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INDUSTRIES - Arrivée d’une 3e cimenterie : La Sococim s’interroge sur les motivations de Dangote

Auteur: Mame Woury THIOUBOU

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La première cimenterie du Sénégal ne digère décidément pas l’arrivée d’une troisième usine. Ses dirigeants ont brandi plusieurs arguments pour dire que le Sénégal a déjà atteint ses capacités d’absorption en la matière.Avec une capacité de production plafonnant à 6,5 millions de tonnes de ciment et des clients pour 2,6 millions de tonnes, le marché sénégalais ne permet pas d’accueillir une troisième usine de ciment. C’est le message que les administrateurs de la Sococim industrie ont voulu faire passer en organisant hier une visite de presse sur le site de l’usine à Rufisque. «Nous avons des capacités suffisantes pour couvrir le marché qui a un taux de croissance qui ne permet pas, même pour les 15 prochaines années, d’absorber la surcapacité. Les prix du ciment continuent à baisser et il y a des règles et des procédures pour s’installer», souligne le Dg Youga Sow.C’est dire que les dirigeants de la Sococim ne cachent plus du tout l’inquiétude que leur pose l’installation prochaine de l’usine de ciment de Dangote, à Pout. «Moi, je pose un regard sur un secteur. C’est quoi ses capacités, c’est quoi les besoins dans le pays et quelles sont les possibilités de développement dans la sous-région ? Je vois que le marché local est limité, je vois que dans la sous-région, on pouvait se dire, on a des marchés au Mali, en Guinée ou en Sierra Leone pour exporter nos produits. Nous avons mis en place une organisation logistique, mais entre-temps, qu’est-ce qui s’est passé ? Tous les pays de la sous-région veulent se doter d’unités de production pour être autonomes. A l’horizon 2015, tous ces pays vont être sur-capacitaires. Et c’est en Afrique centrale qu’il faudra exporter. Et pour y aller, les coûts logistiques vont être très élevés», poursuit le directeur de la Sococim. Il insiste ainsi sur le fait que le Sénégal a déjà les prix les plus bas de la sous-région. «Nous avons les prix du ciment les moins chers en Afrique de l’Ouest avec une tonne à 130 dollars (65 000 francs Cfa) contre 240 dollars (120 000f)  dans un pays comme le Nigeria.  Pourquoi les gens vendraient-ils le ciment moins cher chez nous alors que chez eux la tonne est à 240 dollars ?», s’interroge M. Sow. En effet pour l’entreprise rufisquoise, l’arrivée d’une troisième cimenterie, celle du Nigérian Dangote, à Pout, soulève de nombreuses questions. Notamment sur les raisons de son implantation dans ce pays. Si la Sococim ne peut pas franchir les barrières à l’entrée du Nigeria, tel n’est pas le cas pour Dangote, qui dispose même d’une marge importante puisque le pays connaît souvent des pénuries de ciment. Pourquoi Dangote a-t-il choisi d’investir au Sénégal plutôt que dans son propre pays ? C’est, selon certains dirigeants de la Sococim, la question à se poser. Ce qui néanmoins révèle une certaine méconnaissance du marché sous-régional du ciment, car l’entrepreneur nigérian possède plus de 6 unités de production de ciment dans son pays, qui ensemble produisent plus de 5 millions de tonnes. Pourtant, Dangote n’a pas le monopole de la production de ciment, où il est en concurrence avec des entreprises françaises comme Lafarge.«Quelqu’un peut avoir ses hypothèses à lui ou des ambitions non avouées, ça le regarde. Mais moi, j’aurais été investisseur, je viens dans ce pays, je vais voir les investisseurs pour dire que je vais investir dans le ciment, les gens me prendraient pour un rigolo», estime Youga Sow.Le directeur de la Sococim demande aussi aux autorités de traiter tout le monde de la même façon. «Nous pensons être dans un secteur où tous les acteurs doivent être traités de la même manière», considère l’industriel. Il insiste en outre sur les menaces qui pèsent directement sur la vingtaine d’entreprises sous-traitantes de la Sococim, avec l’implantation de Dangote cement. «Avec 3,5 millions de tonnes, on a 700 à 800 emplois, sans compter les sous-traitants. Qu’est-ce qu’on va faire de tous ces Gie, ces entreprises qui se développent autour ?»
Auteur: Mame Woury THIOUBOU
Publié le: Jeudi 28 Novembre 2013

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