Abdoulaye Wade propose la création d’une association internationale des amis du lac Tchad

Le président de la République Abdoulaye Wade a proposé la création d’une ‘’Association internationale des amis du lac Tchad’’, un cours d’eau dont la ‘’disparition’’ constituerait ‘’sans aucun doute une très grave catastrophe environnementale et humanitaire’’.

‘’La disparition du lac constituerait sans aucun doute une très grave catastrophe environnementale et humanitaire et une source potentielle d’instabilité liée à l’épuisement des ressources dont dépendent les populations riveraines’’, indique le préambule des statuts de la structure proposée par le chef de l’Etat.

Le président Wade a participé dimanche à Ndjamena à la session Afrique du 8-ème forum mondial du développement durable sur le thème ’’sauver le Lac Tchad’’.

Dans les statuts qu’il a fait élaborer, le président de la République souligne qu’il convient, ‘’dès à présent, par une vision anticipative, d’envisager les voies et moyens nécessaires pour inverser la tendance en cours’’.

Rappelant que diverses initiatives ont été jusque là menées, notamment au sein de la Commission du Bassin du Lac Tchad, pour lutter contre l’assèchement du lac, il note que leurs restent ‘’très limités’’.

Ces efforts ‘’certes en ce sens qu’ils n’ont permis ‘’ni d’arrêter le tarissement des eaux du lac, ni, par conséquent, de juguler le risque de disparition qui le menace, d’autant plus qu’au plan international la préservation du Lac Tchad ne semble pas figurer dans l’ordre des priorités’’.

Le but de l’association, à but non lucratif, proposée par le chef de l’Etat sénégalais est de ‘’restaurer le Lac Tchad dans ses dimensions originelles en œuvrant à la préservation de l’écosystème et de la biodiversité du lac et de ses rivages et, comme objectifs immédiats, d’arrêter le rétrécissement continu de ses eaux’’.

Comme moyens d’action, la structure compte agir par voie de plaidoyer, de sensibilisation, de veille et d’alerte pour ‘’susciter le niveau de conscience le plus élevé sur les risques liés à la disparition du lac et un élan de solidarité internationale le plus large en faveur du lac’’.

L’Association mènera aussi ‘’des actions directes sur le terrain visant à réaliser les travaux nécessaires pour renflouer le lac et permettre une utilisation rationnelle de ses eaux dans l’intérêt des générations actuelles et futures’’.

Son siège est établi à la Présidence de la République du Sénégal, à Dakar. Il peut être transféré à un autre lieu sur décision des membres de l’Association prise à la majorité des 2/3.

Les organes de l’Association sont : l’Assemblée générale, composée des membres fondateurs et des membres adhérents, du Bureau et du Secrétariat général. Ses ressources sont constituées des cotisations acquittées par les membres, des dons et legs, des subventions, des intérêts et revenus des biens et valeurs lui appartenant.

Partagé par le Niger, le Nigeria, le Tchad et le Cameroun, le Lac Tchad est une zone d’importance vitale pour plus de 30 millions d’habitants riverains du lac d’après des estimations des Nations unies.

Il est d’un intérêt écologique majeur pour la préservation de l’écosystème et de la biodiversité sur l’étendue du territoire qu’il couvre.

Cette réserve d’eau douce a perdu 90% de sa superficie entre 1963 et 2001 (de 25 000 Km2 en 1963 à moins de 1 500 Km2), par l’effet combiné de conditions climatiques sévères et d’activités humaines dommageables.

Selon des prévisions climatiques de la NASA, l’agence spatiale américaine, le lac risque de disparaître complètement dans une vingtaine d’années, si aucune action d’envergure internationale n’est entreprise pour enrayer le phénomène alarmant de rétrécissement de ses eaux.

Outre la baisse de 60 % de la production halieutique, les pâturages se sont dégradés, entraînant une baisse des disponibilités en fourrage (de l’ordre de 46,5 pour cent dans certaines zones en 2006) et une réduction du cheptel et de la biodiversité.

L’alimentation en eau du lac Tchad au menu d’un forum international à Ndjamena

La question de l’alimentation en eau du lac Tchad est au cœur des réunions d’experts du 8-ème forum mondial du développement durable sur le thème ‘’sauver le lac Tchad’’, un cours d’eau menacé de disparition à cause de son rétrécissement.

‘’Tout le monde pense à un transfert des eaux’’ de la rivière centrafricaine de l’Oubangui vers le Chari qui borde Ndjamena et alimente le lac, souligne Jacques Lemoalle, directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), cité dans un document transmis à l’APS.

M. Lemoalle s’exprimait en marge des réunions d’experts du "segment scientifique" du Forum de Ndjamena.

‘’Il faut d’abord voir la faisabilité technique’’ de ce projet qui permettrait de détourner une partie des eaux de l’Oubangui, rivière située dans le bassin du Congo et longeant le sud de la Centrafrique, a indiqué le chercheur, estimant qu’il convient d’’’attendre les résultats des études en cours’’.

‘’Et que faire si demain on a beaucoup d’eau ? A qui ça servira ?" s’est-il interrogé, précisant que "personne ne connait le volume" qui serait transféré.

‘’Pour renverser la tendance, la seule alternative c’est le transfert des eaux’’ a pour sa part estimé Michel Dimbele-Kombe, directeur de l’Observatoire du bassin du lac Tchad, organisme dépendant de la Commission du bassin du lac Tchad (CLBT), créé par six Etats proches du lac.

Après deux jours de réunions, les experts devaient remettre samedi soir leurs conclusions avant le ‘’segment politique’’ prévu dimanche et auquel ont participé plusieurs chefs d’Etat, dont le Sénégalais Abdoulaye Wade, arrivé samedi dans la capitale tchadienne.

‘’Autrefois considéré comme la mer intérieure en Afrique, le lac Tchad a perdu 90% de sa superficie depuis 1960 et selon certains spécialistes, il pourrait disparaître d’ici 20 ans si aucune action d’envergure n’est engagée’’, indique un document remis aux participants au forum.