Les Sénégalais vivant en Turquie sonnent l'alerte sur leurs conditions d'existence dans ce pays du Moyen-Orient. D'après des témoignages recueillis, les étrangers généralement vivent dans une persécution permanente.
Vieux Traoré est un Sénégalais qui a fait 12 ans en Turquie. Joint par téléphone, il constate avec amertume le traitement dégradant des étrangers. "Le fait est qu'on rencontre d'énormes difficultés avec les cartes de séjour qui ne nous servent à rien. Même en la détenant, il nous est impossible de trouver du travail", narre-t-il au bout du fil.
D'après ce dernier, l'expulsion d’étrangers est devenue monnaie courante, alors qu'il leur est difficile de renouveler leur permis de séjour.
Vieux Traoré de poursuivre : "Pas plus tard qu'aujourd'hui, des étrangers parmi lesquels des Sénégalais ont été arrêtés, car ne disposant pas de permis de séjour. Ils ont mis en place une politique qui fait qu'on est obligé d'habiter dans des quartiers qu'ils ont choisis pour pouvoir renouveler le permis. Chose qui n'est pas possible. Beaucoup sont donc en train de perdre leur permis de séjour. Même pour se soigner, c'est impossible. Une Guinéenne a perdu son enfant dans des circonstances dramatiques, faute de prise en charge."
En Turquie, le moment de l'interpellation peut vite virer au châtiment. En atteste cette vidéo où un jeune Sénégalais subit des représailles.
"Vivre à Istanbul est devenu un enfer. Pour un rien, on peut vous conduire en prison sans motif clair. Sous prétexte de vérifier si le permis est valable ou pas, on peut passer 24 heures à la police. Lorsqu'on est emprisonné, c'est encore pire parce qu'on est coupé du monde. Ils ne permettent même pas aux personnes arrêtées de passer des appels. Les prisons sont à mille lieues d'Istanbul. Aujourd'hui, plus de 200 Sénégalais sont dans les prisons sans que l'on puisse savoir où les chercher exactement", témoigne Khadim Lo, un autre Sénégalais vivant à Istanbul.
Pour ces Sénégalais interrogés, le sentiment est le même. "Quelquefois, on nous persécute jusque dans nos propres maisons. Nous avons l'impression que l'Etat turc veut se débarrasser des étrangers. Nous n'osons plus sortir de nos maisons, encore moins travailler", poursuit Khadim.
Ces émigrés s'étonnent en outre du silence des autorités diplomatiques. "La fédération a saisi, à plusieurs reprises, les représentants diplomatiques qui restent toujours aphones. Ils ne répondent jamais à nos interpellations", indique-t-on.
Ces Sénégalais de Turquie interpellent la ministre des Affaires étrangères Aïssata Tall Sall afin que des solutions soient trouvées le plus rapidement possible.
Auteur: Absa HANE
Publié le: Mercredi 19 Juillet 2023
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