Le maintien de Pape Diouf et Oumar Guèye dans le gouvernement de Mimi Touré est une réponse de Macky Sall à Idrissa Seck. C’est maintenant clair que le leader de Rewmi a perdu «ses» deux ministres. En réalité, Idrissa Seck et son allié se parlent, mais par l’art de la mimique.
Pourtant Idy et Macky se «parlent». A distance. «Nous n’avons pas encore eu l’opportunité de nous rencontrer. Mais vous savez, quand je parle, Macky Sall m’entend», avait dit le leader de Rewmi en mai dernier lors de la cérémonie officielle d’installation du Conseil économique, social et environnemental. La réciprocité ne manque pas. Entre les deux, le langage est parfois codé, la répartie enveloppée, les allusions certifiées. L’un a toujours soutenu que le chef de file de Benno bokk yaakaar n’a mis en place aucun cadre d’échange et de partage des idées. Partage du pouvoir s’entend. L’autre, pour ne pas affaiblir son autorité, a dû rappeler - au-delà de Seck, à ses alliés aussi - qu’il est le seul maître à bord et décide seul. Un dialogue de sourds. Un dialogue tout de même. Les hostilités entre les leaders de Rewmi et de l’Alliance pour la République prennent une autre tonalité lorsque Idrissa Seck a «saccagé» l’état de grâce de Macky Sall par un bilan «pas fameux (Rewmi doxagoul)». Macky Sall a répondu à sa manière et sur un autre ton : «(…) C’est sa liberté de critiquer, de faire l’appréciation qu’il veut. (…) Ça n’a aucune espèce d’importance à mes yeux. Ce qui m’importe vraiment, c’est qu’au terme du mandat que, positivement, le Sénégal ait avancé en termes d’infrastructures, d’Etat de droit, de réalisations, que le Peuple sénégalais soit satisfait et ne regrette pas en comparant la situation actuelle avec celle d’avril 2012, lorsqu’on me donnait le pouvoir. C’est cela qui est essentiel.» Au-delà du parler, le chef de l’Etat a répliqué à cette insupportable provocation Seck par un Sall coup pour «assainir» le ministère de Oumar Guèye en limogeant - ou participant au limogeage - du directeur de la Sones, membre de Rewmi.
Pape Diouf et Oumar Guèye à l’imparfait
Et les mimiques se poursuivent de façon plus sophistiquée par des sorties, dit-on, dictées ou imposées aux deux ministres Pape Diouf et Oumar Guèye par le chef de l’Etat lui-même contre leur chef. Idrissa Seck avise - ou menace -, sans diplomatie, que ces «infidèles» ne sont plus ses «ambassadeurs». Il aurait confié : «Allah n’aime pas les traîtres, Idrissa non plus. Omar Guèye et Pape Diouf ont choisi leur camp.» Et c’est vrai, puisque le porte-parole de Rewmi, Abdourahmane Diouf interrogé dans L’Observateur d’hier, au lendemain de la formation de l’équipe de Mimi Touré, confirme encore à l’imparfait cette rupture parfaite des deux ministres avec leur leader : «Nous avions deux ministres dans le gouvernement.» A l’interrogation du maire de Thiès qui voulait être clarifié sur le recrutement ou non de ses deux ex(?) ministres, Pape Diouf et Oumar Guèye, le président de la République a répondu par leur maintien. Mais y a ajouté une autre : Une coalition Benno bokk yaakaar gouvernementale sans Rewmi, en attendant le Bby parlementaire qui, vraisemblablement, se décidera le jour où la proposition de loi du député Oumar Sarr passera à l’Assemblée nationale.
La suite à l’Assemblée
Seck est jusqu’ici l’opposant «naturel» de Sall et plus encore depuis le 25 mars, lorsqu’il en avait épousé le ton. Mais c’est la confidence du Président selon laquelle il prend le leader de Rewmi comme un «opposant» que les statuts sont devenus plus clairs. Pour Abdourahmane Diouf, «le parallélisme des formes» qui avait dicté la participation de Rewmi au gouvernement de Abdoul Mbaye «n’a pas été respecté» en ce qui concerne Mimi Touré i. Il dresse un autre bilan avant le deuxième anniversaire de l’alternance du 25 mars : «Aussi bien le résultat que le processus qui doit mener au résultat ne nous donnent pas satisfaction.» Macky Sall a composé donc son «armée» en mettant le «général» Mimi à la tête de la «troupe» composée d’«éléments» de Benno bokk yaakaar pour contrer les «obus» de Idrissa Seck. C’est là une réplique à la menace du maire de Thiès lors de son entretien avec le Groupe futurs médias. Le leader de Rewmi avait déclaré que «le rapport de forces dans Benno bokk yaakaar va se modifier» et que les critères qui avaient prévalu aux Législatives sont devenus «caduques». Pour lui, si à l’approche des Locales il se rend compte que son poids pèse, par exemple 35%, il le fera valoir dans les quotas. A défaut, il ira peser sa représentativité auprès du Peuple. Que vaut-il aujourd’hui après avoir connu la saignée avec les départs de Pape Diouf, Oumar Guèye et l’autre surprise, Me Nafissatou Diop Cissé ? Seulement, le fait est que, comme l’analyse Me Djibril War dans un entretien avec Le Quotidien, cette forme de transhumance pourrait plus servir à Idy qu’à Macky Sall. Le dialogue continue.
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