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Des rebelles FDLR déposent les armes au Kivu : reddition ou communication ?

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Des rebelles FDLR déposent les armes au Kivu : reddition ou communication ?
Depuis la fin des années 2000, les rebelles des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) terrorisent les populations du Nord-Kivu. Mais le mouvement, qui se trouve dans le viseur de la communauté internationale et de l’armée congolaise, semble s’essouffler. Une centaine de rebelles ont choisi de déposer les armes dans la région de Walikale, dans l’est du Congo. Un début de reddition qui peine toutefois à convaincre.
 
Cette reddition avait été annoncée dès le 18 avril par les FDLR, mouvement constitué de rebelles hutus rwandais [voir en bas de l’article pour plus de détails]. Le groupe avait affirmé dans un communiqué vouloir stopper la lutte armée pour "se consacrer à la lutte politique au Rwanda". Une décision saluée par l’ONU et l’Union africaine qui ont insisté sur une reddition totale du mouvement.

Sur le lieu de reddition, j’ai été très surpris de ne compter qu’une centaine d’hommes. Les FDLR n’avaient pas donné le nombre de personnes qui allaient se rendre, mais on pouvait espérer en voir davantage déposer les armes [dans la zone, le nombre de rebelles FDLR est estimé à environ 1 000 sur un total de 2 000 dans les régions du Nord et du Sud-Kivu, NDLR]. Ils étaient tous habillés en civils, mais la cérémonie avait des allures militaires : ils étaient en ligne et au garde-à-vous. Puis, ils ont déposé plusieurs dizaines d’armes, des Ak47, des mortiers et des colts, dont un tiers était en très mauvais état. Certains avaient des inscriptions comme "propriété du gouvernement des États-Unis" .
Ceux qui se sont rendus semblaient très sereins, on n’avait pas l’impression d’assister à un mouvement en échec militaire, qui dépose les armes. Sur les 105 soldats, il y a même huit officiers qui sont repartis dans la nature. Certains ont expliqué vouloir retourner en brousse pour "sensibiliser d’autres FDLR à la reddition" ou encore "cultiver leur champs". Et on les a laissés partir.
Autour, beaucoup d’habitants dansaient et chantaient. C’est un vrai soulagement pour eux. Les rebelles n’ont pas hésité, durant ces dernières années, à piller les champs des habitants, et à mener des exactions. Certaines filles du village m’ont affirmé avoir été violées. Ces éclats de joie avaient l’air de gêner les porte-parole des FDLR qui sont venus à plusieurs reprises leur parler en swahili [langue parlée dans l’est de la RD Congo] pour leur demander de se tenir. Beaucoup d’habitants n’ont d’ailleurs pas voulu témoigner au micro, me faisant comprendre qu’ils craignaient d’éventuelles représailles.
 
D’autres m’ont affirmé qu’il y avait moins de pillages et un changement de comportement chez les FDLR depuis quelques mois. Selon le directeur de l’école du village, des rebelles venaient même dans ses cours pour se perfectionner en français. Si les FDLR veulent effectivement lancer un mouvement politique comme ils l’affirment, le fait qu’ils essaient de vouloir apprendre une langue internationale comme le français n’est pas très étonnant.
Un trompe l’œil pour la communauté internationale ?

Les FDLR sont, à l’origine, un groupe d'exilés rwandais hutus dissident opposé au gouvernement de Kigali. Nombre d’entre eux sont accusés par l’ONU d’avoir participé au génocide des Tutsis durant la guerre civile au Rwanda.
 
Réfugiés dans l'est de la RDC depuis 1994, le groupe est accusé de graves exactions contre les civils congolais.
En mars, l’ONU et l’armée congolaise ont lancé un ultimatum aux rebelles, demandant leur désarmement.Très affaiblis, notamment à cause des sanctions internationales qui viseraient plusieurs de ses sources de financement, le mouvement a négocié la reddition des "ex-combattants importants" contre des garanties sécuritaires et a dit vouloir se consacrer à la "lutte politique". De son côté, Kigali refuse de dialoguer avec la rébellion, dont un des piliers Sylvestre Mudacumura, recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour génocide, n’a jamais été arrêté.
Cette reddition était la première d’une phase censée durer 22 jours et devant se terminer par l’installation de 1 400 rebelles dans la province de congolaise de l'Équateur, à 2 000 kilomètres à l’ouest du Kivu. Les anciens FDLR décideront ensuite "de retourner au Rwanda ou de demander l’asile", a expliqué Julien Paluku, le gouverneur du Nord-Kivu, à "Jeune Afrique".
 
Selon lui, la RDC veut éloigner les FDLR de la frontière rwandaise pour éviter que ces derniers ne s’échappent ou que la RDC soit accusée de les "entraîner pour mener une éventuelle attaque" comme cela a été le cas par le passé. Des précautions qui n’ont cependant pas convaincu la société civile du Nord-Kivu, et notamment son vice-président, Omar Kavota :
 

Les FDLR tentent une opération de communication pour montrer leur bonne foi et échapper à la traque que voulaient lancer l’ONU et les militaires congolais, en cas d’échec de l’ultimatum. Mais si on prend en compte le nombre de combattants et d’armes qui circulent dans la région de Walikale, cette première phase de reddition est très insuffisante.
 
Les activités des FDLR restent très importantes dans le parc Virunga et dans la région du Rutshuru. À Mashuta, nous avons même constaté la création d’une milice locale qui se fait appeler Force pour la protection du peuple Hutu dont on ne connaît pas encore l’objectif. Nous craignons que les FDLR infiltrent ces milices locales. Officiellement, ils n’existeraient plus en tant que FDLR aux yeux de la communauté internationale, mais en réalité, ils continueraient leurs activités.
 
 
Lundi 2 juin, la Monusco a estimé "insignifiant" le nombre de combattants désarmés et réclamé une "reddition de tous les hauts gradés dans les prochains jours".
 



1 Commentaires

  1. Auteur

    Rwand

    En Juin, 2014 (21:24 PM)
    RDC ce n'est pas la Casamance.  :-D 
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