Face à l'inertie du candidat Me Abdoulaye Wade au moment où Macky Sall est en plein dans sa campagne pour le second tour, L'Observateur s'est approché de Me El Hadji Amadou Sall, son porte-parole, pour avoir une idée de comment le Pape du Sopi prépare son second tour. Explications.
Contrairement à Macky Sall, on n'a ni vu ni entendu votre candidat Me Abdoulaye Wade. II ne bouge plus et ne parle plus, que se passe-t-il ?Il ne faut pas dire que le candidat Wade ne bouge pas, dites que vous ne savez pas ce qu'il fait. Au moment où vous posez votre question, le candidat Macky Sall n'a rien fait d'autre que de rencontrer les candidats à l'élection présidentielle. Il le fait au grand jour, nous, nous rencontrons tout le monde. Parce que l'élection, ce n'est plus une question de leaders. Nous, ce qui nous intéresse, ce sont les électeurs et le Président Abdoulaye Wade fait tout pour rassembler tous les électeurs. Ceux du Sénégal d’abord et ensuite tous ceux qui constituent les leaders d'opinion. Parmi les leaders, il y a les chefs religieux, les porteurs de voix. Nous le faisons dans la plus grande discrétion. Il y a aussi, à la base, tous les responsables, qu'ils soient de notre parti ou d'un autre. Les responsables dans les communes, dans les quartiers sont porteurs de voix. Nous discutons avec toutes ces personnes-là et nous discutons directement avec les électeurs. C'est ça que le candidat Abdoulaye Wade est en train de faire. Il n'a pas besoin, pour ça, d'appeler les journaux ou de faire le tour des télévisions. Voyez bien qu'on a déjà vendu la peau de l’ours. Alors qu'au moment où je vous parle, on est loin d'avoir l'ours.Depuis quelque temps, on entend des chefs religieux donner des «Ndiguëls » (consignes de vote) pour voter Wade. Compteriez-vous sur ces «Ndiguëls» religieux pour remporter le second tour ?Les chefs religieux sont des Sénégalais extrêmement importants. Comme vous l'avez dit, ce sont des chefs religieux qui peuvent avoir leur mot à dire dans la gestion de la cité. Nous ne sommes pas comme les autres qui disent que ce sont des citoyens ordinaires, des citoyens comme les autres. Tout le monde sait que les chefs religieux ne sont pas des citoyens comme les autres. Ce sont des citoyens certes, mais assez importants, qui jouent un rôle de premier plan. Il ne faut pas les sous-estimer, il ne faut pas les négliger, comme le font d'autres. Nous les respectons, nous leur donnons la place qui est la leur, c'est-à-dire qu'ils dirigent le cœur de la plupart des Sénégalais. Tous ceux qui vont à la prière dans les moquées sont nécessairement derrière un Imam. Tous ceux qui sont dans des confréries espèrent les prières d'un chef religieux. Par conséquent, ils dirigent le cœur de la quasi-totalité des Sénégalais. Des Sénégalais qui sont des Musulmans et des Sénégalais qui sont des Chrétiens, et ils dirigent leurs cœurs. Donc, il est important de leur parler, il est bon qu'ils expliquent ce que c'est la jeunesse. Quelle est la jeunesse que nous voulons ? Macky Sall veut la jeunesse de «Y en marre», Abdoulaye Wade veut la jeunesse des «dahiras». Abdoulaye Wade veut la jeunesse qui est organisée dans les associations de jeunesse, Abdoulaye Wade veut la jeunesse formée par l’Eglise catholique. Macky a choisi sa jeunesse, nous avons choisi les autres jeunes. Nous parlons à leurs guides, à leurs chefs religieux pour avoir ces jeunes, ces hommes et femmes; voilà la grande différence. Le Sénégal est un pays de «Kilifeu». Nous parlons aux «Kilifeu» pour qu'ils parlent à leurs hommes.Etés-vous en train de nous dire que vous écartez les politiques au profit des religieux ?Nous avons pris contact avec les politiques. Est-ce que vous avez vu Abdoulaye Wade. ? Connaissez-vous son calendrier ? Il y a des chefs religieux qui se sont prononcés. Vous ne savez pas si Wade les a rencontrés ou s'ils ont rencontré Wade. Donc, ne dites pas qu'il ne parle qu'aux religieux. Ils parlent, comme je vous l'ai dit tantôt, aux associations de quartier, aux communautés, il parle à beaucoup de monde. Il passe des journées remplies et vous serez surpris. Nous ne sommes pas obligés de vous dire exactement ce qu'il fait, mais le jour du vote, vous serez surpris. La seule chose que je peux vous dire est que le président de la République est le président de tous les Sénégalais et en tant que candidat, il parle donc à tous les Sénégalais. Alors, attendez et vous verrez bien. Il ne s'adresse pas seulement à une catégorie, mais il s'adresse à tous les Sénégalais.Beaucoup de voix libérales, et pas des moindres, se sont levées pour dénoncer la façon dont l'argent de la campagne a été géré par un groupe de personnes. Etes-vous de cet avis ? Ecoutez, rien ne l'explique. Vous savez, dans des situations pareilles, il ne sert à rien de dénoncer quoi que ce soit, il ne sert à rien de s'épancher en public sur ce qui n'a pas marché. A l'interne, nous ne sommes pas en train d'étudier ce qui n'a pas marché, nous sommes en train de regarder les choses du premier tour de l'élection; afin d'en tirer toutes les leçons. Nous ne tirons pas ces leçons en public. La politique comme la diplomatie ne se passe pas en public. Nous demandons à tous nos responsables de venir dans les instances du parti et de poser les problèmes dans les instances, parce que c'est là-bas qu'on trouve une solution et non dans la presse.Avec les soutiens déclarés à l'endroit de Macky Sall pour le second tour, ne croyez-vous pas, comme l’a dit d'ailleurs Macky, qu'on s'achemine vers un référendum : pour ou contre Wade?Macky Sall, comme disent les wolofs, «Dafa beugeu lou yombeu» (Macky aime la facilité), parce qu'il veut poser le problème en forme de référendum «pour ou contre Wade». Ce n'est pas cela. Il s'agit de discuter de programme. Macky Sall doit présenter un programme, il va dire aux Sénégalais ce qu'il compte faire, il va dire ce que Wade a fait et ce qu'il peut apporter de plus que Wade. En quoi son programme est supérieur à celui de Wade ? Si son programme est supérieur à celui de Wade, s'il apporte plus que Wade, il peut convaincre les Sénégalais. Mais s'il n'apporte pas plus que Wade, s'il n'est pas capable de faire autant que Wade, s'il n'est pas capable de faire plus, il est évident que les Sénégalais ne voteront pas pour lui. Mais puisqu'il sait qu'il ne peut pas faire autant, puisqu'il sait qu'il n'a pas de programme, il dit que c'est un référendum «pour ou contre Wade». Mais la chose qu'il oublie c'est qu'il y a des personnes qui ont voté pour Moustapha Niasse au premier tour. Il y a des personnes qui ont choisi Ousmane Tanor Dieng au premier tour, des personnes qui ont choisi Idrissa Seck au premier tour. Ces gens-là n'ont pas voté Macky Sall. Nous demandons à ces personnes de choisir Abdoulaye Wade, parce que ces personnes peuvent le choisir. Et pour éviter que ces personnes ne choisissent Abdoulaye Wade, il pose le problème de référendum. Mais nous sommes convaincus que ces personnes peuvent préférer Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng, ou Idrissa Seck à Abdoulaye Wade, mais ils ne préféreront pas Macky Sall à Abdoulaye Wade. Ce n'est pas ce qu'ils ont montré. Nous leur dirons que c'est ça qu'il faut faire. Et nous sommes convaincus que ces personnes sont capables de comprendre ce que nous leur dirons et ils voteront pour Abdoulaye Wade au second tour.Il a été relayé dans la presse que Souleymane Ndéné Ndiaye, directeur de campagne de votre candidat, a été tancé par Me Wade pour avoir appelé Macky Sall. Avez-vous cette information ?Je ne répond pas à la spéculation. Un coup de fil qu'Abdoulaye Wade aurait fait à Souleymane Ndèné Ndiaye ne peut pas se retrouver dans la presse. Non, on parle d'un coup de fil de Souleymane Ndéné Ndiaye à Macky Sall ?Je ne réponds pas à la spéculation et aux choses que je ne maîtrise pas. Quand je ne sais pas, je dis que je ne sais pas.
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