Ziguinchor : Les habitants d’Agnack-Petit dénoncent l’exploitation illégale des terres de Bindialoum Baïnouk
En juillet 2025, le sous-préfet de l’arrondissement de Niaguis, dans le département de Ziguinchor, a émis un arrêté suspendant l’exploitation des terres dans cinq localités, dont Bindialoum Baïnouk, situé dans la commune de Boutoupa-Camaracounda. Cependant, selon des résidents d’Agnack-Petit (commune d’Adéane), originaires de Bindialoum Baïnouk, cet arrêté n’est pas respecté par tous.
Ces habitants affirment que les terres qu’ils ont abandonnées pendant le conflit casamançais, avant de revenir pour les exploiter, continuent d’être utilisées par d’autres occupants, malgré la suspension ordonnée. Ils dénoncent une iniquité dans la gestion de ces terres, historiquement occupées par les Baïnouk, premiers habitants de ce village, désormais intégré à la commune de Boutoupa-Camaracounda suite à l’Acte III de la décentralisation.
Une revendication ancrée dans l’histoire
Bacary Diédhiou, notable d’Agnack-Petit et ancien conseiller municipal pendant vingt ans, explique : « C’est la crise qui nous a forcés à partir. Maintenant que la situation s’est apaisée, nous devons reprendre nos champs pour travailler. » Il ajoute que les habitants d’Agnack-Petit étaient présents à Bindialoum Baïnouk bien avant la création de la communauté rurale, avant même les indépendances. Selon lui, le problème réside dans le sentiment de monopole exercé par certaines populations de Boutoupa-Camaracounda sur ces terres.
Un retour pacifique troublé par des tensions
Famara Kombo, représentant du chef de village d’Agnack-Petit, précise que depuis 2016, un accord avait été trouvé pour répartir les parcelles, permettant une exploitation sans conflit. « Jusqu’à cette année, tout se passait bien. Mais maintenant, on nous accuse, on nous convoque à la gendarmerie, et deux des nôtres sont arrêtés », déplore-t-il. Convoqué lui-même avec d’autres jeunes, il affirme que les habitants d’Agnack-Petit ont respecté l’arrêté du sous-préfet, mais que d’autres continuent d’exploiter les terres. Face à cette situation, ils entendent faire valoir leurs droits pour obtenir justice et équité.
Une indignation face à l’injustice
Lansana Manga, jeune habitant d’Agnack-Petit, s’exprime en wolof pour exiger la libération des personnes arrêtées. Il affirme que ces terres, héritées de leurs ancêtres et abandonnées à cause du conflit, sont illégalement attribuées à des étrangers, y compris des non-Sénégalais. En 2017, un comité avait collecté des documents pour sécuriser l’occupation et l’exploitation de ces terres, dans le but de lutter contre l’émigration irrégulière et d’offrir des perspectives aux jeunes. Mais aucune suite n’a été donnée à cette démarche.
Lansana Manga insiste : « Nous avons respecté l’arrêté du sous-préfet. Mais nous voyons d’autres personnes exploiter ces terres. Nous avons fourni des preuves à la gendarmerie, comme recommandé, mais aucune mesure n’a été prise. Au contraire, ce sont nos pères et camarades qui sont arrêtés et convoqués. »
Les habitants d’Agnack-Petit demandent le respect strict de l’arrêté du sous-préfet par toutes les parties et la libération immédiate de leurs camarades. Ils appellent également à l’application des conclusions des deux réunions tenues avec l’autorité administrative et le maire de Boutoupa-Camaracounda pour garantir une gestion équitable des terres de Bindialoum Baïnouk.
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