Une affaire de rupture abusive de contrat alimente la chronique depuis quelques jours au consulat général du Sénégal à Lyon. L’affaire, qui oppose le nouveau consul, Alioune Diop, à un de ses agents, va atterrir aujourd’hui devant les Prudhommes.

Le fauteuil douillet du consulat général du Sénégal à Lyon serait-il maudit ? En tout cas,  quatre ans après que l’ancien consul général, Cheikh Sadibou Diallo, a été emporté par ses frasques et ses relations exécrables avec la communauté sénégalaise de Lyon, son successeur, Alioune Diop, à peine entré en fonction, est déjà pris dans la tempête. La cause : la mise à terme, par ses soins, du contrat d’un agent consulaire. Tout remonte au 31 décembre 2012 lorsque l’intéressé, Sourakhé Ndiaye, après quatre années passées au consulat en tant que deuxième conseiller, est appelé à faire valoir ses droits à la retraite. Pour la communauté sénégalaise de Lyon, le départ de M. Ndiaye va constituer un vide, tant son dévouement au service de ses concitoyens était salué de tous. «C’est la mémoire du service», témoigne un habitant de la capitale de  Rhône-Alpes. Dès lors, la société civile sénégalaise dans cette région amorce un intense lobbying auprès des autorités afin que le jeune retraité puisse continuer à servir les siens. Un contrat local lui a alors été paraphé le 1er février par la chargée des affaires consulaires, Madame Bathily, en sa qualité de chef de service temporaire (en attendant l’arrivée du nouveau consul). Ce, après une autorisation du ministère des Affaires étrangères, d’après nos informateurs. «Un mensonge», rétorque le consul.

Le 6 mai, le sieur Alioune Diop, nommé trois mois plus tôt, prend enfin fonction sur les bords du Rhône. Le 16 mai, le représentant de l’Apr en Belgique pose un premier acte fort pour délimiter son territoire. Il  convoque Sourakhé Ndiaye dans son bureau pour lui dire : «Ton contrat n’est pas conforme à la réglementation en vigueur, je vais l’arrêter. Tu peux rester à la maison et tu recevras prochainement une lettre recommandée». En effet, selon le consul, «ce contrat n’engage ni le consulat ni le consul général. Il faut qu’il règle son problème avec Madame la chargée des affaires consulaires, qui lui a fait signer ce contrat au plus mauvais moment, parce que c’est après ma nomination». Actuellement en congé de maternité, Madame Bathily ne veut pas répondre à la presse avant d’avoir discuté avec sa «hiérarchie». M. Ndiaye, non plus, n’a aucun «commentaire à faire». En tous les cas, la manœuvre est perçue par les pourfendeurs du consul comme une volonté d’installer «une recrue Apr» à la place de Ndiaye.

Ce dernier n’a toujours pas reçu de lettre de licenciement dans sa boîte aux lettres ni une convocation  à un entretien préalable de licenciement. L’occasion est trop belle pour les associations, qui saisissent la balle au rebond. Vendredi soir, elles se sont réunies d’urgence pour dénoncer un «licenciement abusif et expéditif (…) pour convenance personnelle du consul». La pétition initiée ce jour-là a circulé le lendemain lors d’un baptême et elle aurait déjà recueilli de «nombreuses» signatures désapprouvant Alioune Diop. 

Sur conseil de ces associations, Sourakhé Ndiaye s’est rendu hier au bureau, comme au bon vieux temps et comme si de rien n’était, histoire de voir «comment le consul allait régir ?» Eh bien, la réaction de ce dernier ne se fera pas attendre, puisqu’en début d’après-midi, il lui remettra main à main une «notification de rupture de contrat» estampillée confidentielle, en lui promettant une nouvelle fois de lui envoyer une copie par lettre recommandée. Un avocat a été saisi pour défendre M. Ndiaye. Une plainte sera déposée aujourd’hui aux Prudhommes de Lyon pour «licenciement abusif». Après Mame Fatim Guèye de l’Unesco, un autre diplomate sénégalais en France  a peut-être du souci à se faire.      

THIERNO DIALLO (Paris)