Trouver dans les lieux de beauté des hommes, le regard rivé sur la tête des femmes en train de les coiffer ou en train de leur poser des ongles ou cils, de faire dans la pédicure ou manucure, est un spectacle qu’intègre désormais la société sénégalaise. Des établissements qu'ils partagent avec un personnel féminin, chacun rivalisant de talent pour transformer les clientes venues se faire belles en de véritables reines. Installant ses quartiers sur le Boulevard du général de Gaulle, Mouhamed Ly, la vingtaine, est très connu des jeunes filles pour ses services en pédicure, manucure et pose-ongles. «C'est un Sierra-Leonais qui m'a formé dans ce métier. J'étais commerçant avant et j'ai fait aujourd'hui 3 ans dans ce secteur», raconte Mouhamed.
Se prévalant d'une expérience dans ce secteur, Mouhamed Blondin Diop, plus connue par les jeunes dames sous le nom de Ameth, raconte : «J'étais marchand ambulant avant d'embrasser ce métier. C'est un homme du nom de Lèye Ndiaye qui m'a appris ce métier pendant un an. J'étais à Ouagou-Niayes avant de venir au marché des Hlm. Je m'en sors bien et je ne subis pas la concurrence parce que j'ai ma propre clientèle qui vient tous les jours».
Les hommes souvent taxés d'homosexuels
Seulement, ces hommes sont souvent pointés du doigt. Des stéréotypes que Seck Ndanane connaît bien pour les avoir vécus. «J'ai eu beaucoup de problèmes au début, car certaines personnes me taxaient d'homosexuel et de tous les noms d'oiseaux», explique-t-il, précisant : «parfois, mes cousins ne taquinent en me traitant d'homosexuel». Nullement gêné par ces réactions, il confie : «cela ne m'a pas découragé car mon objectif est de réussir et il n'y a pas de sot métier, c'est mieux que de voler ou agresser. C'est un métier comme les autres».
Ces hommes doivent également faire avec la jalousie de leurs femmes et petites-amies. C'est même une source fréquente de malentendus entre Ameth et son épouse. «Ma femme fait souvent des crises de jalousie quand je fais du service à domicile», avoue-t-il. Trouvant que cela n'a pas lieu d'être, il se défend : «J'évolue dans mon travail parce que j'y crois et je parviens à aider ma famille avec ce que je gagne».
Pour ne plus voir sa copine faire des scènes de jalousie, Seck Ndanane a été contraint de renoncer quasiment au service à domicile. Il confesse en effet ne le faire désormais que très rarement pour ne pas susciter la colère de sa copine qui n’apprécie guère de le voir entouré de femmes.
Les hommes sont plus créatifs que les femmes
Pour sa part, Ibou, très enthousiasmé par son travail, révèle vivre une situation tout autre, puisqu’il rencontre quelques difficultés. «Maintenant, je ne tresse plus qu'à domicile. Parce qu'ici, nous sommes dans les rues, si quelqu'un passe et te trouve en train de tresser une dame, il te traite de tous les noms. C'est pourquoi j'ai préféré faire les greffages à domicile», dit-il. Aussi, il souligne que «les étrangers qui sont dans le métier sont beaucoup favorisés. Il y a aussi le fait que le gouvernement ne nous aide pas. Nous sommes vraiment marginalisés et il faut que cela cesse».
Mme Mbow, une jeune dame de teint clair, trouvé dans un salon en train de se faire les ongles, avoue sa préférence pour les hommes. «Parce que, confesse-t-elle, les hommes sont plus créatifs que les femmes». Poursuivant, elle précise : «les femmes prennent souvent ce travail comme un passe-temps. Alors que les hommes, eux le prennent comme leur métier. Ils sont plus aimables et plus sérieux dans leur service».
A côté d'elle, Adja qui vient de finir de se faire poser des ongles tient le même discours. «Les hommes font aussi bien leur travail que les femmes. Et ils sont ouverts et sans caprice», affirme-t-elle.
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