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HOMOLOGATION DES PRIX : Les commerçants décrètent la résistance

Auteur: Seyni DIOP

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Le torchon brûle entre l’Etat et les commerçants. L’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal est montée au créneau hier pour fustiger la politique «protectionniste» de l’Etat en faveur de la Compagnie sucrière sénégalaise (Css) qu’elle accuse d’importer du sucre à 280 francs pour le revendre à 690 francs Cfa.

Asphyxiés par l’homologation à la baisse des prix des denrées de base, les commerçants doivent en plus faire face au blocage de leurs 15 mille tonnes de sucre au port autonome de Dakar. Du sucre «déjà dédouané» mais qui ne peut être enlevé. Estimant que l’importation du sucre a été libéralisée au Sénégal par une loi en 1994, ils soutiennent que si le gouvernement veut y revenir, il n’a qu’à retourner à l’Assemblée nationale. L’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal (Unacois) fustige ainsi la gouvernance du secteur du commerce et prévient contre les risques qui pèsent sur l’avenir des activités liées à la distribution du sucre et du riz.

Ibrahima Lô, secrétaire général de l’organisation commerçante soutient, en effet, qu’il n’y a qu’une  note du ministère du commerce qui bloque ce sucre au port. Et dit-il, ce blocage par l’Etat va «inévitablement avoir des conséquences fâcheuses auprès des populations surtout avec cette période de ramadan qui profile à l’horizon». M. Lô soutient, par ailleurs, que l’Unacois ne peut accepter les mobiles fondamentaux de ce blocage qui «déstructure le secteur du commerce» et qui va impacter négativement sur les consommateurs. «Cette politique dangereuse prise par les autorités pour protéger des +intérêts obscurs+ ne restera pas sans conséquences. L’Unacois ne fléchira pas sur les actes à poser si la situation de blocage perdure», indiquent les commerçants dans leur déclaration liminaire. Ils demandent ainsi à l’Etat à choisir «entre vouloir protéger des intérêts obscurs au détriment de l’intérêt national et/ou occasionner une pénurie totale du sucre qui déjà se fait sentir».

Ces commerçants estiment que le gouvernement ne peut pas continuer à protéger une entreprise qui est là depuis 40 ans et qui ne peut pas assurer la couverture des besoins du pays en sucre sur toute l’année. «La Css importe du sucre comme nous. Elle ne produit pas plus de la moitié de ce qu’elle importe. Avant l’avènement du président Macky Sall, le sucre se vendait à 690 francs le kilogramme alors que sur le marché mondial il coûtait 280 francs le kilo», poursuit M. Lô. Qui s’interroge : «Pourquoi les consommateurs sénégalais n’ont pas le droit de bénéficier delà baisse du sucre sur le marché mondial ?». Serigne Dia Ngongo, lui, signale que ce que les commerçants vont concurrencer, ce n’est pas la production de la Css mais ses importations de sucre.

Très déçus par l’attitude des nouvelles autorités qu’ils ont accompagné dans leur volonté de baisse des prix des denrées alimentaires, ces commerçants pensent que l’Etat n’a pas de solutions structurelles durables sur la baisse des denrées de première nécessité.  «L’espoir s’est envolé. C’est ma conviction. Je n’ai peur de rien. Je ne suis avec aucun parti politique. Je ne suis qu’avec l’Unacois. Si cela le nécessite, nous allons boycotter le sucre de Mimra (patron de la Css : Ndrl). Qu’aucun commerçant ne baisse les prix. Personne n’accepte de vendre à perte et l’Unacois ne le recommande pas», renchérit Idy Thiam, le président de l’organisation.

 Concernant le riz, l’Unacois dénonce la manière dont l’Etat s’est empressé pour homologuer les prix. «Aujourd’hui, il n’y a que le riz indien qui peut venir au Sénégal. Les riz thaïlandais, vietnamiens et américains ne peuvent plus venir au Sénégal à cause de la cherté des coûts d’importations par rapport aux prix homologués», note Ibrahima Lô. Non sans signaler qu’ils ne peuvent pas accepter de revendre la tonne de riz, achetée à 252 mille francs, à 240 mille francs. 

REPLIQUE DE LA CSS : «Un chef d'œuvre de chantage»

La réaction de la Compagnie sucrière sénégalaise ne s’est pas fait attendre. Dans un communiqué de presse parvenu à Wal Fadjri dans la soirée, Louis Lamotte, Conseiller du groupe Mimran souligne que «l'Unacois montre encore aux sénégalais son vrai visage de bande de chasseurs de profits». Pour lui,  à l'idée de ne pouvoir réaliser «leurs rêves de profits immoraux par les importations sans limites au détriment de l'économie nationale, menacée d'écroulement,  les membres de ce syndicat  défient l'Etat et les consommateurs en refusant d'appliquer les baisses sur le riz et en décrétant le boycott du sucre produit dans le pays». Il estime que «c'est un chantage abject que l'Etat et les populations doivent refuser». M. Lamotte indique dans son texte que la Css a pris de bonnes dispositions pour mettre à l'abri le Sénégal de toute pénurie de sucre. Elle ne manquera pas non plus, selon M. Lamotte, «d'engager les actions nécessaires pour poursuivre les auteurs des déclarations diffamatoires des membres de ce syndicat».

Auteur: Seyni DIOP
Publié le: Jeudi 13 Juin 2013

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