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CONSEQUENCES DE LA PERCEE DES RELIGIEUX DANS LA FUTURE ASSEMBLEE NATIONALE «Les Sénégalais doivent être tolérants…nous ne sommes pas des barbus»

Auteur: MOR TALLA GAYE

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opinion a vite fait de forcer la caricature sur la percée des religieux dans la future Assemblée nationale. L’Observateur a organisé le débat sur les conséquences d’une telle avancée dans un Sénégal réputé laïque. L’analyste politique Mame Less Camara et des acteurs comme l’Imam Mbaye Niang et Elène Tine décousent sur les effets d’une telle percée.

C’est le temps des actes d’adoration et de gloire à Dieu, après la bénédiction divine qui a accompagné les listes des religieux, lors des élections législatives du 1er juillet 2012. L’Hémicycle risque de faire le lit des discours à forte teneur divine et, du coup, faire vibrer de propos «fanatiques» les fondements de l’Assemblée nationale et heurter les sensibilités républicaines et laïques. L’analyste-politique Mame Less Camara jette un regard froid dénué de toute caricature sur la percée des religieux. Il dit : «Il y a un risque d’emballement, une fois élus, que ces gens se sentent investis de la mission exclusive de défendre l’Islam et le Coran. Alors qu’en réalité, certainement ceux qui ont voté pour eux veulent que l’on veille à plus de morale dans la politique et pas à une sorte de captation de la société dans sa totalité pour l’application de la Charia.» Une ode à la Charia comme un remède pour soulager les maux d’une société en mal de repères et de point de fixation. 

Déjà pour certains investis sur la liste du Mouvement de la réforme pour le développement social (Mrds), comme l’animateur religieux, Aliou Sall, la Charia reste le meilleur système de gouvernance. Le prêcheur très apprécié des Sénégalais l’a clamé urbi et orbi sur les ondes sans essuyer la moindre remarque. «Il y a une apparence convenue que d’eux-mêmes ils veulent se faire classer parmi les tenants d’un discours religieux. Mais religieux de quelle école, de quel discours politique, c’est là où cela risque de faire problème», avise l’analyste politique Mame Less Camara. 

Mais l’Imam Mbaye Niang rassure les Sénégalais qui pourraient douter de la capacité des religieux à tenir un discours responsable au sein de l’Hémicycle. «J’ai fait une législature, jamais on ne m’a entendu dire des choses qui heurtent. Tout le monde se souvient de feu Cheikh Abdoulaye Dièye, il faut que les Sénégalais soient plus tolérants. Il faut rompre avec ces caricatures occidentales d’autant plus que ceux qui sont qualifiés d’islamistes sont dans le jeu politique. Ils participent aux élections et cela n’est pas interdit par la Constitution», apaise l’Imam Mbaye Niang. 

N’empêche, les préjugés ont la peau dure et les listes des religieux sont obligées de faire avec les clichés facilement placardés par une opinion influencée par une certaine pensée occidentale. Par exemple, on ne peut pas accuser facilement la Chrétienne Elène Tine, future députée investie sur la liste «Bess Du Niakk» de Mansour Sy Djamil, fils d’un guide religieux, de fanatisme. «Il faut que les gens arrêtent avec cette caricature qui finit par agacer. Notre liste n’est pas une liste de barbus. Personne ne peut m’accuser de faire valoir, je suis libre et je l’assume. Je pense que cette liste magnifie plutôt la symbiose entre les communautés religieuses du Sénégal», dénonce à la limite de l’agacement Elène Tine, classée deuxième sur la liste nationale de «Bess Du Niakk». 

Seulement, un autre danger guette la percée des religieux à la future Assemblée où les listes ne reflètent pas toujours les convictions religieuses de leur tête de liste. Une différence que l’analyste politique Mame Less Camara tente de mettre en interrogations. «Qui sont ces gens-là ? Est-ce que ce sont des Sénégalais qui s’inspirent de la pratique de l’Islam au Sénégal ? Ou est-ce que ce sont des gens affiliés à des groupes islamistes existants à l’étranger comme c’est le cas en Europe ou dans le monde arabe notamment ?», questionne-t-il. Des interrogations légitimes, mais qui ne prouvent aucunement que certaines listes soient sous le joug d’islamistes tapis dans les pays arabes. La remarque a l’effet d’arracher l’Imam Mbaye Niang de son minbar (sorte d’escabeau servant de chaire à l’Imam). «Si les gens pensent que nous sommes influencés par des groupes islamistes, on peut penser aussi que les autres sont influencés par les occidentaux. Pour ce qui nous concerne, nous agissons librement», freine-t-il, ferme. 

En écho, Elène Tine évite de tomber dans ce piège de la différenciation entre les listes dites religieuses. «Par respect pour ces listes, je ne vais pas entrer dans une logique de différenciation. Mais si je prends l’exemple de Serigne Mansour Sy Djamil, malgré son statut de fils de marabout, c’est quelqu’un qui s’est toujours battu pour les causes militantes dans sa jeunesse», tente de convaincre Elène Tine. 

Quand L’Obs est venu aux nouvelles, des responsables du Parti pour la vérité et le développement de Serigne Modou Kara Mbacké disent attendre la proclamation définitive des résultats avant de se prononcer. D’ici là, ils vont s’inspirer des propos de Mame Less Camara qui exige de ces députés de s’attarder sur l’usage éthique et moral qu’ils entendent faire de l’Assemblée nationale, rompant avec toute logique de discours politique extrémiste…le fil est tenu. 

Auteur: MOR TALLA GAYE
Publié le: Mercredi 04 Juillet 2012

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