Bébé Modou attend toujours d'être évacué en Europe pour se faire soigner. Mais son dossier commende à susciter moult polémiques. Hier, c'est un émigré du nom d'El hadji Sow qui s'est retrouvé dans les locaux de la Division des investigations criminelles (Dic) pour s'expliquer avec la famille de l'enfant qu'il souhaite évacuer en Italie. Dans l'entretien qui suit, El hadji Sow met en garde contre ceux qui, selon lui, font du business sur le dos de l'innocent Bébé Modou.
Walf Grand-Place : Comment êtes-vous arrivé à prendre en charge l'enfant Bébé Modou ?
El Hadj Sow : Je vis à Milan en Italie depuis 1990. Le cas de Bébé Modou est devenu un international. Cela fait des années que nous menons des actions humanitaires dans le cadre d'une association. J'ai appris la maladie de l'enfant à travers les médias. Sur demande de mes enfants qui ont été touchés par la chanson de Carlou D, j'ai décidé de faire un geste pour sauver Modou. Cela fait trois mois. Mon jeune frère Thierno Sow, qui vit à Milan, a pris le dossier en charge. Il entretient d'excellents rapports avec des Italiens évoluant dans l'humanitaire.
Qu'est-ce que vos enfants vous ont-ils dit ?
Comme notre regroupement a déjà fait des actions de ce genre, ils m'ont supplié de faire un geste. La chanson de Carlou D les a tellement émus qu'ils l'ont mis en sonnerie. Grâce à Dieu, nous avons réuni les papiers en deux mois.
Comment êtes-vous entré en contact avec la famille de Bébé Modou ?

Grâce à des connaissances. C'est un ami de son oncle qui vit en France qui me l'a remis. Je précise que celui-ci a été absent pendant tout le temps que je faisais les démarches. Puisque je voulais proposer le dossier à mes partenaires avec qui je fais du social. Ils nous aident beaucoup avec les dons d'ambulances pour transporter les handicapés, les motopompes, les fournitures pour les élèves...
Combien de personnes avez-vous évacuées ?
Bébé Modou devrait être la 3e personne. Malheureusement, le 2e qui avait des problèmes d'administration pour ses papiers au Sénégal est décédé le jour même où il devait quitter. Mbaye Doudou avait 11 ans. Il avait un problème de cœur.
Racontez-nous le cas de Bébé Modou ?
Modou, d'après les cartes cliniques, a un problème de respiration. Et il respire grâce à un appareil.
Que s'est-il passé lors de votre premier entretien avec la famille du petit ?
C'est récemment que j'ai eu la chance de parler avec sa famille. Puisque le gosse avec qui on m'avait mis en rapport ne voulait pas que je les fréquente. J'ignore jusqu'à présent les motifs. C'est quand j'ai eu le visa que je me suis dit qu'il est temps que je connaisse la famille et j'ai demandé à les rencontrer. Et, c'est à l'ambassade d'Italie que j'ai demandé le numéro de téléphone de la maman du bébé. À partir de là, j'ai tout fait pour connaître la famille.
Vous êtes venu trois jours avant la Tabaski pour régler le problème ?
À trois jours de la Tabaski, les papiers de l'enfant étaient rassemblés. On nous a libérés pour son évacuation. Je me suis dit qu'il n y a plus de temps à perdre. J'ai essayé en vain de prendre le vol pour le Sénégal. Malheureusement, on était à la veille de la fête. J'avais comme solution de prendre la route.
Que sait-il passé à votre arrivée ?
À mon arrivée, j'ai essayé de contacter le soi-disant porte-parole de la famille. J'ai demandé ce qu'ils avaient déjà comme papiers. Je faisais ainsi la navette entre Grand Dakar, Diamalaye, l'ambassade d'Italie. Ce n'était pas facile, car son oncle qui gérait le dossier n'était pas là.
Et qu'est-ce qui s'est passé pour que vous décidiez de parler à la presse ?
Depuis hier, ça commence à chauffer.
Comment ?
Je ne comprends pas cette famille. Figurez-vous qu'ils ont demandé de l'aide, les gens ont répondu. Ils refusent de laisser le bébé partir sous prétexte qu'ils attendent son oncle.
Quand viendrait-il? Qui leur a dit que Dieu les attendra ?
On ne sait jamais. J'ai fait toutes les courses de ma propre poche. Alors qu'ils ont gardé des millions dans le compte du bébé. Vous êtes au courant qu'il y a des gens qui versent de l'argent. Je leur suggère d'arrêter de virer de l'argent dans le compte. Trop, c'est trop.
Vous avez été à la Division des investigations criminelles hier ?
Une connaissance m’a téléphoné pour me demander de venir régler à l'amiable le différend. À mon arrivée, j'ai trouvé la famille. À notre sortie, on est allé à la Dic. Les gens ont tenté de me sermonner.
Et vous avez refusé de leur remettre le visa ?
Le commissaire a reconnu que j'avais raison. Il m'a dit : «Ils ne veulent pas. Laissez leur avec le bébé, vous vouliez faire du bien, mais...» L'enfant avait besoin de 49,7 millions.
Vous êtes parvenu à régler cela ?
Ce n'est pas nous qui le faisons. C'est la Croix (association humanitaire italienne, ndlr) qui doit tout subventionner. Bébé Modou devait venir en Italie, subir une opération en 45 jours ou un mois et retourner. Ces gens continuent à demander de l'argent. Je ne sais pas pour eux, mais des gens font du business sur cette affaire.
Qui par exemple ?
On a entendu des gens organiser des cérémonies pour cela. Il y en a qui vendent des tee-shirts. D'autres qui font une collecte.
Votre association va perdre les 39 millions investis pour soigner Bébé Modou ?
Je ne sais pas, mais prions pour que l'argent ne soit pas perdu. Mais là, n'est pas notre problème. Notre problème, c'est que chaque financement qu'ils font, ils nous donnent des papiers parce que c'est exigé de l'ambassade d'Italie pour pouvoir autoriser l'enfant à voyager.

VIEUX CAMARA, PORTE-PAROLE DE LA FAMILLE « El Hadji Sow est louche avec ses larmes »
Pour recueillir la version de la famille sur les accusations d'El hadji Sow, nous avons joint par téléphone la tante de Bébé Modou. Au bout du fil, Ndèye Khar Ndiaye nous remet le numéro de leur porte-parole. Vieux Camara de son nom n'a pas pris des gants de velours pour s'adresser à El Hadji Sow. « Quel intérêt a-t-il pour vouloir emmener l'enfant coûte que coûte ?», s'interroge Camara. Qui poursuit : « Il n’a rien compris. Le petit a des problèmes de respiration, ce qui veut dire qu'il ne peut pas se déplacer sans un médecin Orl où sa tante à qui on a expliqué les techniques de réanimation,» Aussi, regrette Vieux, «Sow nous a demandé dès son arrivée, l'argent qu'on avait récolté. Ce qui m'a semblé bizarre. On a vu que 9 millions, ce qui ne fait même pas le quart de la somme dont on a besoin, L'émigré nous a demandé de payer les billets et la caution pour les frais d'hospitalisation, l'assurance médicale ».
Interrogé sur la convocation a la Division des investigations criminelles (Dic) de l'émigré, Vieux Camara confie : «On ne l'a pas conduit à 1a Dic pour l'intimider. On voulait juste trouver des solutions histoire de lever les malentendus. Je ne peux pas prendre le risque de laisser l'enfant partir sans un médecin. On lui a demandé de nous donner 10 jours, le temps que son oncle revienne de voyage.
Pourquoi nous forcer jusqu'à pleurer comme un enfant ?C’est parce qu'il existe des choses pas très claires. Si l'ambassade délivre un visa au médecin ou à sa tante, ils partiront le lendemain. Vraiment, il est louche. Si réellement il ne veut que faire du bien, pourquoi a-t-il pleuré hier au commissariat ?».
MOUSLY DIAKHATE, DEPUTE «Les frères Sow sont très respectés en Europe»
Responsable politique, Mously Diakhaté nous a joint par téléphone pour faire un témoignage sur celui qui voulait sauver Bébé Modou. «On habite ensemble à Yarakh, les fières Sow sont très respectés en Italie où ils font du social dans une association humanitaire créée depuis 1964. Ils ont déjà évacué 2 enfants dont une fille du nom de Awa Dia qui souffrait de crise cardiaque. J'ai été obligée d'aller leur rendre visite à mon retour. Ils ont offert un véhicule de 9 places à la mairie,». «L’Etat n'a pas répondu à l'appel de la famille de Bébé Modou. Alors si d'autres personnes le font, elles doivent être les bien venues», laisse entendre le député de l'Alliance jëf-Jël.
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