Le député et Professeur Iba Der Thiam vient de soumettre au Gouvernement, la question orale suivante, concernant la condition des Arabisants.
53 années après notre indépendance, elle n’a pas connu d’évolution significative, alors que la langue arabe a précédé les langues européennes, d’environ 8 siècles, en Sénégambie et que les sociétés précoloniales en avaient fait une des langues de communication, entre eux et les occupants étrangers.
Cette dernière a fait l’objet d’un processus de marginalisation, à travers la guerre menée contre les daaras, qui a connu une accélération, depuis 1960.
Aucun des Gouvernements, qui se sont succédés, n’a, à ce jour, réussi à prendre, à bras le corps, cette thématique, pour trouver à la langue arabe et aux Arabisants, la place et la considération qu’ils méritent dans la bataille du développement et dans la culture nationale.
Un rapide tour d’horizon permet de constater que, de notre accession à la souveraineté internationale à 2013, le nombre des Arabisants dans la Fonction Publique, dans l’Armée, dans la Gendarmerie, dans la Police, dans la Douane, dans le Gouvernement, à l’Assemblée Nationale, dans la Magistrature, dans les Ministères et dans les Représentations diplomatiques est très nettement dérisoire, malgré les diplômés, qui ont été formés dans tous les domaines du savoir en quantités importantes.
Tout se passe comme si on n’avait pas compris que le XXIème siècle sera le siècle du multiculturalisme, du multilinguisme et que dans un pays à 95% musulman, enfermer la langue arabe (langue du Saint Coran) et les Arabisants dans un ghetto, pourrait générer des frustrations et des conflits dramatiques, à l’image de ce qui s’est passé, dans certains pays du Maghreb. Le Sénégal n’a pas besoin de cela.
C’est pourquoi, je demande au Gouvernement de venir décliner devant les Députés, ses ambitions pour cette catégorie de sénégalais, après tous les financements consentis, hélas, sans succès, par la Banque Islamique de Développement à leur profit. N’est-il pas temps de consacrer un Conseil présidentiel ou un Conseil interministériel à cette thématique, de manière à recenser les personnes concernées, à passer en revue toutes les dimensions du problème et à proposer aux Arabisants, des possibilités de recrutement, des quotas et des plans de carrière, qui leur permettraient de mettre, enfin, toutes leurs compétences au service du pays, en tirant profit, par exemple, des 5 500 emplois et des 30 000 autres, récemment annoncés par Monsieur le Président de la République ?
La même occasion ne pourrait-elle être pas saisie, pour que soit mis un terme définitif à l’exclusion des écoles coraniques, des subventions du Ministère de l’Education Nationale, pour des raisons impossibles à comprendre, alors que les écoles privées des autres religions sont, toutes, aidées par l’Etat ?
L’Ecole Coranique assume, tout comme l’école en langue française, une fonction d’éducation, de formation et d’accomplissement moral, spirituel et social qui mérite d’autant plus le respect et la considération que ce sont les Ecoles Coraniques, qui ont formé cette belle intelligentsia arabophone, dont les empires du Soudan nigérien et de la Sénégambie s’honorent. Ce sont ces élites, qui ont incarné la résistance la plus résolue et qui ont remporté une victoire culturelle véritable contre les projets assimilationnistes du système colonial. N’est-il pas temps de réhabiliter, définitivement, ce genre d’établissements, pour éviter que ne se crée un abcès de fixation lourd de menaces pour la sécurité nationale ? On aurait, ainsi, réparé une injustice incompréhensible et têtue et jeté les bases d’un vivre ensemble inclusif, dans la paix et la tolérance vécue et partagée, au grand bonheur de l’unité nationale de notre pays.
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