« Macky doit couper le robinet aux rebelles de la Casamance s’il veut mettre un terme à la crise ». L’avis est du guide religieux mouride, Serigne Abdou Latif Diène. Le marabout, chef de parti, accuse Wade d’avoir marchandé le silence des armes à coups de millions tous les mois au détriment des finances sénégalaises. « Wade a financé, nourri et armé la rébellion sans le savoir ». « Si la crise en Casamance a atteint aujourd’hui des proportions aussi titanesques, c’est parce que l’Etat du Sénégal n’a jamais osé dire non aux pressions venant des rebelles.
Abdoulaye Wade a fait l’erreur monumentale de marchander une paix de façade en décaissant des millions de francs Cfa tous les mois, pour éviter que des citoyens Sénégalais ne soient tués. En acceptant de céder au chantage et aux pressions, le président de la République sortant a alimenté, sans qu’il ne s’en rende compte, les rebelles, en leur donnant de quoi se nourrir, acheter des armes, massifier leurs rangs. C’est comme si c’est Wade qui était leur bailleur. Les chefs rebelles avaient des salaires comme des fonctionnaires de l’Etat. Autrement dit, le régime sortant à fait de la rébellion un tremplin fort agréable, et de la fonction rebelle un gagne-pain fort juteux », confie Serigne Abdou Latif Diène dans l’entretien qu’il nous accorde. Le secrétaire général du parti « Jamm Ak Khéwal » se dit désoler de constater que c’est le Sénégal lui-même, qui a renforcé en capacité son ennemi.
Ainsi, préférera-t-il attirer l’attention du nouveau chef de l’Etat, le président Macky Sall, sur la question. A l’en croire, « Macky souffrira des mêmes travers que son prédécesseur s’il acceptait de convoyer, lui aussi, des mallettes d’argent pour le compte des chefs rebelles ». « Il gagnerait à s’opposer à leur émancipation. Pour ce, il doit leur couper le robinet, accepter la confrontation avec l’aide de la communauté internationale, s’il le faut ». Autre chose développée par le chef religieux : l’affaire des terres de Pout opposant la famille de Serigne Saliou Mbacké au milliardaire nigérian Aliko Dangote. A l’en croire, c’est une injustice qui a été réparée par la Cour d’Appel. « C’est Wade qui a entretenu le flou en laissant les choses atterrir sur la table du juge, alors qu’il avait lui-même octroyé ses terres au regretté Khalif Mouride ». Il finira par souhaiter que la cassation confirme la décision de la Cour d’Appel.
Mama Moustapha MBAYE (Correspondance)
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