AFRIQUE-HYDROCARBURES - Me Wade met en garde les pays producteurs de pétrole contre les risques d'un ‘'flux migratoire''

Dakar, 27 juil (APS) - Le président sénégalais Abdoulaye Wade a mis en garde, jeudi, les Pays africains producteurs de pétrole (PAPP) contre les risques d'un flux migratoire en provenance des pays non producteurs du continent.

La production de pétrole dans les PAPP a généré un surplus de revenus de 119 milliards de dollars soit l'équivalent de 62 mille milliards de francs, par le seul fait de la hausse du cours du Brent, a explique Me Wade à l'occasion de la réunion ministérielle de l'Association des pays africains non producteurs de pétrole.

Au Sénégal, les subventions pétrolières qui se chiffraient à 23 milliards de francs en 2002 pourraient s'établir à 117 milliards en 2006.

''Si cette situation devrait persister, les pays producteurs de pétrole risquent d'être exposés à des flux migratoires importants des populations des pays non producteurs. On doute fort que l'on puisse s'opposer à ces courants irrésistibles'', a averti le président de la République.

Des ''menaces graves pèsent sur la stabilité économique, financière, sociale de nos Etats et la réalisation de nos objectifs d'éradication de la pauvreté'', a dit Abdoulaye Wade.

Il a signalé que si des mesures ne sont pas prises pour supprimer cette surcharge, les pays non producteurs ''s'acheminent inéluctablement vers le désinvestissement et, de façon plus globale, la régression économique''.

''La promotion de l'éducation et l'accès aux services de santé et à l'eau potable ne seront plus que des vœux pieux'', a-t-il dit.

Une vingtaine de pays africains ont pris part à la rencontre de Dakar. L'Afrique compte 42 pays non producteurs de pétrole.

Lors du dernier sommet de l'Union africaine tenu à Banjul (Gambie), Abdoulaye Wade avait proposé la création de l'Association des pays africains non producteur de pétrole pour faire face à la hausse intempestive du prix du pétrole.

''La hausse vertigineuse du prix du pétrole divise l'Afrique en deux catégories'', a expliqué Me Wade.

Selon lui, il s'agit ''des PAPP dont les richesses augmentent de façon vertigineue'' et des PANPP qui voient leur situation se détériorer avec des factures pétrolières sans rapport avec leur capacités de paiement''.

''Les PAPP qui s'accaparent égoïstement des rentes du pétrole, joueraient à leur perte'', a-t-il estimé.

Il a souligné qu'en gardant exclusivement à leur profit ces richesses inespérées, ''sans aucun rapport avec un travail qu'ils auraient fait, ces pays bénéficient tout simplement du hasard des frontières arbitrairement tracées par la colonisation''.

''Ils ne pourront jamais empêcher les autres africains d'envahir leur territoire'', a-t-il estimé. Pour Abdoulaye Wade, ''les frontières que la mise en œuvre de l'Union africaine rend de plus en plus absurdes devraient aussi disparaître dans les sous-sols et faire du pétrole un bien commun''.

''Sans aller jusque-là, une solution peut être organisée autour de la solidarité africaine'', a-t-il suggéré.