Ahmed Khalifa Niasse a remis ça. Perpétuant une tradition qu’il a acquise pendant les mois de pénitence. Le schéma est fort simple : une foule d’invités choisis parmi ses accointances, une bonne part de sa famille, des érudits de la science coranique certaine, commis exprès pour plancher un thè­me choisi par les soins de leur hôte. Pour l’édition de cette année, Ahmed Khalifa Niasse a visé haut, très haut, dans le choix du thème comme celui de ses invités. Parmi ceux-ci le Professeur Oumar San-kharé, Oustaz Alioune Sall, Coum­­ba Gawlo Seck, Farba Sen­ghor et un lot d’universitaires qui devaient disserter sur la science à la lumière du Saint Coran et subsidiairement voir si la physique quantique et le nucléaire n’étaient pas évoqués dans le Saint Livre, mais aussi si la corrélation entre la théorie du Big Bang et celle du Kun fa ya kun était possible.

La salle attenante au hall d’accueil du palais Ahmédiana refuse du monde et les invités piaffent d’impatience devant les minutes qui s’égrènent les rapprochant du moment de la rupture du jeûne. Après la rupture, les langues se délient enfin, et les conversations vont leur train. C’est le moment que choisit Ahmed Khalifa Niasse pour amorcer son exorde : «L’Is­lam est une religion qui valorise le savoir, la connaissance. D’ail­leurs, elle demande à ses fidèles d’étudier. Et à ce titre, elle essaie d’expliquer les choses par la raison. Bien des découvertes qui ont été faites par les hommes ont été ébauchées dans le Coran.» Pour lui, la théorie de Albert Einstein E=Mc2 était déjà contenue dans les enseignements de l’Islam et la portion du dinar arabe pouvait tout simplement être assimilé à l’atome insécable. Devant un public passablement intéressé, tout occupé à honorer les victuailles qui garnissent les tables, l’hôte poursuit son raisonnement. 

Il explique que le Coran parlait déjà de la molécule 1500 ans avant sa découverte par la science. Dans ce même ordre d’idées, il avance que le Darwinis­me tel que exposé par Charles Darwin lui-même n’était pas en porte-à-faux avec les enseignements de l’Islam, mais qu’il fallait jus­te faire une petite correction. A son avis, l’homme ne descend pas du singe, mais celui-ci descendrait d’une lignée d’humains. La suite de son propos est un fouillis où s’entremêlent les lois sur la pesanteur, la gravitation, le siècle des lumières, le chapelet aux mêmes vertus que l’ordinateur, la pointe de vitesse de Albourah, la monture du Prophète Mouhamed (Psl) qui n’avait rien à envier à celle de la lumière (300 000 kilomè­tres / seconde). 

Pour boucler, il livre  un petit cours sur les théories freudiennes de la psyché. Ses hôtes érudits interviennent pour apporter leur part de connaissances sur la question. Adepte des déclarations chocs, Ahmed Khalifa Niasse poursuit : «J’ai reçu un message de Macky Sall, président de la République. Ce message m’a été transmis par l’un des deux plus grands Khalifes généraux de ce pays. Je ne dirais pas lequel. Le message émane d’une personne res­ponsable qui veut être le Prési­dent de tous les Sénégalais. Il m’a tendu une main, alors je la prends. Déjà il venait ici avec sa famille pendant les ndogou que j’organisais.»