Autorisation de voyage au Maroc : un mur invisible pour les Sénégalais, entre formalités opaques et refus arbitraires
Alors que le Maroc se prépare à accueillir la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2025, la mise en place de l’Autorisation électronique de voyage (AEVM) pour les ressortissants sénégalais était censée faciliter leur venue. Mais sur le terrain, beaucoup dénoncent un système opaque, des refus d’autorisation injustifiés et des critères de plus en plus stricts. Entre volonté d’organisation et sentiment de rejet, des voix s’élèvent.
À quelques mois de la CAN 2025, le Maroc a introduit une AEVM pour les Sénégalais via l’application « YALLA » de la Fédération royale marocaine de football, tandis que les voyageurs pour d’autres motifs (affaires, tourisme, famille, etc.) passent par le portail officiel https://www.acces-maroc.ma.
Cette mesure, valable du 25 septembre 2025 au 25 janvier 2026, devait simplifier les déplacements des supporters et touristes, selon un communiqué de l’Ambassade du Maroc à Dakar. Mais dans la pratique, plusieurs Sénégalais dénoncent une procédure « compliquée » et des refus de visa sans explication.
Un parcours semé d’embûches
Un jeune Sénégalais, qui a préféré garder l’anonymat, raconte à Seneweb son calvaire. « J’ai déjà acheté mon billet aller-retour Dakar-Maroc, mais mes trois premières demandes d’autorisation ont été rejetées sans motif. À chaque refus, je dois payer des pénalités pour modifier la date de mon vol », confie-t-il. Frustré, il ne comprend plus les critères des autorités marocaines. « Je travaille au Sénégal, je ne vais pas au Maroc pour mendier ni pour vivre dans la rue », ajoute-t-il.
Sur la plateforme Accès-Maroc, la demande s’apparente à un parcours du combattant. « Le site est difficile d’accès. On exige le motif du voyage, la profession, les papiers d’identité… On m’a même conseillé d’éviter de cocher ‘autre’, car cela serait perçu comme suspect », explique notre interlocuteur.Les conditions d’obtention se sont durcies ces dernières semaines. « Désormais, il faut fournir un relevé de compte bancaire. Avant, la carte d’identité, le passeport et une attestation d’hébergement suffisaient », déplore-t-il.
Une prudence accrue des autorités marocaines
Ibrahima, un Sénégalais installé à Casablanca depuis plusieurs années, partage le même constat. « Le Maroc et le Sénégal sont des pays frères, unis par des liens historiques et culturels. Mais la présence de nombreux ressortissants d’Afrique subsaharienne, venus dans l’espoir de rallier l’Europe, explique sans doute la prudence des autorités marocaines », rappelle-t-il à Seneweb.
Malgré plusieurs années de résidence, Ibrahima ne dispose toujours pas de sa carte de séjour. « Pour l’obtenir, je devrais quitter le territoire marocain, acheter un billet d’avion et déposer une nouvelle demande. Mais j’ai peur qu’elle soit refusée. Je préfère rester ici au moins jusqu’à la fin de la CAN », dit-il.Il observe une réalité contrastée dans les grandes villes marocaines. « On peut circuler librement sans pièce d’identité, mais beaucoup d’étrangers vivent dans des conditions difficiles. Certains dorment dehors, d’autres mendient ou commettent des vols. Cela pousse les autorités à redoubler de vigilance », souligne-t-il.
Entre fraternité et méfiance
Les deux hommes estiment que la situation actuelle pourrait ternir l’image du Sénégal au Maroc et freiner les échanges entre les deux pays, pourtant liés par une amitié ancienne. « Même les Sénégalais qui vivent ici hésitent à rentrer au pays, de peur de ne plus pouvoir revenir », alerte le premier interlocuteur.
Officiellement, l’AEVM devait simplifier les démarches pour les voyageurs sénégalais. À noter que certains ressortissants restent dispensés de cette formalité, notamment les titulaires de passeports diplomatiques, de service ou spéciaux, les résidents au Maroc, les voyageurs en transit, les conjoints de Marocains, ainsi que les personnes âgées de plus de 55 ans. Cette disposition s’inscrit dans « une volonté d’organisation rigoureuse et respectueuse de la CAN », destinée à faire de l’événement « un moment inoubliable pour l’Afrique et le monde ».
Mais en réalité, elle semble avoir créé plus de confusion que de fluidité, selon nos interlocuteurs. Alors que la CAN approche, beaucoup espèrent que le dispositif sera revu pour que les « pays frères » restent unis par la confiance, et non séparés par la méfiance.
Commentaires (5)
Il n'y a qu' au Senegal où on entre librement comme on veut, voler nos papiers, nous insulter et aspirer à nous remplacer. Qui vivra verra.
Tu as parfaitement raison . Ce pays on dirait un grillage qui filtre l'eau. On est envahi et on nous insulte. Le Cameroun et le Gabon exigent des visas , ils respectent leur pays et leur souveraineté . Pourquoi le Sénégal ne peut faire pareil ? Dakar encombré de 3 roues qui font la lois de pousse- pousse vendeurs de café. On nous loye nos propres trottoirs en plein centre ville. On nous vend des saletés . C'est désolant
Depuis quand Paris est au Maroc ?
Soyez plus rigoureux, les gars.😑
Cette histoire d’autorisation n'est qu'un moyen pour le Maroc de se rattraper sur son système de libre échange qu'elle devrait pas opérer avec des pays Africains en particulier le Sénégal. Ce ne sont pas que les ressortissants de ses pays qui en payent les frais, je suis au Maroc mais les hôtels et la Campagnie Air Maroc sont en chute libre.
Ca a l'air d'un test de mise en place de Visa.
Le Maroc cherche à avoir un accès libre vers l'Europe, nous serons les sacrifiés.
Réglons nos insuffisances pour un avenir meilleur en interne
CV
783965521
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