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Entretien avec… Mansour Ndiaye candidat à la présidentielle : ‘ Une caution à 100 millions, c’est inacceptable dans une démocratie’

Auteur: Mame Seydou DIOP

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A 41 ans, cet expert financier compte bousculer, au mois de février 2012, les vieux renards de la politique pour accéder à la magistrature suprême. Il, c’est Mansour Ndiaye, le candidat du ‘mouvement Dooley Yakar’. Pour sa première participation à une élection présidentielle, l’enfant du Ndiambour ne compte pas faire de la figuration. Il veut créer la surprise, dès le premier tour. 

Wal Fadjri : Qu’est-ce qui a motivé votre candidature ?

Mansour Ndiaye : j’ai vu tout le désarroi qui baigne au pays. J’ai vu des Sénégalais qui vivent dans des situations honteuses. J’ai parcouru le monde rural, j’ai vu dans les îles du Saloum, beaucoup de villages qui boivent de l’eau salée avec un taux de salinité qui dépasse 5g/l. J’ai vu, comment les citoyens ont des difficultés pour se faire soigner. J’ai vu, comment les producteurs bradent leurs productions, parce que n’ayant pas de débouchées ou de bons prix, car l’Etat n’a pas mis en place les dispositifs qui leur permettent de vivre de leur sueur. J’ai vu tout ce qu’il y a comme disfonctionnements et déséquilibres dans un pays où, en terme de valeur, jouer peut être plus significatif que travailler.

J’ai vu aussi, comment la classe politique en termes de mode de gouvernance, aujourd’hui, a beaucoup de failles. Comment entre opposition au pouvoir, on a pu se passer 30 millions de Fcfa par mois sans que les citoyens ne soient pas au courant, sans qu’on ne puisse nous dire quels sont les tenants et les aboutissants de cet argent qui est transféré vers d’autres acteurs politiques. J’ai vu comment les gens évitent le débat du financement des partis politiques pour le faire d’une façon masquée au détriment des citoyens. J’ai vu le taux de chômage, j’ai vu les ambulants, j’ai vu la précarité.

Sur 10 Sénégalais, les six sont pauvres. Ce sont les chiffres officiels tirés sur les différents documents sur la stratégie de réduction de la pauvreté. Cela veut dire qu’il y a un malaise. Aujourd’hui, vous êtes à Dakar, la question de la sécurité pose problème. Les questions sanitaires, de cadre de vie, comment les autorités sont en train de brader le peu d’espaces qui nous restent. J’ai vu de plus en plus, la fermeture des citoyens sénégalais. Avant, les Sénégalais avaient un esprit ouvert sur le monde, mais de plus en plus, on est en train de nous enfermer. C’est inacceptable. C’est pourquoi, j’ai dit à beaucoup d’experts, il faut qu’on se mette ensemble.

On n’est pas des politiciens chevronnés, mais qu’on se mette ensemble dans le cadre d’une dynamique qui prendra à bras le corps, l’ensemble de ces difficultés pour apporter des solutions, mais qui inciterait aussi à un modèle de gouvernance qui soit assez équilibré pour nos pays. De l’extérieur, on ne peut pas nous respecter parce qu’on n’est pas capable dans nos pays, de faire deux mandats et de s’en aller. On n’est pas capable de régler nos problèmes institutionnels. C’est toujours les mêmes reproches qu’on fait aux cadres sénégalais lorsqu’ils travaillent dans les institutions internationales. D’autres pays ont réussi en termes d’institutions, en termes de respect de l’indépendance de la justice, etc.

Quelles seront les chances de votre mouvance lors de ces élections présidentielles de 2012 ?

Au vu de la marche de notre dynamique, je suis bien parti pour être le 4e président de la République du Sénégal. Avec mon staff, je suis en train de réfléchir sur les différentes réformes que nous allons juste commencer à impulser aux gens en 2012, parce que nous serons investis par la grâce de Dieu.

Quelles seront ces réformes ?

D’abord c’est la question lancinante de l’énergie. Il faut qu’on la règle d’une façon ou d’une autre. C’est la question de la pauvreté, de la jeunesse, d’une stabilité au niveau des Institutions. Moi je me suis engagé à ne faire que deux mandats et peut être qui va tourner autour de 10 voire 5 ans. Je pense que c’est suffisant pour quelqu’un qui veut travailler, qui veut apporter sa contribution dans la marche de son pays et aller faire autre chose. Je me suis engagé à ne pas être chef de parti. Parce que l’esprit partisan, comme je l’ai dit dans ma déclaration, a ainsi miné tout esprit de construction nationale au Sénégal. Nous avons vu comment tous ces fonds qu’ils sont en train de piller et qui ne favorisent qu’à certains jeunes du Pds, de la Génération du concret et des autres mouvances. Cela ne peut plus continuer.

Quelle sera votre arme de bataille pour bousculer cette hiérarchie politique ?

Pour bousculer cette hiérarchie, je compte beaucoup sur la mouvance qui est en train de se construire. C’est une mouvance où, on retrouve des gens qui ont une certaine expertise. Que ce soit au niveau du monde paysan, au niveau des transporteurs ou de la diaspora.Parce que je les ai rencontrés et je sais que ce sont des gens vaillants et qui sont en train d’apporter une contribution significative aujourd’hui dans le développement des pays européens. Je pense de façon légitime qu’on peut déplacer le centre de gravité de cette contribution vers notre pays. J’ai vu comment des gens ont investi des millions au pays pour retourner sans crier gare, parce que tout simplement, ils ont été arnaqués par un système qui est là, un dispositif qui est corrompu. Nous nous fondons en fait sur ces leviers, d’éthique, de créations d’un environnement de valeur. Un environnement qui promeut l’investissement, les bonnes pratiques en matière de gestion, en matière de gouvernance et qui pourra permettre aux différents citoyens de faire éclore leurs talents. Je sais que les sénégalais sont talentueux, ils savent faire des choses et partout ils l’ont montré.

Le 23 juin, étiez-vous parmi les manifestants ?

Le 23 juin, j’étais devant les grilles de l’Assemblée Nationale du matin au soir. Non seulement devant l’Assemblée Nationale, mais quelques fois aussi dans la banlieue pour soutenir les jeunes. Parce que je me retrouve en fait dans cette jeunesse qui s’est toujours battue pour des idéaux de démocratie et de liberté. Aujourd’hui le peuple sénégalais n’a plus confiance en ses dirigeants. Je l’ai dit, lors de ma rencontre avec le Walo que je n’entre même pas dans le débat, est ce que la constitution le permet oui ou non. Mais je crois que Wade, s’il avait le bon sens de l’histoire, s’il lui reste un peu de bon sens, il ne doit pas se présenter pour ne pas mettre le pays dans le chaos. Déjà les crises énergétiques, les coupures ont plongé Dakar et les environnants pendant 24 heures de violences. Les gens ont tout perdu à cause de cela. Aujourd’hui les jeunes sont très remontés contre ce pouvoir. Je demande, je l’ai dit et je le redis, je demande solennellement à Abdoulaye Wade assez de retenue pour ne pas se présenter en 2012.

Pensez-vous que le retrait de Wade, peut régler la situation actuelle du pays ?

Il peut régler la situation, parce qu’on ira vers des élections apaisées et le peuple sénégalais va décider. Ce que le peuple sénégalais ne peut pas accepter aujourd’hui c’est le jeu de tripatouillages de la constitution à huit mois des élections. On ne peut pas l’accepter. Nous n’accepterons pas que le jeu démocratique soit biaisé et c’est là où j’ai lancé un appel à l’ensemble des Institutions pour qu’elles veillent sur les élections pour qu’elles se déroulent de façons transparentes, parce qu’on est confiant que le peuple sénégalais a cette maturité pour décider de qui va les diriger après 2012.

A six mois des élections, quel message lancez-vous au peuple sénégalais ?

Wade ne doit pas se présenter. Il doit nous garantir des élections apaisées et transparentes et le budget ne doit pas être biaisé. On parle de la caution à 100 millions, 200 millions, c’est inacceptable dans une démocratie. La caution doit être à la mesure des citoyens qui veulent briguer le suffrage des Sénégalais. Wade ne doit pas se présenter et les élections doivent se passer dans la paix et dans la stabilité que nous avons connue. Je l’ai dit, que les Sénégalais n’acceptent pas que l’on plonge le Sénégal dans le contexte des conférences nationales qui ont eu en Afrique dans beaucoup de pays, aux lendemains des crises dans ces différents pays. Nous ne sommes pas à ce stade. Il faut qu’après 2012, on s’attaque aux problèmes qui sont en train de miner notre société et qui sont en train de créer un malaise…

Propos recueillis à Nouakchott 

Auteur: Mame Seydou DIOP
Publié le: Vendredi 26 Août 2011

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