La baisse des prix annoncée hier ne semble satisfaire que l’Etat. Ni les producteurs ni les importateurs et encore moins les consommateurs, ne semblent convaincus de ses vertus.
Les prix à la consommation du riz brisé, du sucre cristallisé et de l’huile, ont baissé depuis hier, à l’issue de la réunion du Conseil national de la consommation. Cette instance a annoncé hier que ces produits ont connu une certaine baisse, pour coûter respectivement 260 francs le kilo pour le riz, 900 francs le litre ou 290 francs la dosette pour l’huile, et 575 francs Cfa le kilo de sucre. Beaucoup d’acteurs ont trouvé que ces baisses étaient ridiculement faibles, même si elles apportaient un certain soulagement.
Elles ne représentent en effet, que 40 francs de moins sur le prix actuel du riz, dix francs de moins sur l’huile, et moins de 5 francs sur le prix officiel du sucre. En fait, ces tarifs sont plus un réajustement qu’une baisse, ce qui explique que l’Etat ne soit pas obligé de subventionner.
Le ministre du Commerce et de l’Artisanat, qui présidait la séance du Conseil national de la consommation, en a profité pour signaler que des dispositions ont été déjà prises pour assurer l’effectivité des baisses annoncées. M. Alioune Sarr a dit que des brigades des contrôleurs vont sillonner tous les marchés sur toute l’étendue du pays. Et toutes les Forces de l’ordre, police et gendarmerie, sont mobilisées pour démasquer tous les commerçants récalcitrants. Le ministre a tenu à indiquer, en répondant aux journalistes, que ces mesures font partie de l’attirail mis en place «pour renforcer le pouvoir d’achat des Sénégalais». Il a signalé qu’il y a eu ainsi, la réduction de la pression fiscale sur les salaires, la fixation d’un prix au producteur suffisamment attractif qui a fait que l’arachide s’est vendue suffisamment bien et que la commercialisation de la tomate a rapporté aux organisations des producteurs, la bagatelle de 3 milliards de francs Cfa pour 40 000 tonnes de produits.
Cependant, a tenu à souligner Alioune Sarr, il faudrait que le consommateur sénégalais accepte de faire aussi sa propre police, et refuse de payer les produits concernés en dehors des prix indiqués. Et pour mieux l’aider, un numéro vert a été installé, où toutes les dénonciations pourront être reçues. D’une voix ferme, le ministre a indiqué : «Nous allons appliquer la tolérance zéro. Nous serons vigilants et fermes. Les coupables verront leurs marchandises saisies ; sans compter que les sanctions pourraient aller jusqu’à l’emprisonnement.»
La pénurie pire que la hausse des prix ?
De leur côté, les consuméristes, présents dans la salle, se sont également réjouis de ces baisses, aussi minimes qu’elles puissent être. Cependant, leur préoccupation, en ce qui concerne Momar Ndao, le président de l’Ascosen, est de demander l’élargissement de l’assiette des produits homologués, car dit-il, cette hausse devrait pouvoir affecter aussi des produits comme le pain, les télécommunications, l’énergie et autres. Mais il estime que l’Etat a pris une bonne direction néanmoins. Avis que partage Amadou Kanouté de Cicodev. Cependant, ce dernier estime que l’Etat devrait encourager la production et la transformation surplace des produits que consomment les Sénégalais. Pour lui, cela est le meilleur moyen de faire des économies des devises, en plus de permettre de créer des emplois pour une bonne partie de la population nationale.
Pour leur part, les producteurs et les commerçants, mettent un léger bémol à l’enthousiasme général. Ainsi, l’importateur de riz Moustapha Tall estime que l’urgence est une organisation de la filière d’importation de riz, pour éviter que des «flibustiers» pénètrent le secteur, juste pour faire des coups, gagner de l’argent, et se retirer. Il indique : «Avec la concurrence, on vend parfois à perte. Il arrive que l’on importe massivement, et l’on vend à perte. Parce que rien n’est organisé, le marché est libre.» Pour l’importateur, l’homologation des denrées crée plus de problèmes qu’elle n’en résout. Il estime : «Avec la libéralisation, ce qui fait baisser les prix, c’est la concurrence. La loi interdit de vendre à perte. Ce qui est plus grave, c’est la pénurie, et non pas la hausse des prix. La pénurie, c’est une bombe ! Il faut organiser le secteur, cela permet d’éviter des problèmes.»
La Css joue sa partition
Pour la Compagnie sucrière sénégalaise se réjouit d’avoir pris part au soulagement du consommateur. Mais comme les consuméristes, Louis Lamotte, le conseiller de Mimran, indique que le coût de la vie ne repose pas que sur deux ou trois produits dont on impose la baisse. Il fait remarquer que d’autres services ont fortement renchéri du fait d’une forte spéculation non contrôlée.
S’agissant de son stock de sucre invendu, Lamotte se félicite de la volonté des pouvoirs publics de mettre son entreprise en situation de l’écouler. Et par ailleurs, s’agissant de la contrainte qui lui a été faite de réaliser l’autosuffisance dans les trois prochaines années, et faire en sorte que le sucre sénégalais soit compétitif, il souhaite que les difficultés que connaît son entreprise à accéder aux terres dont elle a besoin, et qui n’ont aucune base «financière ou juridique», puissent être levées pour que la compagnie réalise rapidement ses objectifs, «à la grande satisfaction des consommateurs, des pouvoirs publics, et de ses employés également».
Commentaires (0)
Participer à la Discussion