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GAINDESAT-1B : Un nouveau jalon discret vers la souveraineté technologique du Sénégal

Auteur: Aicha FALL

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Depuis Montpellier, ce jeudi 19 juin, le professeur Gayane Faye, chercheur associé au CNES et coordonnateur du programme SenSAT, a confirmé les avancées techniques dans la conception du deuxième satellite sénégalais, GAINDESAT-1B. Porté par une équipe d’ingénieurs nationaux, ce projet s’inscrit dans la continuité de GAINDESAT-1A, lancé en 2023, et traduit une volonté assumée d’ancrer le pays dans la filière spatiale émergente africaine.
Conçu dans le cadre du programme SenSAT, avec un appui scientifique international, mais une maîtrise d’œuvre locale, GAINDESAT-1B vise à renforcer les capacités du Sénégal dans des domaines clés : suivi environnemental, planification territoriale, gestion des ressources naturelles et sécurisation agricole. Le satellite, selon les précisions fournies, embarquera une charge utile multispectrale destinée à améliorer la précision des données collectées sur le territoire national.
Au-delà de la portée symbolique, ce projet illustre une orientation stratégique plus large : réduire la dépendance aux données exogènes et accroître l’autonomie dans la production d’informations à haute valeur décisionnelle. À l’heure où la gestion des politiques publiques s’appuie de plus en plus sur la donnée géospatiale – qu’il s’agisse de surveiller l’occupation des sols, anticiper les risques climatiques ou optimiser les cultures – le contrôle des outils de captation devient un enjeu de souveraineté.
Mais cette ambition reste confrontée à plusieurs défis. D’abord en matière de pérennisation des compétences : la maîtrise technologique suppose une infrastructure humaine et matérielle stable, au-delà des effets d’annonce. Ensuite, en matière de financement et de gouvernance : l’écosystème spatial, coûteux et très spécialisé, ne produit pas toujours des résultats immédiats, et son articulation avec les administrations utilisatrices reste encore en cours de structuration.
Le Sénégal rejoint toutefois un cercle encore restreint de pays africains dotés d’une capacité nationale, même partielle, dans la fabrication ou l’exploitation de satellites. Le lancement de GAINDESAT-1B ne modifie pas encore profondément les équilibres technologiques, mais il signale une trajectoire, celle d’un État qui cherche à se positionner dans un secteur à fort contenu stratégique, au-delà des usages symboliques ou diplomatiques.
Reste à voir si cette dynamique s’accompagnera d’un ancrage institutionnel et industriel durable, condition essentielle pour que l’entrée dans l’ère spatiale dépasse le stade expérimental.
Auteur: Aicha FALL

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