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Afrique

Charles Konan Banny, ancien gouverneur de la Bceao : «Les Africains fuient les vrais problèmes de développement»

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Charles Konan Banny, ancien gouverneur de la Bceao : «Les Africains fuient les vrais problèmes de développement»

C’est comme si l’homme, comme du vin, se bonifiait avec l’âge. Son esprit, toujours acéré, n’a rien perdu de son caractère caustique. Le sens de la répartie est toujours vif, comme en éveil. Est-ce la longue pratique des chiffres, qui forme à être direct et à ne pas souvent tourner autour du pot. En tout cas, les années ne semblent pas avoir prise sur son corps et son esprit. De passage à Dakar dans le cadre des cérémonies de célébration du cinquantenaire de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest, M. Charles Konan Banny, ancien gouverneur de cette institution a été accroché par Le Quotidien. Ce fut l’occasion pour échanger avec lui sur les évolutions de la zone économique et monétaire commune, dont il a contribué par son action, à façonner le profil. M. Konan Banny n’a pas non plus rechigné à parler de sa nouvelle mission de président de la commission Vérité et réconciliation dans son pays et de la manière dont il souhaite ramener la paix et la sérénité dans les cœurs des Ivoiriens, en particulier de la classe dirigeante.

Vous êtes à Dakar pour  prendre part aux festivités célébrant le cinquantième anniversaire de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao). Cela doit être une grande satisfaction pour vous qui avez été gouverneur  et fonctionnaire de cette banque pendant des décennies ?
Oui, je reconnais que c’est avec plaisir que je me retrouve à Dakar avec les frères sénégalais. C’est avec satisfaction que j’ai retrouvé la banque, les agents et les responsables. C’est aussi avec beaucoup d’émotion que je me suis rendu compte que de manière générale, les 50 ans ont été très utiles pour nos pays. L’institution a tenu 50 ans. Je disais tantôt  que l’autre institution à laquelle je croyais  beaucoup, Air-Afrique, est née à peu près à la même époque. Donc, il faut se réjouir et rendre grâce à ceux qui ont permis que cette institution tienne autant de temps. Un élément important de la souveraineté  des Etats, le transport aérien aussi fait partie de cette souveraineté  des Etats.  Nos leaders  ou  les pères de l’indépendance  ont eu raison  de se mettre ensemble  pour  gérer ces deux éléments importants de la vie.  Comme vous l’avez dit, j’ai eu l’honneur et le privilège de consacrer à cette institution 30 ans de ma vie.  Sur 50 ans, ce n’est pas rien. Donc, dans une certaine mesure, c’est aussi le résultat de ma propre participation parce que je veux mettre en relief  le travail collectif.  Ce que je veux mettre en relief, alors que nous sommes à Dakar c’est le rôle de pionnier, de modèle que jouait le premier gouverneur  de la Banque centrale, je veux parler de Abdoulaye Fadiga dont nous étions les collaborateurs il y a 30 ans de cela. Vous avez vu que certains éléments de ces festivités lui ont été consacrés, en mémoire de fidélité et de reconnaissance.

Vous avez  longtemps vécu à Dakar, vous y avez même tissé des relations familiales, c’est dire que vous êtes attaché à cette ville…
Oui, vous le savez, j’ai passé près de 20 ans ici à Dakar donc,  je me retrouve un peu chez moi et avec plaisir.  De la même façon, les amis que j’ai laissés ici lorsqu’ils viennent à Abidjan, se retrouvent chez eux. C’est cela l’union parce que finalement, dans tout ce que l’on fait, c’est le facteur  humain qui est le plus important. Plus on tissera des liens de cette nature plus on aura la chance de faire évoluer les problèmes que nous connaissons. Donc, il faut créer  des espaces d’échanges, de discussions, de concertations.  Au niveau des responsables, il faut que nous créions des structures où l’on  partage des visions. Pour ma part, je considère que l’Uemoa est un espace  approprié pour essayer de partager des visions et mettre en place des politiques qui nous permettront d’émerger  et de devenir des pays économiquement en croissance continue et dont les populations sortiront de plus en plus de la pauvreté.

Vous avez contribué à faire de cette monnaie qu’est le franc Cfa,  une monnaie très forte. Le paradoxe est que malgré cette forte monnaie, nos économies sont très faibles. A part la Côte d’Ivoire, tous les autres Etats sont des Pma. Ne vous sentez-vous pas concerné en tant qu’ancien responsable ?
Nous sommes tous interpellés. Votre constat est juste. C’est là le dilemme. Mais enfin tout est relatif. C’est vrai que la Bceao est une institution crédible et c’est l’œuvre de la gestion des générations qui se sont succédé.  Ce n’est pas toutes les institutions africaines qui ont droit au respect, il faut le dire. C’est vrai aussi qu’elle joue le rôle de gérer la monnaie commune, instrument éminent de politique économique. Elle l’a  relativement bien joué, au sens où elle a assuré  à terme  la stabilité de la monnaie. C’est vrai aussi qu’elle a conseillé les Etats dans la mise en place de politiques macroéconomiques qui devraient permettre le développement économique. Mais, c’est vrai que cela n’a pas suffi  à faire en sorte que nous puissions apporter des réponses à l’économie dans son ensemble.  Mais avant d’arriver à cela, la Banque centrale avait déjà un rôle d’assurer la stabilité du système financier. Et dans une grande mesure, elle a réussi cela. Pour revenir à votre question, la politique monétaire ne peut pas tout faire à elle seule. C’est pour cela qu’il faut ajouter à l’union monétaire, l’union économique et monétaire, pour déterminer ensemble des politiques communes, des politiques sectorielles de développement, de formation, d’éducation, et même, de développement de secteurs agricoles. Et c’est vrai aussi que dans ce domaine, la banque a assuré le leadership. Moi qui vous parle, je me souviens qu’en 1994, le jour de la dévaluation,  c’est moi qui ai lu le communiqué concernant la mise en place, la création de l’Union économique et monétaire ouest africaine. Alors, si ce jour-là les chefs d’Etats présents ont pu signer le traité, cela signifie que ce traité était préparé bien avant. Et deux ans avant, on a réfléchi et mis en place des groupes de travail pour préparer ce traité, pour ajouter à l’union monétaire, l’union économique et monétaire pour créer un espace commun, sinon unifié. Et je pense que c’est l’une des voies. A l’époque, j’avais  qualifié la mise en place de cet espace de l’union économique et monétaire de première mesure d’accompagnement de la dévaluation et cela reste encore vrai. Si l’on veut promouvoir un espace économique, nous devons  approfondir nos politiques d’intégration au plan sectoriel. Donc oui, c’est par là que nous allons rendre les économies de l’union plus fortes encore pour qu’elles soient au niveau de la valeur de la monnaie dont vous parlez. C’est un risque d’avoir une monnaie forte qui est sur une économie faible. Mais, nos économies ne sont pas si faibles. Le désajustement n’est pas si évident. Je suis d’accord pour reconnaître avec vous que le vrai problème, c’est comment créer une économie ouest africaine qui permette de prendre en compte les problématiques qui se posent aux populations. Lutter contre la pauvreté, développer les secteurs, etc.

Dans le cadre de la politique monétaire, certains experts africains estiment  que peut-être le désarrimage  du Cfa avec l’Euro serait un élément pour avoir une politique économique plus saine ?
Je n’en suis pas si persuadé,  bien vrai que c’est possible. Il n’y a pas de remède miracle, il faut juste faire ce qu’il faut faire. Je veux dire par là qu’ils ont raison dans la mesure où, quand vous avez une monnaie convertible avec une parité fixe, vous créez une exigence et vous l’avez dit vous-même. A chaque fois, il faut que la valeur de votre monnaie soit le reflet de la valeur de l’économie. Cela veut dire que si nous voulons un arrimage qui tienne avec l’Euro, nous devons faire des politiques économiques de qualité qui vont demander plus d’efforts par rapport aux économies de la monnaie ancre. Par contre oui, peut-être que nous n’avons pas besoin de ces qualités dans la gestion. Mais, dans ma conception, rien ne doit nous  être interdit. Nous devons viser le meilleur avec nos possibilités. De deux, je pense qu’on doit de temps en temps se préserver des espaces de liberté. Tout espace de liberté lorsqu’on est dans une structure concertée, si ce n’est pas accepté par les uns et les autres, va créer des problèmes. La flexibilité, le décrochage permanent  n’est pas le remède unique. Pour parler net, il faut se garder de ce que l’on appelle, la dévaluation compétitive. Mais, je crois que ce n’est pas de ce que l’on parle, là.

Surtout quand on est faible, économiquement…
Oui. Alors, cela dit, il faut que les instruments de politique économique trouvent leur souplesse à chaque fois. Mais, ce débat n’est pas interdit. Il faut simplement  bien le poser. Il faut soutenir ces souplesses en mettant, où il faut, des éléments de souplesse dans les politiques. Ce n’est pas interdit dans le mécanisme actuel. Il n’est même pas interdit de faire des décrochages périodiques. En 1994, nous avons dévalué…
Pour  vous qui êtes technicien de la monnaie, est-ce qu’un décrochage  s’impose à l’heure actuelle ?
Non,  je ne pense pas. Mais, je voudrais que les Africains comprennent que ce n’est pas la monnaie qui résout tous les problèmes de développement. J’ai même l’impression qu’on est en train de fuir les vrais problèmes pour aller se réfugier dans la monnaie. C’est de l’illusion. Les vrais problèmes, c’est de faire les réformes structurelles, les reformes sectorielles  de développement, de développer  l’agriculture, l’énergie, de créer le marché du travail, etc. les politiques de formation. C’est cela les vrais problèmes. Si à chaque maladie vous prenez de l’aspirine, vous ne serez jamais guéri. Je souhaite que les Etats africains s’attaquent aux vrais problèmes. Et je dis que la monnaie à elle seule ne permet pas de tout résoudre. On ne peut pas exclure sa contribution mais, on ne peut pas tout reposer sur elle alors que nous-mêmes avons beaucoup d’efforts à faire  sur le plan réel. Il faut que cela entre dans l’esprit des Africains. Il  faut qu’on travaille plus.

Pour cela, il faut des investissements.
Oui !

Dernièrement, lors de son passage à Dakar, le président de la République française,  Fran­çois Hollande, a eu à interpeller la Bceao pour dire que les réserves qui sont placées à l’étranger doivent pouvoir être mieux utilisées dans le sens d’être injectées dans l’économie pour financer le développement ?
Je ne voudrais pas le juger mais j’espère qu’il n’a pas dit cela.

Si, il l’a dit !
Alors, c’est grave.  Cela voudrait dire qu’il ne connaît pas notre mécanisme. Avec tout le respect que je lui dois. Ah non ! Il ne peut pas dire ça !

Pourtant, il l’a dit et justement, cela m’a rappelé que vous vous êtes accroché avec l’ancien Président Wade sur cette question.
Exactement ! Ce n’est pas parce qu’il est président. D’abord, moi je suis plus âgé que lui  (rires). Parce que ça aussi fait partie des Africains. Le Président Houphouët Boigny disait : «Soyez brillant et ressortissant d’un petit pays, on ne vous considérera pas. Soyez autrement pour ne pas dire ressortissant d’un grand pays et on pense que vous êtes un génie.» Entre nous (rires) ! Alors, nous allons parler entre gens normaux (rires) ! Avec tout le respect que je lui dois normalement, je crois que sa langue a fourché. C’est une interprétation  techniquement erronée parce que les contreparties des réserves de change sont dans l’économie. C’est le b. a.-ba de la technique monétaire. C’est ça qui fait le crédit. Notre problème est comment développer le crédit que font les banques. Cela veut dire que la Banque centrale a les moyens de faire du crédit aux banques qui font du crédit aux entreprises. Mais encore, faut-il qu’elles fassent du crédit. Bien que de leur côté, les banques disent : «On veut bien mais, où sont les entrepreneurs ?  Où sont les entrepreneurs du secteur agricole ?» Et quand vous avez des entrepreneurs du secteur agricole, les banques vous diront, où est la politique agricole de l’Etat pour encourager le secteur ? Tout le monde sait que le secteur agricole est important pour nos économies mais, il est un secteur à risque. C’est un secteur soumis aux aléas climatiques. Quand la banque prête, il faut qu’elle s’assure qu’elle ne va pas perdre ses billets à cause de ces aléas parce que la banque n’a pas d’argent. Elle prête sur les dépôts de vous et moi, les déposants. Donc, il y a tout un environnement à créer pour les banques. S’il est fait, si les entreprises évoluent dans un environnement maîtrisé, la banque a la capacité d’accorder du crédit.
 
Si je comprends bien, Fran­çois Hollande a tout faux ?
 Je n’en sais rien ! Moi, je ne l’ai pas entendu. Mais bon, ce n’est pas parce qu’il est président de la République, qu’il a tout vrai. J’ai eu un débat sur la question avec le Président Wade. Techniquement, il savait que j’avais raison. Tous les économistes et les monétaristes le savent. Il faut savoir lire un bilan de la banque centrale, une situation monétaire. Ce n’est pas bon de vendre de l’illusion. Je suis désolé. Je ne parle pas du Président Hollande, je ne suis pas sûr qu’il ait dit cela. C’est vous qui me l’apprenez, vous en prenez la responsabilité. Mais pour vous expliquer, cela veut dire que lorsque nous vendons nos arachides, notre pétrole, nos entreprises, notre café, notre cacao et que nos exportateurs sont payés et le montant des exportations est crédité dans leurs comptes, ces entrepreneurs ont l’obligation de rapatrier leur argent. L’argent dont on parle, c’est la contrepartie de nos activités, dont  la monnaie locale a déjà été versée. On crédite votre compte à la banque et vous travaillez avec. Ce que l’on nous demande là, c’est de faire de l’émission monétaire sans contrepartie. Si on le faisait, entre nous, tout le monde sera riche. Mais si vous faites ainsi, vous remettez en cause la valeur de votre monnaie. Je l’explique autrement. Les 3000 milliards dont on parle, qui sont des réserves monétaires, disons que c’est zéro, et qu’on n’a plus rien à l’extérieur. Comment fera-t-on pour importer le riz ?
 
L’idée n’est pas de prendre toutes les réserves mais, d’en prendre une partie…
 J’explique le mécanisme. Ce n’est pas tout ou une partie. Tous les jours, on en prend lorsque vous importez du riz, du pétrole ou autre. Tous les jours, quand une entreprise importe, c’est là-dessus qu’on paie.
 
Les réserves de change ont dépassé les normes fixées
 Oui ! Alors cela ça le vrai problème ! Cela veut dire qu’en réserves de change, nous sommes très riches. Mais cela veut dire aussi qu’on est prêt à utiliser une partie de ces réserves pour financer les opérations via le crédit. C’est autant de possibilités de création monétaire à condition que ceux qui créent la monnaie, c’est-à-dire, les banques et les entreprises, fassent des activités productives qui vont nécessiter une consommation de biens d’équipement ou de consommation que nous allons payer en devises.  N’oubliez pas que c’est la banque centrale qui détient ces devises et qui paie les factures.

Parlons en profane…
Que vous êtes (rires)

…Vous avez une monnaie garantie  à l’extérieur de façon dépassant même le taux de couverture imposé. Est-ce qu’il n’y a pas nécessité de réévaluer la monnaie par rapport à son arrimage avec l’Euro ?
 Non, non ! Ce n’est pas bon ça ! La réévaluation d’une monnaie se fait par rapport à la valeur de l’économie et non pas  par rapport à la valeur de change. Quand vous avez autant de réserves de change, c’est autant de possibilités de créer de la monnaie interne via le crédit ; c’est-à-dire financer les activités. C’est ce que cela veut dire !

Le Président Macky Sall a interpellé les banques en leur disant que les taux  de crédit appliqués ici sont trop élevés
 Cela est un autre problème. Il pouvait même dire autre chose. C’est-à-dire que le volume de crédit accordé est trop faible par rapport au Pib. C’est un constat.

Que fait la banque centrale pour y remédier ?
La solution, c’est qu’il faut qu’il y ait plus d’entrepreneurs ! (Il insiste) Il faut qu’il y ait plus de projets financés par les banques. Cela aussi est l’une des difficultés. Où sont les entrepreneurs ? Ce que la banque centrale peut faire, c’est de dire, dans tel secteur, qu’elle veut faire une  discrimination positive. C’est-à-dire,  lorsque vous prenez  le secteur agricole, que les banques  qui feront du crédit aux entrepreneurs du secteur, si elles ont besoin de ressources, qu’elle les leur donne à des conditions discriminées positivement.  On l’avait fait dans le passé. Dans les années 1970/80, la banque centrale avait dit, si les banques peuvent faire du crédit aux Pme, à hauteur de 50 millions de Francs Cfa, les effets représentatifs de ces crédits faits par les banques seront refinancés totalement par la Banque centrale à un taux privilégié. Ce sont des mesures sélectives. On les avait prises mais, elles n’avaient pas bien marché parce qu’on apportait en trésorerie. Mais, cette trésorerie est souvent détournée pour faire autre chose. Donc, on en revient à la base. Il faut qu’il y ait des entrepreneurs. Il faut que les banques fassent du crédit parce qu’il y a de la marge. Et cette marge peut être appréciée par rapport au volume des réserves de change. Les réserves de change,  c’est la capacité de nos Etats à couvrir la dépense en devises induites par les opérations internes. Si vous avez une entreprise qui doit importer des machines-outils, c’est la banque centrale qui va fournir les devises.

En revanche, il y a des ban­ques qui disent qu’il faut que la banque centrale baisse son taux directeur.
 Là, vous parlez du volume de crédit. Je vous dis qu’il a une marge pour augmenter le crédit parce qu’on a des réserves pour faire face à la demande des devises. Maintenant, il y a le problème des taux débiteurs qui sont trop élevés.  Mais, la Banque centrale a changé de politique. Elle n’a plus le taux d’escompte fixe pour les débiteurs. Elle a libéralisé donc, c’est la loi de l’offre et de la demande. Les banques sont libres de fixer leurs taux, sauf à ne pas atteindre le taux de l’usure, qui est déterminé dans chaque pays de l’Union, par une loi. Donc, raisonnons en dessous du taux de l’usure. Nonobstant cela, les taux débiteurs sont trop élevés, comment faire pour les baisser ? Comme les banques ne sont plus contraintes d’emprunter à la Banque centrale  parce qu’elles ont beaucoup de liquidités, elles doivent savoir que l’argent ne doit pas coûter cher. Mais, cela n’est pas toujours le cas. La Banque centrale n’est plus contraignante, mais, elle peut faire jouer la concurrence. Donc, il faut de l’éducation économique. C’est la même chose que quand vous voulez acheter un article. Vous faites du shopping et vous  achetez là où c’est moins cher. La banque fait également le commerce de l’argent. Si elle vend trop cher, elle n’aura pas de clients. Deuxième­ment, la Banque centrale travaille à diversifier le marché financier en créant d’autres possibilités de financement, différentes du financement bancaire. Le développement des marchés des capitaux, la bourse des valeurs,  on veut de l’argent en émettant des actions, les épargnants vont souscrire. Ce n’est pas le crédit bancaire ça ! Mais, c’est un autre moyen pour avoir de l’argent.

A vous entendre parler, la demande du Président Macky Sall semble être vouée à l’échec ?
Non, je n’ai pas dit cela. Au contraire ! Les éléments que je donne plaident pour le contraire.

Mais, il n’y a pas de mécanismes de la Banque centrale pour pouvoir imposer aux banques…
Voyez-vous, ça aussi c’est une mentalité africaine. On est sortis des contraintes. Non, non, je suis désolé, les Africains sont marqués par le travail forcé, la chicotte et les contraintes. Ils ne sont pas capables de comprendre qu’aujourd’hui, nous sommes dans une période de liberté. Ils refusent la liberté. C’est important ce que je dis là. Philosophiquement, nous sommes marqués par la période des contraintes. Donc, contrôlons les prix du riz, du pétrole, du gaz. Fixons a priori, sans aucune base et puis contrôlons que ces décisions administratives (Il détache bien les syllabes), sont respectées. Ça s’appelle du communisme.

Une idéologie à laquelle vous n’adhérez pas.
Non ! Parce qu’elle est inefficace. Il n’y en a plus d’ailleurs. Tout à l’heure, j’écoutais une émission et il y a quelqu’un qui a écrit un livre sur la Chine, dont j’ai retenu une phrase où l’on disait qu’il y a plus de communisme en France qu’en Chine. (Rires) Quand quelque chose a échoué, il faut l’admettre. Est-ce que les Russes sont communistes ? Vous connaissez l’importance du parti communiste en Russie ?  Le communisme, c’est ce que je vous ai dit là. C’est une idéologie mais moi, je vois aussi son application sur le plan économique, son efficacité et ça n’a pas marché. Cela ne veut pas dire que le tout libéral a marché.  C’est pour cela qu’il faut encadrer. Donc, je n’ai pas dit que ce que le Président Macky Sall a dit est voué à l’échec. J’ai dit que primo, l’observation est juste. Secundo, les mécanismes sont là et que chaque acteur doit comprendre et jouer son rôle. Il faut un patriotisme aussi et chacun doit comprendre son intérêt. Je reviens à cela. Si vous faites jouer la concurrence, s’il y a une banque qui vend cher le crédit, que les consommateurs le savent et la quittent, je vous parie en mille qu’elle va changer.

Considérez-vous que la prolifération des banques…
Ce n’est pas la prolifération. Ce mot est un  peu péjoratif. Disons plutôt le nombre ou le développement parce qu’il y a un problème de sous-bancarisation dans notre région. Ça participe aussi à la concurrence. Si vous avez deux, trois ou quatre banques qui contrôlent, ça s’appelle de l’oligopole. Donc, elles font ce qu’elles veulent. On connaît un peu ça ici. Mais, s’il y a plusieurs banques, plusieurs acteurs, la concurrence est là. Ce sont là des mécanismes universels et ça se démontre dans la vie courante. Il faut multiplier les sources de financement. L’inclusion financière, c’est aussi de créer d’autres institutions, comme la microfinance. Tous ces éléments, mis ensemble et appliqués de manière civique, nous permettront de venir à bout de ces problèmes. Sinon, la solution c’est effectivement de revenir au contrôle.



13 Commentaires

  1. Auteur

    Tef

    En Novembre, 2012 (14:30 PM)
    HA BON? :cry: 
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  2. Auteur

    Caporal Chef Diedhiou

    En Novembre, 2012 (14:33 PM)
    Les africains sont allergique au developpement de leur

    continent.Ils adorent la quemande et la mendicite de leurs

    freres et soeurs.Tous ceux qui tentent de travailler honne

    tement seront assassines sauvagement.Vive la sauvagerie.

     :down:  :tala-sylla:  :tala-sylla:  :tala-sylla:  :tala-sylla:  :tala-sylla:  :tala-sylla: 
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    Auteur

    Doff

    En Novembre, 2012 (15:14 PM)
    Les africains ne fuient pas les vrais problèmes de développement, ils les vivent. C'est le vent des grandes puissances qui les pompent et les soufflent les empêchant ainsi de s'accrocher à la voie du développement.
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    Auteur

    Xama Xam

    En Novembre, 2012 (15:50 PM)
    (...la Banque centrale travaille à diversifier le marché financier en créant d’autres possibilités de financement, différentes du financement bancaire. Le développement des marchés des capitaux, la bourse des valeurs, on veut de l’argent en émettant des actions, les épargnants vont souscrire. Ce n’est pas le crédit bancaire ça ! Mais, c’est un autre moyen pour avoir de l’argent.)

    Ce rethorique est obsolete et incongrue, dans le contexte de la rarete de la liquidite dans les mains des futurs entrepreneurs qu'il y'a lieu de se desole de africains de la vielle garde. Quand est-ce que on se mettre a quatre poser les problemes simplement et les par l'action et non par la parlotte. Je suis desabuse.
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    Auteur

    Xama Xam

    En Novembre, 2012 (15:52 PM)
    ...les resoudre...autant pour moi
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    Auteur

    Jean

    En Novembre, 2012 (15:58 PM)




    Durant son entretien avec Charles Konan Bani ex gouverneur de la

    bceao, Alassane Samba Diop a occulté une question que tout le monde attendait: sur les 16 milliards de Habré

    f cfa de l(afrique centale ) que Abdoul Mbaye avait converti en Fcfa (Afrique de l'ouest) avec la complicité de la BCEAO

    .































































    h
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    Auteur

    Xam

    En Novembre, 2012 (16:09 PM)
    Pourquoi ne pas oeuvrer pour vraie unité de l'Afrique afin de sauvegarder nos pactoles ?



    Je pense que nous avons les hommes qu'il faut puisque l'homme blanc a réussi à réunir des pierres en inventant le ciment.
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    Auteur

    Madouma

    En Novembre, 2012 (16:12 PM)
    MME ET MR voici la génération qui nous a sacrifié. Tous ces pp douvent être mis aux oubliettes. Le modèle qu'ils nous ont servi depuis 50 ans ne ménera à rien. Cela ne fait aucun doute. Avons nous réellement une approche du développement efficace? Risque t'on pas d'aller droit au mûr? .......mille et une question à poser......et à résoudre.



    La lumière qui devait arriver de l'occident n'arriva jamais. Peut être qu'il faudra que l'on s'inspire de l'ORient.



    kham!!!!!!





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    Auteur

    Bv

    En Novembre, 2012 (16:26 PM)
    pire encore Alassane samba Diop décide de changé son Invité Charles

    konan Banny initialement prévu sur la TFM, au profit de Souleymane Jules Diop,ministre conseiller de macky sall. Cette manoeuvre ressemble à une tentative de traitement partisan, pour tirer d'affaire ses amis de l'APR, qui mal en point durant ces temps qui courent.
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    Auteur

    Momo

    En Novembre, 2012 (16:29 PM)
    @CAPORAL CHEF DIEDHIOU



    QU'EST CE QUE TU CHERCHE A DÉMONTRER PAR TON DISCOUR HAINEUX LÀ.



    NE PENSES TU PAS QUE C'EST L'IMPERIALISME QUI S'ÉVIT TJRS.
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    Auteur

    Web

    En Novembre, 2012 (20:00 PM)
    Comment peut-on se developper si on ne controle pas sa propre monnaie?Le franc CFA n'apparient pas aux pays africains.Il appartient a la France.Et on veut me faire croire que le Senegal est un pays independant.
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    Auteur

    Ouinouslepouvons

    En Novembre, 2012 (21:45 PM)
    2. Nous disposons d'une réserve de change de 3000 milliards qui dépasse les normes fixées.



    Situation A : pour nos transactions, nous les utilisons presque entièrement pour payer les factures des entreprises africaines qui paient en devises des biens d'équipement.

    Situation B : depuis un certain temps, il y a un delta (par exemple 1000 milliards) qui n'est jamais utilisé parce qu'il n'y a pas assez d'entreprises (donc d'entrepreneurs) africaines qui paient des factures en devises.



    Telle que j'ai compris la réponse sur les réserve qui ont dépensé les normes fixées.

    La BCEAO est plutôt dans la situation B. Dans ce cas, la gestion de sa réserve n'est pas rentable pour les pays membres parce que ces 1000 milliards (de l'exemple qui dorment ?) pourraient être injecter dans l'économies d'un pays membre et

    financer une infrastructure précise A (autoroutes, centrales d'énergie, ...). Au lieu de celà, ce pays, pour cet infrastructure va devoir aller emprunter de l'argent chez des bailleurs financiers à des taux probablement moins intéressants.

    Il n'est même pas exclut que les bailleurs utilisent en partie les 1000 milliards de la BCEAO (parce que j'imagine mal que l'entité au dessus de la BCEAO laisse cet argent dormir dans ces comptes).

    Il apparaît juste à travers cet exemple que la réserve pourrait être gérée de façon plus optimale.



    Le delta (1000 milliards) pourraient aussi être utilisés pour baisser les taux d'intérêts et faciliter le financement d'entrepreneurs ou constituer une sorte de garantie pour des entrepreneurs qui n'ont pas de biens à hypothéquer.



    En résumé, il faudrait trouver un moyen pour que la monnaie africains favorise plus la création d'un vrai marché africain en incitant à la consommation locale (consommation africaine qui nécessite donc une production africaine).

    Maintenant, je n'aborde même pas les réflexions liées à la souveraineté monétaire ...

    Juste pour donner mon point de vue.

    Ba beneen

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    Auteur

    Jamilo

    En Novembre, 2012 (05:25 AM)
    A defaut de pouvoir contribuer a baisser le taux d'interet sur l'argent prete aux entrepreneurs, la bceao est assez credible pour mettre en place un mecanisme pour permettre aux etats de se financer a des taux raisonnables au lieu d'emettre les obligations a 7%, c'est insense. Les economies faites par les etats pourraient etre injectees dans les economies locales sous formes de baisse d'impots ou de programmes sociaux. La bourse regionale ne joue pas son role ce sont les Banques paresseuses qui se retrouvent la bas pour preter aux etats irresponsables. On parle toujours du secteur agricole mais il y a le secteur immobilier qui n'est pas trop risqué, peut être financer a des taux d'interet tres bas.

    Le gouvernement de macky sall doit prendre l'argent disponible a la caisse de depot et consignation pour creer une Societe d'hypotheque et de logement qui assure les prets immobiliers a hauteur de 20%. Les Banques ne vont courir un grand risque et pourront preter a des taux preferentiels. Cette Societe sera meme rentable pour l'etat a terme
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