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Cameroun : comment une rumeur sur le coronavirus a failli embraser la prison de Yaoundé

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Des forces de sécurité lors de la libération d'activistes anglophones, à la prison centrale de Yaoundé, au Cameroun, en septembre 2017.
Les détenus de la maison d’arrêt de Kondengui, la plus importante du pays, revendiquent davantage de mesures barrières face à la pandémie de coronavirus, en raison de malades suspects au sein du pénitencier.

Lundi 13 avril, des dizaines de détenus de la prison centrale de Yaoundé-Kondengui ont manifesté leur inquiétude, suspectant la présence de plusieurs malades du Covid-19 au sein de l’établissement. Pour faire entendre leurs voix, ils se sont réunis dans la cour intérieure de la prison dès les premières heures de la matinée, réclamant à cor et à cri des kits de tests et un renforcement des mesures barrières afin d’éviter une éventuelle propagation de la maladie.

En quelques heures, la maison d’arrêt de Kondengui était cernée par un important dispositif sécuritaire comprenant gendarmes et policiers. À l’intérieur, des agents de l’administration pénitentiaire tentaient alors de ramener l’ordre, face à des détenus tiraillés entre crainte d’une contagion et détermination à transmettre leurs griefs. Pour les forces de sécurité comme pour le voisinage, la peur d’une émeute similaire à celle de juillet dernier était perceptible.

Selon des informations recueillies par Jeune Afrique, ce nouveau mouvement d’humeur au sein de la prison centrale de Yaoundé a été provoqué par la présence de malades, suspectés d’être infectés par l’épidémie de Covid-19. L’un d’entre eux se trouvait au quartier 7 de la prison, l’un des espaces VIP où réside notamment l’ancien secrétaire général de la présidence de la République, Louis Marie Atangana Mebara, et l’ancien ministre de la Santé, Urbain Olanguena Awono.

Évacuation des cas suspects

Le malade qui affichait « une fièvre » teintée de « toussotements persistants » a été isolé par les autres prisonniers. Un autre cas présentant des « troubles respiratoires » a également été enregistré au quartier 3. Ils ont depuis été évacués, sans qu’un test ne confirme leur statut sérologique.

Par ailleurs, la prison de Kondengui a connu une coupure d’électricité nocturne particulièrement longue entre le samedi 11 et le dimanche 12 avril. Au sein des différents quartiers, la rumeur selon laquelle cette interruption de courant avait pour but de permettre une exfiltration en douce des malades du Covid-19 a rapidement circulé, constituant la touche finale du scénario de ce début de révolte.

Pour apaiser les tensions, l’administration pénitentiaire a entamé une campagne de distribution de masques et de solutions désinfectantes. Mais à l’extérieur de la prison, ces mesures sont toujours jugées insuffisantes.

La commission des droits de l’homme de l’ordre des avocats du Cameroun maintient ainsi que seule « une réelle décongestion des prisons » peut garantir une maîtrise de la situation en cas de présence du virus. « 56% des détenus sont des prévenus, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas encore été condamnés”, indique Me Bissou, président de ladite commission. « Nous demandons qu’ils comparaissent libres, que les petites peines soient différées, et que les personnes à risque ayant purgé la majorité de leur peine soient elles aussi libérées », poursuit-il.

Après une première alerte du barreau le 26 mars dernier, l’administration pénitentiaire avait entrepris de décongestionner la prison de Kondengui en transférant quelques prisonniers dans d’autres maisons d’arrêt, comme celles de Yoko et de Ntui. Mais avec un taux de remplissage de l’ordre de 193%, selon des estimations de 2019, l’impact de cette action est peu perceptible sur l’effectif global de Kondengui.

Le 2 avril dernier, onze gardiens de prison, suspectés d’être eux aussi infectés par le virus, avaient été mis en quarantaine par le régisseur de la prison principale de Mbanga, une petite ville située à une cinquantaine de kilomètres de Douala, dans la région du Littoral.

La gestion du coronavirus dans les prisons camerounaises demeure une question épineuse pour les autorités, qui peinent à adopter les mesures prescrites par la haute commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet. Le 25 mars, celle-ci avait appelé les pays à réduire le nombre de personnes en détention pour faire face à la pandémie.


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