Face à la raréfaction des ressources halieutiques dans les zones côtières et insulaires du Sénégal, les acteurs du secteur de la pêche se mobilisent. À l’occasion d’un atelier tenu dans le cadre du projet Natur’Elles, autorités, organisations de pêcheurs, représentants de la société civile et partenaires techniques se sont réunis pour réfléchir ensemble à des solutions durables et inclusives.
Initiée par Socodevi et ses partenaires, l’initiative Natur’Elles vise à promouvoir la protection des mangroves et la conservation des écosystèmes dans les aires marines protégées.
"Ces zones sont habitées principalement par des communautés de pêcheurs, dont la survie dépend de la mer. Mais les ressources halieutiques deviennent de plus en plus rares. C’est pourquoi nous avons voulu un espace de dialogue où chaque acteur peut contribuer à bâtir un avenir durable pour ces territoires", explique Frédérique Thomas, directrice pays de Socodevi au Sénégal.
Une urgence partagée
Pour Diaba Diop, présidente du Réseau des femmes pour la pêche artisanale au Sénégal (Refepas), le constat est clair: les acteurs sont conscients de la raréfaction des ressources halieutiques. Elle souligne aussi l’impact disproportionné de cette crise sur les femmes, notamment dans les îles du Saloum et de la Casamance.
"Ce cadre de concertation va nous permettre d’élaborer des mécanismes concrets pour favoriser la reproduction des espèces marines et préserver nos écosystèmes. Les femmes sont en première ligne. C’est pourquoi, il est essentiel qu’elles soient pleinement impliquées dans les décisions et la mise en œuvre de solutions", explique Diaba Diop.
Des mesures en place, mais un renforcement nécessaire
Le directeur de cabinet du ministre des Pêches, Mamadou Goudiaby rappelle que des structures existent déjà, comme les conseils locaux de pêche artisanale.
"Ce sont des outils de gouvernance participative qui permettent une meilleure gestion locale. Mais pour être efficaces, nous devons travailler en synergie avec d’autres ministères, notamment celui de l’environnement", assure M. Goudiaby.
Il alerte également sur l’usage des filets monofilaments, responsables de nombreuses destructions dans les fonds marins.
"Ce type de filet, non sélectif et non biodégradable, est interdit par la loi. S’il est abandonné en mer, il continue à piéger les espèces : c’est ce qu’on appelle la pêche fantôme", dit-il.
Les acteurs s’accordent sur la nécessité d’un changement de paradigme : la durabilité doit être au cœur des politiques de pêche. Le projet Natur’Elles ambitionne ainsi de poser les bases d’un nouveau système de gestion des ressources halieutiques, fondé sur l’inclusion, la responsabilité collective et la résilience face aux changements environnementaux.
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