Côte d'Ivoire : Hôtel du Golf contre palais présidentiel

La communauté internationale, à l'exception notamment de la Russie, est très claire : à ses yeux, le président de la Côte d'Ivoire est bien Alassane Ouattara. L'ONU, les Etats-Unis, l'Union européenne, l'Union africaine et hier la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest ont exhorté Laurent Gbagbo à céder le pouvoir sans délai. Pourtant, le pays a toujours deux présidents, deux Premiers ministres et deux gouvernements. Reportage à l'Hôtel du Golf, à Abidjan, siège d'Alassane Ouattara et de son gouvernement. 

Sécurité renforcée à l’hôtel du Golfe. Quatre blindés de l’ONUCI sont postés à l’entrée et des vigiles filtrent désormais les arrivées. Pas la peine de demander une chambre à la réception, ce quatre étoiles est complet depuis plusieurs jours. Le hall a des allures de salle des pas perdus, où l’on croise des militants, des courtisans, des soldats des Forces Nouvelles, des casques bleus et des caciques du RHDP.

Hier, dans une salle de réception, Alassane Ouattara, accompagné de son Premier ministre Guillaume Soro et d’une partie de son gouvernement, a délivré à des dizaines d’élus locaux et nationaux un message de patience et de mobilisation.

Pendant ce temps, Laurent Gbagbo lui, s’installe, mise sur un retour à la normalité et sur la lassitude de la communauté internationale.

« Nous épuisons tous les recours diplomatiques »

A première vue, les pensionnaires de l’hôtel du Golfe pourraient paraître distancés, mais contrairement aux apparences, ils travaillent pour circonscrire les actions du camp d’en face. Selon plusieurs proches d’Alassane Ouattara, la stratégie actuelle est de reprendre, parcelle par parcelle, des pans de l’administration : préfets, militaires ou ambassadeurs.

Quant à l’hypothèse d’un coup de force pour prendre le Palais présidentiel, elle ne serait pas encore d’actualité. « Nous épuisons tous les recours diplomatiques, avant d’envisager cette ultime solution », explique un membre éminent de ce gouvernement.

Youn-jin Choi réière le soutien de l'ONU à Alassane Ouattara

Pendant ce temps à Abidjan, Youn-jin Choi, représentant spécial de l'ONU, a donné une conférence de presse ce mercredi matin, pour confirmer qu'il reconnaît la victoire d’Alassane Ouattara. Devant les journalistes et un parterre de diplomates, Youn-jin Choi est venu rappeler tout d’abord que pour lui il n’y a qu’un seul vainqueur de l’élection présidentielle, et c’est, sans conteste, Alassane Ouattara. Réfutant toute partialité ou volonté d’ingérence dans les affaires ivoiriennes, le patron de l’Onuci a déclaré « qu’il n’y a aucune raison d’être dans la confusion, car la vérité est connue et indéniablement claire». Le deuxième objectif de ce point de presse de Youn-jin Choi, était de présenter les trois méthodes qui ont permis de certifier la victoire d’Alassane Ouattara.

La première méthode consistait à obtenir les tendances le plus tôt possible. Pour ce faire, 721 fonctionnaires de l’Onuci ont été déployés dans des bureaux de vote et ont communiqué le 28 au soir les résultats au siège de l’Onuci. La seconde méthode était de recueillir les résultats des votes à partir des dix-neuf commissions électorales régionales. Enfin, la troisième méthode de certification, consistait à examiner les 20 000 procès verbaux, transmis par la Commission Electorale Indépendante. D’après Youn-jin Choi, ces trois méthodes ont permis d’obtenir des résultats presque identiques, et à chaque fois, Alassane Ouattara était en tête. Reste maintenant une inconnue: comment transformer cette « victoire dans les urnes » en réalité matérielle. Pour le patron de l’Onuci, la priorité aujourd’hui est d’éviter toute violence.

Pour le camp de Laurent Gbagbo, la position ne change pas. Pas question de reconnaître une victoire d'Alassane Ouattara. Pas question non plus de céder aux pression de internationale, notamment de l'ONU et de l'Union européenne.