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Afrique

Emmanuel Macron en Tunisie : « Un modèle démocratique dans le monde arabe »

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Mohamed Ennaceur, président de l'Assemblée des représentants du peuple, reçoit le président ferançais Emmanuel Macron, le 1er février à Tunis.

Arrivé mercredi 31 janvier en Tunisie pour sa seconde visite d’État, Emmanuel Macron a affiché sa volonté de remettre en selle la coopération franco-tunisienne. Après avoir rencontré son homologue tunisien Béji Caïd Essebsi, le président français a délivré ce jeudi un discours très attendu devant l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP).

C’est main dans la main que le président français, Emmanuel Macron et le président tunisien, Béji Caïd Essebsi sont entrés au palais de Carthage pour le coup d’envoi d’une visite d’État aux allures de marathon. Une manière de manifester une convergence de points de vue avant de prendre la parole. De part et d’autres les messages sont clairs : la relation entre les deux pays est séculaire.

« Si vous échouez, nous échouons »

Béji Caïd Essebsi a exprimé sa reconnaissance à la France pour son soutien lors du classement, en décembre 2017, de la Tunisie parmi les paradis fiscaux par l’Union européenne : « Nous sommes deux pays qui peuvent compter l’un sur l’autre dans les moments difficiles ».

Il a également confirmé la position de la Tunisie sur la question palestinienne et l’urgence à résoudre le conflit libyen. Emmanuel Macron a de son côté affirmé l’ancrage méditerranéen de la Tunisie, exprimé le soutien de la France à cette démocratie et lié les destins des deux pays : « Si vous échouez, nous échouons. »

Après avoir souligné que les difficultés de la Tunisie sont essentiellement économiques, le président français a précisé que « des réformes douloureuses s’imposent, pour que la Tunisie soit un véritable pôle d’attractivité ».

De 2016 à 2020, l’aide de la France à la relance de la Tunisie s’élève à 1,2 milliard d’euros assortie de 500 millions supplémentaires sur 2020-2022. Emmanuel Macron a confirmé l’Agence française de développement (AFD) comme vis-à-vis officiel dans la gestion des soutiens apportés.

Feuille de route

Emmanuel Macron et Béji Caïd Essebsi, à Tunis lors de la visite du président français, le 31 janvier 2018.

Quatre feuilles de route, dont les grandes lignes avaient été définies lors de la visite en octobre 2017 du Premier ministre français Édouard Philippe, définissent la nouvelle coopération entre les deux pays. Sécurité, lutte contre le terrorisme et la migration clandestine sont un premier objectif commun.

Suivent un programme de 30 millions d’euros pour la relance des investissements, la création d’un fond de 50 millions d’euros destiné à soutenir les entreprises et les initiatives des jeunes, un soutien apporté à la formation des jeunes et enfin une rénovation des relations culturelles.

Sécurité, soutien à l’économie et à la jeunesse sont les pierres angulaires au programme  du nouveau couple tuniso-français ; les mêmes lignes directrices que celles de l’Union européenne pour la Tunisie. La signature de huit accords dont un avenant à la convention sur la reconversion de la dette en projets de développement sans que son montant ne soit spécifié et la création d’une université franco-tunisienne pour l’Afrique et la Méditerranée IFTAM, précise ces axes.

Sécurité, lutte anti-terrorisme et éducation

Cette visite est également un temps fort pour le gouvernement tunisien, qui gagne en visibilité où, du moins, en profite pour spécifier ses positions notamment sur la situation économique et la répression des dernières manifestations début janvier.

« En plus de la sécurisation de nos frontières et de la lutte contre le terrorisme, nous mettons en place une stratégie basée sur l’éducation et la culture », explique le Chef du gouvernement, Youssef Chahed interviewé par France 24.

Dans l’après midi, il a eu une rencontre avec le président Macron et une importante délégation française où, encore une fois, il a été question de sécurité.

Une Assemblée désertée par les partis de gauche

L’Assemblée tunisienne des Représentants du Peuple lors de l’inauguration du nouveau Parlement le 2 décembre 2014. 

Ce jeudi 1er février, Emmanuel Macron a placé les ambitions de la France pour la Tunisie, le monde arabe et le Maghreb au cœur de son discours très attendu devant l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).

Le moment était solennel. La « macronmania » n’a pas atteint l’ARP. Depuis le perchoir de l’ARP – honneur auquel n’a pas eu droit le président turc Recep Tayyip Erdogan lors de sa visite officielle en décembre 2017 -, Emmanuel Macron a entamé son grand oral devant, essentiellement, les députés de Nidaa Tounes et d’Ennahda, ainsi que des représentants du corps diplomatique. Les partis de la gauche tunisienne avaient boudé l’hémicycle.

L’Europe et les États-Unis ont une responsabilité dans l’affaire libyenne

Le chef d’État français a souligné l’importance des institutions et d’une société civile agissante comme indispensable bouclier démocratique dans le monde arabe et insisté sur la nécessité pour l’individu arabe de reprendre son destin en main, pour échapper à ce que l’historien libanais Samir Kassir qualifie de « malheur arabe ».

Tout en faisant la distinction entre jihadisme et islam politique, le président français a souligné à plusieurs reprises que la situation libyenne doit trouver une issue rapide et a dit reconnaître la responsabilité des pays occidentaux dans l’instabilité que connait le pays depuis 2011 : « L’Europe et les États-Unis ont une responsabilité dans l’affaire libyenne. » Un aveu qui suscite un malaise dans les rangs des ambassadeurs.

Soutenir les jeunes pour lutter contre le terrorisme et l’émigration

À propos de la Tunisie – «  modèle démocratique dans le monde arabe, qu’il faut soutenir, car c’est un espoir et un laboratoire pour toute la région » -, Emmanuel Macron souhaite renouveler la relation entre les deux pays et contribuer à relever les défis auxquels la Tunisie se trouve confrontée.

S’il accorde une place au volet politique, à la gouvernance et aux régions, il affirme aussi apporter l’appui de la France en matière économique, mettant notamment en avant des soutiens financiers pour le développement de secteurs innovants.

Au centre de la nouvelle politique d’Emmanuel Macron en Tunisie : offrir des opportunités aux jeunes avec un appui aux projets et la création d’une université franco-tunisienne pour l’Afrique et la méditerranée, plateforme de formation et d’éducation au rayonnement régional ; une institution qui pourrait rivaliser avec les universités américaines du Caire et de Beyrouth.

Des actions qui, avec l’implication du secteur privé, participent à la lutte contre le terrorisme et à freiner l’émigration.

Mais, tandis qu’Emmanuel Macron disait devant les députés de l’ARP miser sur l’éducation en Tunisie, les établissements d’enseignements français en Tunisie ont fait grève, pour protester contre les restrictions budgétaires qui leur sont imposées par le gouvernement français.

Le président français n’oublie pas le 50ème sommet de la Francophonie, qui se tiendra en Tunisie en 2020, et installe des Alliances françaises pour remettre en selle la langue française, utile et nécessaire à l’employabilité des jeunes.

« Un continuum Europe-Méditerranée-Afrique »

Ces grandes lignes avaient été annoncées lors de la conférence de presse donnée par les présidents tunisien et français à l’issue de leur rencontre du 31 janvier.

« Son message était surtout adressé aux pays arabes ; pour ce qui est de la Tunisie, son discours, sans être nouveau, nous encourage à nous mettre sérieusement au travail en étant innovants ; c’est la clé du succès », précise un élu, tandis que l’économiste Ezzedine Saïdane estime que « l’essentiel est la mise en application de toutes ces décisions ».

Cette stratégie française s’étend au Maghreb, qu’Emmanuel Macron approche comme « un continuum Europe-Méditerranée-Afrique et un grand espace de prospérité partagée.  Il a également exprimé la même volonté de promouvoir les échanges, la mobilité, l’éducation, la formation et mise encore une fois sur les jeunes. Tiendra-t-il le même discours à Dakar, où il se rend le 2 février ?



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