Les données de l’Enquête sur l’Emploi, la Rémunération et les Heures de travail (EERH) publiées par l’ANSD pour l’année 2024 confirment une réalité persistante dans le secteur moderne hors administration publique les hommes représentent encore 74,2 % des employés permanents. Ce déséquilibre apparent masque pourtant des évolutions significatives dans certains segments de l’économie formelle.

La santé, les services financiers et les activités scientifiques connaissent une féminisation croissante. Les femmes y occupent respectivement 47,6 %, 45 % et 43,3 % des postes permanents. Ces chiffres, bien supérieurs à la moyenne globale, traduisent une recomposition silencieuse du paysage professionnel, portée par des secteurs à forte valeur ajoutée, en transformation rapide et souvent plus ouverts à la mixité.

Cette dynamique ciblée s’inscrit dans un contexte plus large de redéfinition des compétences. L’expansion des services, la numérisation des procédures et les besoins accrus en expertise renforcent la demande dans les métiers traditionnellement plus accessibles aux femmes diplômées. Le résultat est un rééquilibrage progressif dans les filières les plus résilientes de l’économie, sans pour autant faire basculer l’ensemble du marché.

Ce contraste entre domination masculine globale et percée féminine sectorielle invite à repenser les indicateurs. L’analyse des moyennes nationales ne suffit plus à saisir la complexité des transformations en cours. La féminisation du travail salarié ne suit pas une logique uniforme, mais plutôt des foyers de mutation liés à la nature des compétences, à la culture organisationnelle et aux politiques de recrutement des entreprises.

Les enjeux à venir porteront sur la capacité à étendre ces progrès à d’autres domaines, notamment l’industrie ou la construction, encore largement masculinisés. Mais ces signaux sectoriels ouvrent la voie à des politiques plus ciblées, fondées sur les réalités professionnelles plutôt que sur des approches globales souvent peu opérantes.