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Sory Kaba, membre du Directoire de l’Alliance pour la République (Apr) «L’Apr n’est pas un parti qui peut faire gagner un président de la République»

Auteur: lequotidien

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Membre du pool de porte-parole de l’Alliance pour la République (Apr) et du Directoire dudit parti, par ailleurs, Administrateur du Fonds d’appui à l’investissement des Sénégalais de l’extérieur, Sory Kaba a indiqué, dans cet entretien, que sa formation politique ne peut pas faire gagner à un candidat une élection présidentielle. Fort de ce constat et du fait que l’Apr est arrivée au pouvoir sans être un parti organisé, M. Kaba estime que «le Président Macky Sall ne va jamais rompre la coalition Bennoo Bokk Yaakar (Bby)».

Le départ de Rewmi de la  coalition Bennoo Bokk Yaakar (Bby) défraie la chronique. Quelle lecture en faites-vous ?

Il y a un principe de départ qui régit l’ensemble des partis de la coalition Bennoo Bokk Yaakar (Bby) par une gestion concertée du pouvoir. Jusqu’ici, ce principe ne souffre d’aucune exception, en tout cas pas du côté du chef de l’État. S’il y a exception, peut-être que ce sera du côté des autres partis membres de la coalition et qui ont des ambitions de présenter leur candidat à l’occasion de l’élection présidentielle à venir. Si on revient à ce principe, il voudrait que s’il y a remaniement, que les mêmes hommes, si on ne leur reproche rien soient maintenus. Pape Diouf et Oumar Guèye ont été maintenus parce qu’ils appartiennent à une bannière politique. Si pour cela, la direction de  Rewmi révèle que, parce qu’ils n’ont pas été consultés, jette le bébé et l’eau  du bébé, ce sont des signes annonciateurs d’une mauvaise volonté de collaboration. Parce que, depuis l’an 1 du Président Macky Sall à la tête du pays, Idrissa  Seck s’est empressé de faire une rencontre avec la presse, il a même pleuré devant un écran de télévision et tout cela a été annonciateur d’une rupture. Pourtant, Macky Sall ne lui a pas fermé ses portes pour qu’ils discutent des questions qui peuvent faire avancer le pays. Si lui n’est pas allé directement voir le président et qu’il utilise une autre voie pour se faire entendre,  il est dans  un terrain qui n’est pas celui de la concertation. C’est lui-même qui a enfreint la règle de la concertation au sein de la coalition Bennoo Bokk Yaakar (Bby). Connaissant l’homme, revenant de ses études américaines, annonce à qui veut l’entendre qu’il est né pour être président de la République du Sénégal. À l’occasion de la présidentielle, il annonce, « Idy 4e président». Toutes ces annonces politiques sont tombées à l’eau parce que, la réalité politique au Sénégal fait qu’il y a une dimension divine que M. Seck n’intègre pas du tout.

Justement, dites-nous les raisons qui vous poussent à lui coller cet état d’esprit et pourquoi estimez-vous qu’il a toujours cherché à rompre ce principe de la concertation ?

Vous savez, il a réalisé un sondage d’opinion pour avoir des indicateurs afin de tirer sa décision politique et ce sondage le classe 3e si une élection présidentielle se tenait, aujourd’hui. Cela veut dire qu’il n’est pas encore dans le cœur des Sénégalais et qu’il faut qu’il y soit systématiquement. Et, le jeu politique consistera à dire, «il faut que j’y sois». Et, qu’en est-il des préoccupations des Sénégalais ? Nous devons avoir une rupture parce qu’on ne porte pas les préoccupations des Sénégalais ou bien, il y a un débat de fond qui se pose et que lui n’est pas d’accord avec la coalition mais, pas uniquement sur des considérations personnelles liées à son élection à lui. Il ne fait confiance qu’à son égo, il ne croit même pas aux  militants de Rewmi. Et, je peux vous dire que d’ici peu, Rewmi se réduira à Idrissa Seck lui-même.

À vous entendre parler, on  a l’impression que vous tremblez vous autres de l’Apr à l’idée d’un éventuel départ d’Idrissa Seck de la coalition ?

On est dans un champ politique. Et quoi qu’on dise, il y a encore des Sénégalais qui portent Idrissa Seck dans leur cœur, on ne sait pas combien mais, lors des dernières élections, il s’est classé 5e. Aujourd’hui, il fait partie des hommes politiques les plus et les mieux écoutés au Sénégal. Mais, on n’acceptera pas que l’opinion soit manipulée. Nous connaissons tous ce jeu qui est à des fins politiciennes mais  jamais pour développer le pays.

Pourquoi vouloir persister à dire que si Idrissa Seck venait à quitter la coalition, ce serait à des fins personnelles de se faire élire et non parce qu’il ne partagerait peut- être pas la voie empruntée par ladite coalition ?

Parce que, le président Macky Sall lui est accessible, il lui permet d’aller le  voir et de discuter avec lui sur les préoccupations de fond des Sénégalais. Il n’a jamais utilisé cette voie. Ça ressemble à l’homme, aveuglé par ses ambitions présidentielles mais pas, par les préoccupations des Sénégalais. Sous ce rapport là, il ne faut pas que les Sénégalais soient manipulés.

Mais pourquoi Macky Sall lui ne le consulte pas sur ces questions de fond si vraiment ils sont dans une logique de concertation ?

Il est arrivé 5e. S’il y a  bien quelqu’un qu’on doit consulter en respectant la démocratie sénégalaise, c’est le Parti démocratique sénégalais (Pds). Pourquoi de manière expresse devons-nous aller voir Idrissa Seck alors que lui déjà, ne le fait pas.

Pour son expertise peut-être ?

Il avait une fois annoncé que Macky Sall l’avait dépêché en mission en Libye. C’est révélateur également des bonnes dispositions  dans lesquelles se trouvait Macky Sall.  Qu’a-t-il fait de cette marque de confiance que le président lui a donnée ? Un an après, il en a parlé alors que les affaires d’État sont classées top secret sur une période au moins de dix ans. Macky n’a pas trouvé un héritage fameux et il fallait redorer le blason. Sur ce plan, Idrissa Seck a été saisi pour jouer son rôle. Entre Niasse et Macky, il n’y a pas d’ombrage, Abdoulaye Bathily c’est pareil et Ousmane Tanor Dieng aussi, sauf que ce dernier passe parfois par la presse pour se faire entendre. Il faut comprendre que l’élection présidentielle de 2012 a été une surprise pour Idrissa Seck et il ne s’en réveille  pas encore.

L’idéal aurait été de continuer à se mouvoir dans la coalition Benno Bokk Yaakar pour, qu’au terme du premier mandat et du second mandat de Macky Sall, il puisse faire l’unanimité au sein de la coalition et bénéficie de l’ensemble des partis politiques pour être le prochain président de la République du Sénégal. Cette option n’était pas exclue dans les schémas du président de la République mais, c’est lui qui n’y croit pas, pensant qu’il peut anticiper l’avenir, maitriser le temps et arriver là où il veut malgré la volonté des Sénégalais.

Pourquoi s’alarmer d’un départ si on sait que la coalition Benno Bokk Yaakar n’est pas opérationnelle ?

Elle est opérationnelle car, c’est elle qui dirige le pays. Maintenant, en tant qu’entité politique, je suis d’accord car, c’est une coalition arc-en-ciel. Exceptionnellement, c’est Idrissa Seck qui passe outre les règles de la coalition.

Il s’est dit que Macky Sall lui-même voulait rompre la coalition ?

Je vais vous dire, le président Macky Sall ne va jamais rompre cette coalition parce qu’il n’a pas encore l’appareillage électoral pour gagner  les élections à venir. L’Apr n’est pas un parti qui peut faire gagner un président de la République. Nous sommes au pouvoir depuis bientôt deux ans et je suis au regret de constater que le parti n’a pas encore réussi à marquer son enracinement dans le Sénégal en profondeur. Les responsables continuent à se crêper les chignons pour des responsabilités nationales, des responsabilités au sein de l’État même si souvent, leurs capacités restent à désirer. La tare congénitale de l’Apr, c’est d’être arrivé au pouvoir sans être un parti organisé. On est en train de subir les conséquences et vous voulez que dans ces conditions, l’on rompe la coalition. Ce n’est pas logique. On va continuer à s’appuyer sur la coalition pour autant qu’elle reste homogène et n’éclabousse pas le  fonctionnement de la République. Macky Sall est la clé de voûte des institutions de l’État et si ça ne marche pas, c’est à lui de rendre compte.

Revenons au fameux  sondage qui serait fait par Idrissa Seck, qui arriverait en tête et qui serait second ?

Le président Macky Sall arriverait en tête mais, le second, je me garde de le dire.

Karim Wade ?

Oui, c’est Karim Wade si une élection devait se tenir et qu’il est le candidat du parti démocratique sénégalais (Pds). Et voilà le problème d’Idrissa Seck. Une nouvelle fois, un autre fils libéral lui ravit la vedette. En fait, le Pds est encore le second parti majoritaire au Sénégal, c’est une réalité politique. Pour Karim, peut-être parce qu’il est prison et que notre réalité sociale fait que quand quelqu’un est supposé opprimé ou a tendance à être opprimé, tout le monde se lève pour le défendre.

Donc, vous pensez que Karim Wade est opprimé ?

Non, je dis supposé opprimé. Les Sénégalais ne sont pas  dans le secret des dieux, ils ne peuvent pas comprendre ce qui fait que Karim est aujourd’hui encore en prison. Mais le jour où tout se dévoilera, un choix objectif et judicieux se fera. On saura s’il est un bon présidentiable pour le Sénégal ou pas.

Auteur: lequotidien
Publié le: Mercredi 11 Septembre 2013

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