L'armée promet un pouvoir civil élu au peuple qui fête la chute de Moubarak

L'armée égyptienne, chargée des affaires du pays depuis la démissiondu président Hosni Moubarak, a promis hier une « transition pacifique » vers « un pouvoir civil élu » et s'est engagée à respecter les traités internationaux signés par l'Égypte (lire ci-dessous). Dans le même temps, les Égyptiens continuaient à fêter la chute du raïs, tombé la veille sous la pression de la rue après trois décennies au pouvoir.

Le conseil suprême des forces armées a également annoncé que le gouvernement nommé quelques jours avant son départ par M. Moubarak resterait en place provisoirement pour assurer la gestion des affaires courantes, une tâche que l'armée ne veut manifestement pas assumer. Sa première réunion est d'ailleurs programmée aujour-d'hui pour définir les efforts visant à assurer les produits alimentaires de base aux citoyens ainsi que la sécurité et la stabilité. La communauté internationale a multiplié les appels à une évolution démocratique du pays et à un retour à un pouvoir civil répondant aux voeux des manifestants qui ont poussé M. Moubarak au départ.

La place TahrirnettoyéeQuelques milliers d'Égyptiens euphoriques étaient toujours rassemblés hier place Tahrir au Caire, épicentre de la révolte. L'armée commençait à enlever barricades et barbelés autour de la place, et de nombreux civils, armés de balais et de sacs, avaient entrepris un grand nettoyage de la place. Des grues enlevaient aussi les carcasses de voitures brûlées, rappels des violents affrontements entre forces de l'ordre et manifestants, puis entre pro et anti-Moubarak, au cours de cette révolte qui a fait au moins 300 morts, selon l'ONU et l'organisation Human Rights Watch.« C'est la fête », a lancé Oussama Taoufik Saadallah, 40 ans. 

« C'est la fin de l'injustice ! Nous étions en retard par rapport à d'autres pays, maintenant, nous avons une valeur aux yeux de l'étranger, du monde arabe ».La presse gouvernementale égyptienne, jusqu'alors soutien sans faille du régime, saluait la « Révolution des jeunes ». Malgré l'euphorie et l'incertitude, la vie reprenait son cours. Le couvre-feu a été allégé, la bourse du Caire, fermée depuis le 27 janvier, doit rouvrir mercredi. Alors que la situation intérieure se détend, l'armée, créditée pour sa retenue et sa discipline - contrairement à la police - compte sur sa bonne image au sein de la population pour stabiliser le pays. L'opposant égyptien Mohamed e-Baradeï, prix Nobel de la Paix, avait même estimé que l'armée devait « sauver le pays maintenant » après le dernier discours jeudi soir de M. Moubarak, qui n'avait montré aucune intention de démissionner.

Le ministère français des Affaires étrangères a indiqué hier que les Français ayant quitté l'Égypte ces dernières semaines pouvaient « préparer leur retour », tout en conseillant aux touristes de reporter leur voyage « afin de s'assurer que les évolutions actuelles se confirment »