Avec le récent durcissement de la politique d’immigration en Turquie, les Sénégalais vivant dans ce pays s’exposent à des contrôles sévères pouvant déboucher à des expulsions. «Nous vivons dans la peur, expose dans L’Observateur du lundi 30 juin Alioune Moustapha Diop, qui vit à Istanbul. Chaque jour, nous craignons d’être arrêtés, humiliés, expulsés. Cette situation est insoutenable; nous demandons à l’État sénégalais d’intercéder en notre faveur.»
Pourtant lors de sa visite en Turquie, du 31 octobre au 2 novembre 2024, le chef de l’État, Diomaye Faye, s’était engagé à trouver une solution au problème. «Le Président Faye nous avait annoncé la venue d’une commission mixte pour poursuivre les discussions [avec les autorités turques]. Celle-ci était censée arriver en décembre, mais depuis, silence radio», regrette Daouda Sow, un commerçant sénégalais établi à Istanbul. Ce dernier faisait partie de la délégation qui avait rencontré le président de la République, souligne L’Observateur.
«Nous ne demandons pas des privilèges, mais juste des conditions qui respectent notre dignité humaine. Nous voulons la régularisation», plaide Alioune Moustapha Diop.
L’opératrice économique Fatou Fall est la présidente des femmes sénégalaises de Turquie. Établie dans le pays depuis 2009, elle confie à L’Observateur avoir assisté au basculement de la politique d’immigration d’Ankara. «On nous a ôté notre liberté, déplore-t-elle. Je suis ici depuis 16 ans dont 10 passés sans papiers. Avant, on pouvait circuler, travailler, vivre. Mais depuis deux ans, tout s’est effondré. Nous sommes confinés, acculés, traqués. Les Turcs estiment que nous leur volons leurs emplois.»
En guise d’exemple, Fatou Fall raconte qu’«une Sénégalaise a été arrêtée avec ses jumeaux de moins de trois ans» alors que «son mari était en déplacement au Sénégal». «Même avec un titre valide, on n’est plus en sécurité», appuie Daouda Sow. «Les expulsions se multiplient, même pour ceux établis depuis dix ou vingt ans», embraye la présidente des femmes sénégalaises de Turquie.
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