certains égards.
Quant au maître coranique, placé en garde-à-vue pour les besoins de l’enquête, il est passible de cinq ans d’emprisonnement comme le prévoit l’article 3 de la Loi du 19 avril 2005 : «Quiconque organise la mendicité d’autrui en vue d’en tirer profit, embauche, entraîne ou détourne une personne en vue de la livrer à la mendicité ou d’exercer sur elle une pression pour qu’elle mendie ou continue à le faire est puni d’un emprisonnement de 2 à 5 ans et d’une amende de 500.000 francs à 2.000.000 francs ». Des textes de loi qui, s'ils étaient appliqués, auraient peut-être épargné les vies de ces mineurs qui ont péri dans l'incendie de leur daara (école coranique) dans le quartier de la Médina.
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