
Au rythme où vont les polémiques et tiraillements entre Sénégalais, on est tenté de se demander si, un jour, nos compatriotes pourront taire leurs querelles byzantines, aplanir leurs divergences stériles et se consacrer à l’essentiel, c’est-à-dire le travail. La question n’est ni saugrenue ni impertinente, vu la passion qui se déchaîne chez les différents protagonistes du jeu sociopolitique, chaque fois que leurs intérêts, souvent personnels et égoïstes, sont en jeu. Avec le débat sur le Monument de la Renaissance africaine qui, au début, devrait être circonscrit à l’aspect culturel, on a assisté à l’entrée en scène des objecteurs de conscience qui n’ont pas hésité à lancer des «fatwas» contre des hérétiques tout désignés. L’hystérie a culminé lorsque le président de la République a malencontreusement heurté la foi des Chrétiens. Par la suite, tant bien que l’Episcopat sénégalais et le Palais ont essayé de tourner la page, non sans appeler à une concorde des cœurs et des esprits, seul gage d’une stabilité sociale. Mais au risque de les décevoir, le dialogue de sourd entre la majorité et l’opposition à propos de la révision du fichier électoral et surtout la césure qui s’est manifestée, depuis la dernière sortie de Bécaye Diop à Touba, montrent que leur appel est tombé dans l’oreille d’un sourd. De jeunes Tidianes, suivis par quelques-uns de leurs marabouts, sont montés au créneau, pour réclamer l’autodafé du ministre de l’Intérieur. Et comme pour franchir un pas de plus dans cette atmosphère très délétère, des guides religieux de la ville de Khadimou Rassoul ont décidé de faire bloc derrière Bécaye Diop. Attention danger ! Tous les esprits patriotiques sont interpellés. Les menaces sont réelles et il urge de se rappeler que beaucoup de peuples et de nations ont sombré, suite à d’interminables querelles de clocher qui ont fini par dégénérer. La désunion n’est pas une fatalité, même si on a l’impression que, souvent, nos concitoyens sont condamnés à ne pas s’entendre. Il est possible de revenir à la raison et à la sagesse et, partant, se pencher résolument sur la grande bataille du développement, afin de faire du Sénégal un pays émergent.
Auteur: SERIGNE SALIOU SAMB
Publié le: Vendredi 12 Février 2010
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