Le mouvement des jeunes marabouts citoyens (MJMC) est sorti de son mutisme. Par la voix de leur président, Serigne Assane Mbacké, ces petits-fils de Bamba crient leur désespoir face à cette « impasse managérial » qui ne les surprend pas outre mesure. Dans un entretien avec L’Office, le MJMC M. Mbacké n’exclut pas de s’immoler devant le palais. Une forme de « Jihad » selon lui pour rappeler au chef de l’État que les sénégalais sont plus que fatigués.

Le constat sonne sans appel qui émane du président du mouvement des jeunes marabouts citoyens : « La situation du pays est autant rigide qu’alambiquée ». Pour Serigne Assane Mbacké, les rares Sénégalais qui peuvent attester le contraire sont ceux que le nouveau régime a privilégiés à savoir les « parents, les proches et les amis de Macky Sall ». Un constat qui pousse ce petit-fils de Serigne Fallou et de Borom Darou à inviter les électeurs qui avaient porté leur choix sur le candidat Macky Sall de demander pardon aux sénégalais. Cette invite résulte d’un constat tiré de « la cherté de la vie, du retour des délestages, de la pénurie de gaz et de l’insécurité ambiante, entre autres ». Toutes considérations qui le conduisent à ironiser : « Le ‘Yoonu Yokkute’ répond bien à sa politique avec cette cherté de la vie qui a atteint sa vitesse de croisière ». Il y a « pire », poursuit-il. Car, « Macky Sall et son régime ne travaillent pas. L’on aurait relativement accepté que cette situation découle d’une stratégie tendant à améliorer les conditions de vie des populations, avec des perspectives claires. Mais, ce n’est pas le cas. Non seulement ce régime ne travaille pas, mais les lendemains se succèdent pour être aussi incertains les uns que les autres ». Pour notre interlocuteur, outre son indulgence, un chef d’Etat doit être un « porte-bonheur » pour son peuple. Mais, « Macky Sall n’est pas ni l’un ni l’autre. ‘Djigu-ñu’ ! », dit-il. Et, comme pour prouver que la rupture prônée par le régime n’est qu’un slogan de plus, M. Mbacké fait le rapprochement entre le traitement réservé entre le dossier de Barthélemy Dias et celui de Cheikh Béthio Thioune. Selon lui, « à eux seuls, ces deux dossiers suffisent à convaincre les plus sceptiques sur le fait que ce régime est pourri par l’amateurisme et le je-m’en-foutisme ».« Macky Sall a les mains liés »Mais, s’il en est ainsi, c’est que « surtout, le président de la République n’agit pas par lui-même », croit savoir notre interlocuteur qui poursuit : « Macky Sall est dicté dans tout ce qu’il fait par les Moustapha Niasse et autres Ousmane Tanor Dieng qui sont plus des adversaires que des alliés. Il a les mains liées par ces losers qui lui font prendre des mesures impopulaires ». Évoquant le mandat présidentiel, Serigne Assane Mbacké est d’avis que le chef de l’État qui a une écrasante majorité à l’Assemblée nationale doit éclairer la lanterne des sénégalais. « Macky Sall doit porter le projet de loi relatif à la réduction de son mandat afin que cette question soit définitivement clarifiée, plaide le président du MJMC. Revenant sur la traque des biens mal acquis, il constate et déplore l’attitude d’une « justice à deux vitesses ». À preuve, dit-il, « ils sont nombreux ces anciens gestionnaires de deniers publics qui, à l’image de Macky Sall lui-même, Idrissa Seck, Aminata Niane et autres Pape Diop, devaient être convoqués dans le cadre de ces enquêtes, mais qui ne sont pas inquiétés ». Enfin, Serigne Assane Mbacké s’est désolé de cet « unanimisme coupable » de certains membres de la société civile autour de Macky Sall. Cette option, dit-il, ne donne aucune issue aux populations qui n’ont plus d’alliés face à un régime « incapable ». Ainsi, M. Mbacké s’est dit d’autant plus inquiet que les « anciens » défenseurs du peuple sont aujourd’hui « aux ordres ». « Abdou Latif Coulibaly, Souleymane Jules Diop, Penda Mbow, Abdoul Aziz Diop et les autres, ont renoncé parce qu’ils sont servis. Sinon, ils se seraient prononcés sur la cherté de la vie et tous ces maux qui hantent le sommeil des populations. S’ils n’étaient mu que par un combat citoyen, ils n’adopteraient point cette posture qui les déshonore », renseigne le petit-fils de Borom Darou Mouhty. Enfin, M. Mbacké interpelle le président Sall en ces termes : « Si les préoccupations des sénégalais ne sont pas érigées en priorité, je n’exclus pas le sacrifice suprême ». Autrement, le président du MJMC envisage de s’immoler devant le palais, si aucune mesure n’est prise dans l’immédiat, surtout pour la réduction du coût de la vie. À l’entendre, il s’agit là d’une sorte de « Jihad » pour les sénégalais qui sont plus que fatigués.