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RETOUR SUR L’AUDIENCE AU PALAIS D’UNE PARTIE DE LA FAMILLE DE MALICK BA : «Wade a donné 7 millions FCfa pour le transport»

Auteur: lobservateur - Daouda Mine

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«Wade a donné 7 millions FCfa pour le transport»Lorsqu’il a reçu la femme, la mère et une partie de la famille de Malick Bâ, le président de la République  a pensé que la situation allait enfin se décrisper. Raison pour laquelle il a annoncé qu’il se rendra à Sangalkam pour présenter ses condoléances. Il avait ainsi offert 7 millions de FCfa à la délégation pour le transport. Argent qui n’a pas profité aux parents de la victime qui ont été bernés. Retour sur une audience…forcée.L’audience que le président de la République a accordée à une partie de la famille de Malick Bâ est encore au centre des discussions à Sangalkam. L’on se lance encore dans des conjectures, même si la famille a arrondi les angles et s’est entourée de toutes les garanties pour que pareille situation ne se reproduise plus. Djibirou Sow, ancien homme de confiance du père de Malick Bâ, est officiellement choisi comme porte-parole de la famille. Un huissier sera ainsi commis pour l’authentifier afin que nul n’en ignore. C’est ainsi que, après la cérémonie de partage de l’héritage laissé par Malick Bâ, les biens destinés à ses trois enfants ont été confiés à ce même Djibirou. Aussi, la famille réfléchit sur une plainte pour usurpation de titre contre Vieux Alpha Sow, celui qui est à l’origine de l’audience que le chef de l’Etat a accordée à une partie de la famille de Malick Bâ. Il aurait encaissé, selon ses propres confidences faites à un ami du défunt, la somme de 7 millions de FCfa offerts par le chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade, pour le prix du transport. Ni Coumba, ni Lémou n’ont touché à cet argent, symbole, à leurs yeux, de trahison à la mémoire de Malick Bâ.Pour arriver à cette audience, le gouvernement a déployé toute une stratégie qui a été payante au début, même si, après, elle a eu un effet boomerang. Depuis la mort de Malick Bâ, le pouvoir cherchait un moyen de se rapprocher de sa famille pour éteindre le feu. Il était décidé à casquer fort pour enterrer cette affaire puisque la responsabilité de l’Etat a été engagée doublement : non seulement un découpage administratif décidé par le gouvernement a été à l’origine des heurts ayant conduit à la mort du jeune maçon, mais aussi c’est un gendarme, agent de l’Etat, qui l’a tué par balle dans la tête.Conscients de sa responsabilité, des  agents de l’Etat ont cru devoir, au lieu d’accélérer la machine judiciaire pour que justice soit rendue à la famille, essayer de négocier en sourdine pour enterrer l’affaire. Ainsi, dès les premiers jours du décès de Malick Bâ, des autorités ont réussi à obtenir les numéros de téléphone d’Ousseynou et Aba Bâ, respectivement grand et petit frère de même père et même mère que le défunt, pour les convaincre. Ces derniers les envoient balader d’un ton sec. Après avoir essayé à plusieurs reprises sans succès, ils se sont rabattus sur Aly Bâ, le grand frère consanguin de Malick. Ce dernier leur explique que la famille parle d’une seule et même voix et qu’elle ne saurait vendre son sang pour de l’argent. La famille ne veut qu’une chose : que justice soit rendue. Face à la détermination des frères du défunt, l’Etat décide de changer de stratégie.Manœuvres tous azimutsDes recherches ont permis aux autorités de savoir que dans la famille se trouve un libéral convaincu. Son nom : Vieux Alpha Sow dit «Kaw» (oncle). Frère éloigné de la mère de Malick Bâ, Lémou Bâ, il est considéré comme un oncle de Malick Bâ. Habitant à Louga, il est venu à Sangalkam dès les premiers jours de la mort de Malick et avait emménagé dans la chambre des enfants où il a encore ses bagages. C’est ce dernier qui a été contacté par les autorités avec pour mission de convaincre surtout la mère et la femme de Malick Bâ. A la clé, il aura la chance d’avoir une audience avec le chef de l’Etat. Ce qu’il n’a jamais rêvé avoir un jour, bien que libéral convaincu. Une autorité étatique est ainsi désignée comme agent de liaison.Le jeudi 7 juillet, à quarante-huit heures de la cérémonie du 40e jour du décès du jeune maçon, Vieux Alpha Bâ décide de passer à la phase active de son plan, les autres détails étant déjà réglés. Le lendemain, une audience est fixée avec le Premier ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye, ensuite avec le président de la République, Me Abdoulaye Wade.Ce jeudi, Vieux  Alpha Sow se rend à Keur Massar pour rencontrer son grand frère, l’Imam Cheikh Sow, celui qui a été montré à la télévision nationale après l’audience. Il lui explique que le Président Wade souhaite les rencontrer et qu’il devait les accompagner puisqu’il est le patriarche de la famille. L’Imam n’y voit aucun inconvénient. «Kaw» se rend ensuite auprès des parents de Coumba Fall, la femme de Malick Bâ, pour leur expliquer qu’une autorité souhaite prendre en charge leurs petits-fils et qu’il souhaiterait qu’ils soient de l’audience qui leur sera accordée. Ces derniers donnent leur accord, sans arrière-pensée. Il lui reste maintenant les deux principales concernées : la femme et la mère de Malick Bâ.Pour mieux les isoler, Vieux Alpha Sow attend la nuit, lorsque les chats deviennent gris, pour opérer. Vers minuit, il tape à la porte du salon de Coumba Fall et s’annonce. Coumba lui ouvre la porte et lui demande le but de sa visite tardive. Il lui explique qu’ils doivent partir ensemble le lendemain à Dakar pour rencontrer une autorité qui veut prendre en charge les enfants. Coumba se montre réticente. Vieux Alpha Sow appelle sa mère à contribution pour la convaincre. Quelques minutes plus tard, elle leur répond «oui» sans enthousiasme. Après le départ du vieux, Coumba Fall prend son téléphone et joint Aly Bâ (frère de Malick) pour lui demander conseil. Mais ce dernier a déjà éteint son portable. Elle se dit que ce n’est pas grave. Elle va aller à la rencontre et à son retour, rendre compte.Pendant ce temps, Vieux Alpha Bâ, tape à la porte de la mère de Malick, Lémou Bâ. Lorsque cette dernière a ouvert, il lui explique que le juge l’a convoqué pour l’auditionner sur la mort de Malick Bâ comme il l’a déjà fait avec Coumba Fall. Lémou Bâ, qui devait se rendre le lendemain au marché «Syndicat» de Pikine où elle vend des mangues, accepte. Elle est partante pour tout ce qui peut aider à faire avancer l’enquête sur la mort de son fils.Dernier réglage avant l’audienceLe lendemain, vendredi 8 juillet, Vieux Alpha Sow, l’Imam Cheikh Sow, Coumba Fall, ses trois enfants, son père, sa mère, son beau-frère (le mari de sa grande sœur) et une certaine Néné Sow (marraine du petit frère de Malick, Aba) s’embarquent dans des véhicules affrétés pour la circonstance. Vieux Alpha Sow a eu le temps de rendre compte à son «commanditaire». Ordre lui est donnée de faire un détour chez lui avec les membres de la délégation. Une fois chez lui, l’autorité les reçoit, mais ne donne aucun détail sur l’audience qui aura lieu. Elle a, toutefois, pris le soin d’isoler Coumba Fall, celle qui était apparemment la plus réticente, pour essayer de la convaincre sur le bien fondé de leur démarche. Coumba reste de marbre. La tournure des évènements ne lui plait pas. Quelques minutes plus tard, les voilà à la Primature où ils sont reçus par Souleymane Ndéné Ndiaye. Lémou et Coumba semblent perdues. Ce n’est pas ce qui leur a été dit. Trente minutes plus tard, la délégation franchit les grilles du Palais. Elle est installée avant que le maître des lieux, Abdoulaye Wade, n’arrive. Dès les premiers mots, les membres de la délégation se rendent compte qu’ils ont été bernés. Wade parle comme si ce sont eux qui ont sollicité l’audience. Vieux Alpha Sow, le militant libéral, en profite pour dérouler. Il sort sa première carte de membre du Parti démocratique sénégalais (Pds) et se fait tout miel tout sucre devant Wade. Il lui explique qu’en tant que premier Sénégalais, la famille est venue lui présenter ses condoléances après la mort de Malick Bâ et lui dire qu’elle ne lui en veut pas. Malick devait mourir et il est parti.Lémou et Coumba courbent la tête et s’absentent. Elles s’en veulent d’avoir trahi la mémoire du défunt malgré elles. Durant toute l’audience, elles ne pipent mot. A la fin de l’audience, lorsque l’Imam Cheikh Sow faisait face à la presse, Coumba Fall, excédée, est déjà hors du Palais. Durant tout le trajet, elle n’ouvre pas la bouche. Une fois dans son salon, elle fond en larmes, inconsolable. Lémou Bâ se retire dans sa chambre et ne veut voir personne. Elle a honte. Et s’en veut de s’être laissée avoir comme une débutante. Ses enfants, Aba et Ousseynou, sont dans une colère noire.Aux autres membres de la famille, Lémou et Coumba jurent n’avoir rien à voir avec l’audience. Le lendemain, une conférence de presse est organisée par les membres de la famille pour lever toute équivoque. Le père de Coumba Fall y participe pour se laver. Comme tout le monde, il dit avoir été berné.Daouda MINE
Auteur: lobservateur - Daouda Mine
Publié le: Mardi 12 Juillet 2011

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