Profiter de ce mois de Ramadan pour faire multiplier les bienfaits est à la mode chez les musulmans. Des repas gratuits sont donc distribués à presque tous les coins de rue. Mais, s’il y a une pratique qui irrite bon nombre de musulmans, c’est la manière dont certains «Baye Fall» demandent l’aumône dans les rues de Dakar. C’est du forcing ou à la limite du harcèlement qu’ils font.
Ils «étouffent», «envahissent» et «irritent»
Même si le Ramadan est une période de bonnes affaires pour les mendiants et autres nécessiteux, certains «Baye Fall» tordent toujours la main aux gens pour récolter le «Adiya» (aumône). Comme pour coller au Ramadan, ils demandent des pièces de monnaie pour le sucre du «ndogu». Seulement, nombreux sont ceux qui leur donnent de l’aumône juste pour se débarrasser d’eux et éviter ainsi leur forcing.
Dans la rue, ils se font distinguer par leur manière d’«étouffer», d’«envahir» ou même d’«irriter». Ils évoquent tous les noms de Saints et de marabouts pour appâter. Ils ne desservent l’étreinte sur leur «proie» que quand elle lâche du leste et leur donne une pièce de monnaie. Parfois, ils se couchent même sur l’asphalte, devant les véhicules, pour les contraindre à mettre la main à la poche. Une pratique que beaucoup déplorent et qualifient même parfois de «rackette».
«Ce qu’on donne sous la contrainte, on ne peut en tirer aucun bienfait»
Certains, comme Bass Diagne, pensent même qu’une telle manière de mendier salit la réputation du Sénégal. «Ce sont des comportements indignes, et un étranger qui voit ce genre de pratiques peut avoir une image déplorable de notre pays. Ces comportements salissent l’image du Sénégal. Ils doivent y mettre un peu la manière. Parce que finalement les gens leur donnent avec énervement, car n’ayant pas en vérité le choix. Or, ce qu’on donne sous la contrainte, on ne peut en tirer aucun bienfait», souligne ce jeune père de famille.
Dans la même logique, Mamy Diouf, une fille moins âgée, conforte ces propos. A son avis : «La manière dont ces ‘Baye Fall’ demandent est vraiment énervante». «Car, poursuit-elle, quand ils vous interpellent dans la rue, tant qu’ils n’obtiennent pas gain de cause, ils ne vous laissent pas en paix. Finalement, on ne donne pas de gaîté de cœur, mais par mépris, pour se débarrasser d’eux».
Pas de vrais «Baye Fall»
Sous le couvert de l’anonymat, un membre d’un dahira de disciples de Cheikh Ibra Fall confie que ceux qui s’adonnent à ces pratiques ne sont pas de vrais «Baye Fall». «Ce sont en général des bandits qui salissent notre réputation. Nous n’imposons à personne de nous donner quoi que ça soit. Chaque heure de ‘ndogu’, nous préparons du ‘Café Touba’ pour le distribuer dans la rue. Ce n’est que pour ça qu’on demande aux passants quelques pièces pour acheter du sucre. Non, ce ne sont pas de vrais ‘Baye Fall’. Un ‘Baye Fall’, un vrai, n’indispose et ne contraint personne», explique-t-il.
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