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Migration irrégulière : 74 mis en cause déférés au Parquet financier, le CILMI constate une tendance à la baisse

Auteur: Mor Mbaye CISSE

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Migration irrégulière : 74 mis en cause déférés au Parquet financier, le CILMI constate une tendance à la baisse

Dans la lutte contre la migration irrégulière, les autorités sénégalaises marquent des points importants. Selon le Contrôleur Général de Police, Dr Modou Diagne, Secrétaire Permanent du Comité interministériel de lutte contre la migration irrégulière (CILMI), 74 personnes impliquées dans le trafic illicite de migrants ont été interpellées et déférées devant le pool judiciaire financier.

Des chiffres qui contredisent les perceptions

Contrairement aux impressions véhiculées, les statistiques révèlent une tendance à la baisse remarquable de la migration irrégulière au départ du Sénégal. «Je ne pense pas que ça prenne de l'ampleur si réellement on scrute les chiffres et qu'on compare l'année 2024 à cette année », affirme-t-il, lors d'un atelier de formation sur « le rôle des médias dans la prévention du trafic illicite de migrants selon une approche basée sur les droits humains », tenu à Saly.

Les données sont éloquentes : à la même période en 2024, 3 606 personnes avaient été interpellées au Sénégal contre 2 965 cette année, soit une diminution de plus de 600 candidats au départ. Plus frappant encore, le nombre de pirogues interceptées a chuté drastiquement, passant de 718 en 2024 à seulement 39 à la même période cette année.

«C'est pratiquement la moitié si on fait la différence », souligne le responsable du CILMI. Il relativise les récentes interceptions de pirogues par la marine : « C'est vrai, on a vu depuis quelques jours une ou deux pirogues qui ont été interceptées par la marine. C'est peut-être la raison pour laquelle on peut penser qu'il y a une recrudescence. Non, c'est tout à fait le contraire. »

Cette baisse significative résulte des efforts soutenus déployés par l'État du Sénégal sous la coordination du CILMI. Le dispositif mis en place implique plusieurs corps : "la surveillance des frontières qui est faite par la marine nationale, aidée par l'armée, en particulier l'armée de l'air, mais aussi la police nationale, la gendarmerie qui surveillent nos côtes", détaille Dr Diagne.

Cette mobilisation coordonnée a permis d'intercepter de nombreuses pirogues avant leur départ, contribuant ainsi à la baisse générale des flux migratoires irréguliers.

Confirmation aux îles Canaries

La tendance à la baisse se confirme également du côté des arrivées aux îles Canaries, principale destination des migrants partant des côtes ouest-africaines. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : 7 204 migrants subsahariens ont atteint l'archipel espagnol cette année contre 12 103 à la même période en 2024, soit une réduction de plus de 40%.

"Donc vous voyez qu'il y a une baisse, en tout cas, du flux migratoire vers les îles Canaries. Et ça aussi, il faudra mettre à l'actif la réponse qui a été apportée par l'État du Sénégal", se félicite le Secrétaire Permanent du CILMI.

Démantèlement des réseaux de trafiquants

Au cœur de cette stratégie, la lutte contre les réseaux criminels porte ses fruits. "Les 74 personnes déférées devant le pool judiciaire financier sont des convoyeurs, des passeurs. En tout cas, tout ce qui participe à ce trafic illicite de migrants et qui facilite vraiment le départ de ces jeunes, de ces femmes vers l'Europe", précise Dr Modou Diagne.

Ces trafiquants exploitent la vulnérabilité des candidats au départ qui "défient la mort, parce que c'est dans des conditions extrêmement difficiles qu'ils voyagent aussi bien par la mer que par le désert".

Un phénomène préoccupant mérite attention : face au renforcement de la surveillance des côtes sénégalaises, les candidats au départ se reportent vers les pays voisins. "Même les pirogues qu'on a interceptées dernièrement n'ont pas pris départ au Sénégal. Donc, ils ont pris départ en Gambie", observe le responsable du CILMI.

Cette stratégie d'évitement pousse de nombreux Sénégalais à se déplacer "vers soit la Gambie, soit la Guinée, ou bien la Mauritanie pour prendre départ". Une réalité qui souligne l'importance de la coopération régionale.

Conscientes de cette dimension transfrontalière, les autorités sénégalaises renforcent la coopération avec les pays voisins. Dr Diagne révèle : "Il y a eu deux accords de coopération qui ont été signés entre l'État du Sénégal et la Mauritanie, dans la lutte contre la migration irrégulière, mais aussi la traite des personnes. »

L'objectif est de créer un réseau sous-région pour "apporter une réponse commune, une complémentarité dans la lutte contre la migration irrégulière". Car comme le souligne le responsable du CILMI, «Si on parvient en tout cas à leur barrer la route ici, ils pourront, comme ce sont des ressortissants de la CEDEAO, aller dans d'autres pays pour partir. »

La stratégie ne se limite pas aux seules mesures répressives. "C'est pourquoi il est aussi important de mettre en œuvre la stratégie nationale, de faire de sorte que les populations soient bien informées des dangers qu'ils vont encourir", insiste-t-il.

Cette approche préventive vise à "expliquer les alternatives que l'État du Sénégal a mises en place pour les aider à se former, à avoir une formation certifiée, à avoir un métier, mais aussi pouvoir travailler au Sénégal, y rester, y travailler, et ne pas avoir besoin de risquer sa vie pour aller en Europe".

Des dangers réels jusqu'en Europe

Les récents événements en Espagne, où des migrants ont été poursuivis pour des soupçons d'exactions commises sur d'autres voyageurs, illustrent les dangers qui persistent même après la traversée. "C'est l'occasion d'attirer encore plus l'attention de ces jeunes, de ces femmes, qui partent sur les dangers qu'il y a tout au long de la traversée", conclut le Contrôleur Général Diagne.

Auteur: Mor Mbaye CISSE
Publié le: Jeudi 25 Septembre 2025

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